Les accusant presque d’avoir fait du blanchiment en recevant l’argent du clan Bongo sans en vérifier l’origine, l’association Sherpa annonce se constituer partie civile dans le procès lié à l’affaire dite des «biens mal acquis» dans l’objectif de dénoncer le peu de vigilance des intermédiaires financiers, dont BNP Paribas.   

Dans l’affaire dite des «biens mal acquis» des Bongo, BNP Paribas a été mise en examen, le 11 mai 2021. La banque conteste sa responsabilité. © D.R.

 

Regroupant une équipe de juristes militants, qui utilisent le droit comme outil pour lutter contre l’impunité liée à la mondialisation des échanges économiques et financiers, et pour défendre les victimes de crimes économiques, Sherpa s’invite dans le volet gabonais de l’affaire dite des «biens mal acquis» du clan Bongo en France. L’association annonce se constituer partie civile en prélude au procès qui devrait avoir lieu l’année prochaine, d’autant que le juge chargé du dossier a bouclé ses enquêtes. Elle souhaite interroger la responsabilité des intermédiaires financiers, parmi lesquels BNP Paribas. Le 11 mai 2021, la banque française a été mise en examen pour blanchiment de fonds publics, en raison de son rôle présumé dans le blanchiment de fonds d’origine gabonaise, détournés par l’ancienne famille régnante du Gabon. Elle n’a pas cessé de contester sa responsabilité.

«Ce sera l’occasion pour Sherpa de reclasser sur le devant de la scène la nécessité pour les banques d’être plus vigilantes par rapport à l’origine des fonds qu’elles reçoivent. Cela passe évidemment par une remise à niveau de la législation anti-blanchiment. Aujourd’hui, on a du blanchiment en matière de cryptomonnaie, on a une diversification des personnes qui aident au blanchiment de la corruption et, évidemment, Sherpa en profitera pour rappeler ces revendications en la matière», justifie Jean-Philippe Foegle chez nos confrères de RFI.

Chargé du contentieux et du plaidoyer au sein de l’association fondée en 2001, il explique en effet que, «dans l’affaire en cause, on soupçonne que la banque a manqué à ses obligations de vigilance en ne vérifiant pas l’origine des fonds qui provenaient d’Atelier 74, une entreprise fictive créée par le clan Bongo pour blanchir l’argent issu de la corruption au Gabon sur le territoire français»

Plusieurs membres de la famille d’Omar Bongo, décédé en 2009, sont soupçonnés d’avoir acquis avec l’argent de la corruption un important patrimoine immobilier en France. Un patrimoine évalué à 85 millions d’euros, soit près de 56 milliards de francs CFA. 15 ans après l’ouverture de l’affaire, beaucoup attendent de voir la suite.

 

 
GR
 

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