En fin d’année 2019, le ministère de l’Habitat avait lancé une campagne de régularisation du secteur immobilier. Dès janvier 2020, tout  «agent immobilier» devait obligatoirement détenir une carte professionnelle afin de procéder à des transactions immobilières en République gabonaise. Cette prescription est-elle respectée ?

Qu’en est-il aujourd’hui de la démarche engagée par le ministère de l’Habitat au regard du foisonnement des «démarcheurs» dans la cité ? © D.R.

 

Les professionnels exerçants dans le secteur de l’immobilier au Gabon devraient désormais se munir d’une autorisation d’exercer pour pouvoir mener leurs activités. L’annonce était du ministère de l’Habitat et du Logement qui ambitionnait de réguler ce secteur afin de protéger le consommateur. Près d’un an après cette annonce, force est de constater que les choses n’ont pas évolué d’un iota. Les démarcheurs, se passant pour des agents immobiliers, écument toujours les rues de Libreville, proposant des maisons à louer ou à vendre, sans aucun document validant leur activité.

En cette fin d’année, soit un an après le lancement de cette initiative, «combien de professionnels dudit secteur ont-ils été enrôlés ? Le pourcentage des commissions a-t-il été homologué ? Quelles mesures disciplinaires ont été envisagées pour punir les réfractaires ? Pourquoi le ministère ne communique –t-il pas sur les avancées ou les blocages de cette initiative ?». Telles sont les questions que se posent les consommateurs au regard du foisonnement des démarcheurs dans les rues de Libreville.

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«Je suis surpris de voir encore les gens publier des annonces des biens immobiliers en indiquant 50% de frais sur la valeur locative et 2 000 francs CFA voire 5 000 francs CFA pour la visite», s’indignait un observateur sur un réseau social. Par la même occasion, il se demande si les promoteurs de telles offres faisaient partie d’une agence immobilière légalement constituée ou qu’ils opéraient en tant que professionnel indépendant avec un statut régularisé.

Cet observateur assure que «l’argent que le Gabon cherche désespérément auprès des institutions internationales, il le gagnerait en régularisant le secteur immobilier». «Certains bailleurs et démarcheurs sont sans foi ni loi. Chacun fixe ses prix comme bon lui semble pourtant personne ne paie aucune taxe à l’Etat».

En effet, le secteur est laissé à la merci des mercenaires car, «aujourd’hui, trouver un studio d’un standing moyen à 100 000 francs CFA est rare pour ne pas dire impossible. À cela s’ajoute les 50% du démarcheur dont le seul travail se résume à publier les annonces et de montrer où se trouve la porte, la fenêtre, la salle de bain, etc. », fait remarquer un autre observateur.

La nature ayant horreur du vide, un réseau d’arnaque s’est développé autour de cette activité qui nourrit bien son homme. «Je suis démarcheur depuis trois ans. C’est avec ce travail que je vis et je fais vivre ma petite famille», a expliqué un jeune démarcheur du 6e arrondissement. Il n’a aucune formation, aucun document l’autorisant à exercer. Pour ne pas moisir dans le chômage, il s’est investi dans ce secteur en suivant l’exemple de l’un de ses amis. «Aujourd’hui, je ne vis que de cette activité», a-t-il déclaré. Ce dernier a reconnu que quelque fois, il sait que la maison ne sera pas du goût du client, mais il la propose quand même pour percevoir ses frais de visite.

Il reste donc au ministère de l’habitat de faire respecter les dispositions légales prévues par la loi n°006 du 9 août 2017 portant réglementation de la profession d’agent immobilier en République gabonaise. Ceci d’autant plus que «ces actes tolérés par les autorités compétentes constituent un frein à l’épanouissement des agences immobilières légalement constituées et labellisées qui paient des taxes et impôts à l’Etat».

 
GR
 

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