La nomination de l’ancien chef d’état-major général des armées comme président du conseil d’administration de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) soulève son lot de questions.

Le général Bibaye Itandas, alors qu’il était chef d’état-major général des Forces armées gabonaises. Le vaudeville administratif entourant sa nomination comme PCA de l’ANPN nuit à l’image de la Grande muette, censée symboliser la loi et l’ordre. © Gabonactu.com

 

Toujours la même désinvolture, le même je-m’en-foutisme, le même mélange des genres. Sans avoir préalablement été désigné administrateur, sans s’assurer de la compatibilité avec son statut actuel, un général de corps d’armée a été nommé président du conseil d’administration de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN). Auguste Roger Bibaye Itandas est censé remplacer Etienne Massard Kabinda Makaga, président du Comité de gestion de l’ANPN depuis janvier 2008. Comment est-on passé de comité de gestion à conseil d’administration ? Quel ministère le nouveau président représentera-t-il ? Quand et par quelle autorité a-t-il été nommé administrateur ? Comme toutes les nominations effectuées à l’ANPN depuis une dizaine d’années, celle-là soulève aussi son lot de questions.

Entre autisme et incurie

Certains parleront de pinailleries juridico-administratives. Mais, un militaire digne de ce statut ne transige ni avec l’esprit ni avec la lettre des textes. A maints égards, cette nomination en rajoute au climat de confusion et d’exaspération observé au ministère des Forêts et dans les établissements sous tutelle. A grand renfort de références aux textes, le Syndicat national des professionnels des Eaux et forêts (Synapef) a déjà eu à déplorer «des pratiques contraires à l’orthodoxie». Dénonçant des «dysfonctionnements répétés» tout en disant ne plus vouloir s’accommoder d’une «gestion approximative» et de «vices de procédures», il a notamment exigé l’«annulation (…) des nominations illégales intervenues lors des conseils des ministres du 05 décembre 2019, du 31 janvier et du 08 mai 2020

Avec la nomination d’Auguste Roger Bibaye Itandas, tout se passe comme si personne n’a jamais rien dit ou dénoncé. Pourtant, s’adressant au Conseil d’État il y a quelques semaines, Brainforest et le Centre d’action pour le développement durable et l’environnement (Cadde) avaient cherché à comprendre «comment des personnalités nommées en violation des textes législatifs et réglementaires auraient l’autorité morale et administrative (…) pour faire appliquer la loi.» Entre autisme et incurie, le gouvernement fait montre d’un ahurissant entêtement. Nomination après nomination, la loi n° 003/2007 du 27 août 2007 relative aux parcs nationaux comme le décret n° 00019/PR/MEF du 9 janvier 2008 fixant les statuts de l’Agence nationale des parcs nationaux sont systématiquement violés, particulièrement sur deux points : les modalités de sélection des impétrants et, les intitulés des organes de gouvernance ou fonctions à pourvoir.

Militarisation des parcs nationaux

Comme toujours, la nomination du président du conseil d’administration de l’ANPN s’est faite en violation des procédures. Nulle part, il n’est fait mention de l’identité de son prédécesseur. A aucun moment, on ne parle de l’organe actuellement en place, à savoir le Comité de gestion. Du coup, les précédents actes administratifs courent toujours. Il en résulte une situation inextricable, l’ANPN se retrouvant avec deux instances délibératives : un comité de gestion prévu par les textes et dirigé par Etienne Massard Kabinda Makaga et, un conseil d’administration fictif, s’appuyant sur son seul président. Tout simplement surréaliste ! Mettant en scène un ancien chef d’état-major général, ce vaudeville administratif nuit à l’image de la Grande muette, censée symboliser la loi et l’ordre. Comment un des plus hauts gradés de notre armée s’est-il retrouvé impliqué dans une basse opération de manipulation juridico-administrative? Pourquoi l’avoir mêlé à ce cafouillage mille fois dénoncé ? De notoriété publique, l’ANPN évolue en marge voire en violation de la loi, au gré des humeurs et intérêts de personnalités connues de tous. Auguste Roger Bibaye Itandas ne le savait-il pas ?

La désignation du président du conseil d’administration de l’ANPN suscite bien des réserves. Sur la reconversion des généraux à la retraite, sur le prestige de l’armée comme sur ses rapports au reste de la société, elle invite à la remise en cause. Sur la capacité du secrétariat général du gouvernement ou du Conseil d’Etat à faire respecter les règles et procédures, elle appelle réflexion. Nécessaire et urgente, cette évaluation peut prévenir des déconvenues à venir. Au vu du contexte, la nomination d’Auguste Roger Bibaye Itandas est la faute administrative et politique de trop. Si ce choix traduit une militarisation des parcs nationaux, il ne règle en rien la question du statut juridique des agents en charge de la lutte anti-braconnage. Dans le flou actuel, il expose même le pays à un risque majeur : la délégation des missions de police et de protection de pans entiers du territoire national aux partenaires internationaux de l’ANPN avec… l’aval d’un ancien chef d’état-major général.

 
GR
 

9 Commentaires

  1. Ho chi minh dit :

    Comment vont ils le payer,dans quelle ligne budgétaire, puisque la fonction n’existe pas.Comment l’ancien chef d’état major des FAG s’est fait entuber comme un enfant , l’autre hypothèse serait qu’il a une mentalité de pdegiste qui consiste à dire: »la loi on s’en fout, seul notre goût prononcé pour le pécule importe ».Malheureusement les clameurs annonçant le crépuscule nous parviennent dans l’indifférence(le Titanic).

  2. Maganga Octave dit :

    Qu’est-ce qui vous étonne ? En tant que chef d’état major, il a accepté que des mercenaires viennent tuer ses compatriotes en 2016. Là, il va accaparer que des britanniques, des américains, sans mandat de l’État gabonais, dictent leur loi sur 10% du pays. Un ancien chef d’état major qui se fait mener à la barbe par un aventurier comme Lee White, au point de lui servir de bouche-trou. Ses petits frères réclament leur statut paramilitaire, lui, il n’est intéressé que par le gain. Après, vous vous demandez pourquoi le pays va qi mal… Quand tu penses qu’ il a dirigé l’armée et que tu le vois se mêler et cautionner n’importe quoi, tu te dis que le Gabon est vraiment livré à lui-même… On survit avec la grâce de Dieu, des gens comme ça ne seront jamais capables de défendre ce pays, ses intérêts et ceux de son peuple

  3. messowomekewo dit :

    Qu’est ce qui vous étonne là, ces hauts gradés d’une armée clanique, ne sont que des saoulards que la mafia qui s’est accaparée notre pays a promus pour justement continuer leurs basses besognes.pendant ce temps, les vrais militaires sont brimés quand on ne les ignore pas tout simplement.Quand vous observez l »armée gabonaise »d’aujourd’hui,avez-vous le sentiment que ces gens peuvent vraiment se sacrifier pour le pays; pour coller à leur slogah »vaincre ou périr, la patrie ou la mort »?

  4. Nzigou dit :

    Général d’opérette. Militaire sans honneur, sans dignité, sans rigueur, sans patriotisme, juste intéressé par des miettes… Rideau !!!

  5. Bibang Serge dit :

    Que ce soit Bibaye, Lee White, Julien Nkoghe Bekale ou Ali Bongo, tous ceux qui ont participé à cette nomination font honte… Si Bibaye est un homme, il doit refuser. Qui imagine Colin Powell ou Pierre de Villiers se faire nommer aujourd’hui PCA de l’agence des parcs américains ou de l »Office français des forêts ? Surtout en violation de la loi. Qui imagine ça ? En Angleterre, une telle idée ne serait jamais passée par là tête de Lee White. D’abord comment aurait il fait pour approcher un général de ce niveau ? Après vous vous demandez pourquoi les Blancs ne respectent pas les Noirs…. Avec des généraux aussi légers, tout est permis au premier menteur venu…. Triste pour le Gabon et son armée

    • Feross Ekwiley dit :

      Oh que si! Devant l’argent toute reconversion  »professionnelle » devient possible.En outre c’est  » avoir honte » mr Bibang? Quelle en est la forme?C’est l’effet qui symbolise la dangerosité de la situation évoquée?

  6. GPS dit :

    Vous condamner l’homme, mais êtes vous sûr que dans ce pays toutes les personnes nommées en conseil des ministres sont consultées au préalable ? Le cas d’un syndicaliste nommé récemment conseiller en est l’exemple.

    • Giap EFFAYONG dit :

      Vous semblez ignorer que dans l’armée gabonaise il n’ya jamais eu de généraux dignes de ce nom.L’armée gabonaise n’est pas opérationnelle et très peu de militaires sont capables de se servir d’un mortier de 120mm.

      • JAMES DE MAKOKOU dit :

        NON Monsieur EFFAYONG, je ne suis pas d’accord avec vous, Il y a eu un qui était un vrai des vrais Militaire, sortie de la polytechnique de St-Cyr.. il nous a malheureusement quitté et il etait a Makokou comme chef et il a dirigé en plus une force Africaine en Centrafrique ou au Tchad.. Il etait la bête noire du Pere OMAR BONGO, tellement il lui faisait peur.. et d’ailleurs, il a essayé de le supprimer a plusieurs reprises avant de se rentre compte, qu’il avait du potentiel..mais il etait du Nord, je crois de BITAM si je ne me trompe pas.
        LUI IL ETAIT UN MILLITAIRE COMPLET, sauf qu’il est devenu ami avec le biafrai.. et c’est d’ailleurs, je pense que c’est eux qui l’on supprimé juste avant les elections de 2016.. Car ils avaient peur de lui.
        C’est d’ailleurs, lui qui en 2009, bien qu’il avait choisi son camp Ali9 mais il a fait en sorte que le QG d’André Mba ne soit pas attaqueé comme ils l’ont fait pour celui de Ping..
        Oui, C’était un enfant du Pays, il etait un vrai compatriote et il l’a fait comprendre d’ailleurs a Accrombesi dans les locaux du bord de mer..et c’est d’ailleurs ce qui a conduit a son empoisonnement lente comme ils savent bien le faire.
        C’est lui qui était le chef de BIBAYE ! Ah! Pauvre Bibaye.. Je ne sais pas s’il a été consulté pour y accepté ce poste et so c’est vraiment le cas! Le General qui son predecesseur parti de ce Monde devrait se retourner 1000 x dans sa tombe pour trahison de son Corps professionnel, Un General de sa trappe ne peut pas se rabattre a ce niveau.. et surtout quend on sait que c’est le General Lee White qui devient son parton, ( un anglais qui devient son patron dans son propre pays..C’est inadmissible mon cher BiBAYE.. S’il vous plait ne decender pas plus bas que cela.. L’esclavagisme devrait s’arrêter là !! QUAND MEME MON GENERAL!!!
        Il est ou l’orgueil des saint-Cyrien ????? la droiture ?? L’autre est partie pour avoir baisser la garde en voulant être fidele a un ami qui n’en etait qu’un veritable enemi de ce pays..la preuve il lui a tout miroité pour mieux l’abattre comme son pere n’y avait pas reussi lui il l’a fait avec l’aide d’Accrombesi et les seydou kane..Liban..Mais au moins lui il etait un vrai st-cyrien et il manque a ce pays.. Certes il a été corrompu, mais une fois et ils savaient tous et toi aussi que cela ne pouvait pas se repeter la deuxieme fois d’ou son empoisonnement ..
        Moi depuis ma ville natale, je reconnais son patriotisme, il fut ami a grande soeur et j’aimais discuté de notre pays avec lui et surtout lorsqu’on allait a la chasse et je me rappel de notre bagarre en forêt avec un gorille..
        RIP mon General le vrai.

Poster un commentaire