Blaise Louembé, le Ministre de la Communication, de l’Économie Numérique et de la Poste a échangé ce lundi à Libreville avec les représentants de la presse écrite du pays dans le sens de l’harmonisation des rapports entre le ministère et ses organes de presse.

Liberté presse Gabon

 

Annoncé comme une rencontre en vue de la recherche de l’objectif gagnant – gagnant entre les deux parties, cette séance de travail entre le ministre et les représentants de ces média a été orientée sur les questions d’éthique, de formation, de déontologie, de subvention, ainsi que de l’ambition de faire du Gabon un pays où il y a pluralisme, indépendance et liberté de la presse.

«Nous nous sommes engagé à accompagner les organes de presse dans cette liberté», a déclaré le ministre Blaise Louembé qui a vite fait de relever par ailleurs que «Cela passe par la vérification des informations, la qualité de celles-ci». Ce d’autant que «l’objectif étant de faire asseoir dans notre pays une véritable presse libre, diversifiée et qui respecte l’éthique et la déontologie».

Le ministre de la Communication qui était accompagné du ministre délégué, Françoise Assengone Obame a reconnu également la difficulté d’accès à l’information et donc à ses sources.

Pour lui donc, il est «vrai que les organes de presse ont quelques problèmes pour accéder à l’information et surtout à la vérifier».

«C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, nous avons retenu une façon de travailler simple. Et très vite, des instructions seront données afin que chaque organe de presse puisse au moins avoir un correspondant dans chaque ministère pour respecter les délais de diffusion et toujours avoir la bonne information, au bon moment», a-t-il soutenu.

Revenant à l’autre problème majeur de cette réunion, notamment celui de la subvention destinée à la presse en vue de la soutenir dans sa nécessaire quête de performance qui passe par la formation et l’acquisition de matériel de pointe, le Ministre de la communication s’est engagé à organiser des séminaires de formation à l’endroit du quatrième pouvoir. Quant à la subvention, une commission bipartite (ministère et médias) sera certainement mise à l’œuvre pour déterminer les critères qui devront définir les conditions d’éligibilité à cette manne.

La commission, pilotée par Monique Ondo Mvé, Secrétaire Général Adjoint du ministère de la Communication, de la poste et de l’Économie numérique, devra rendre des résultats (nombre de parution, régularité, nombre de pages) qui seront analysés par un logiciel. Lequel déterminera in fine, le montant attribué à chaque organe.

Facilitation ou contrôle de la presse ?

Reste que cette intervention ressemble fort à une volonté de contrôle des médias et de l’information, plus qu’à un désir sincère d’accroître la liberté d’information et la formation des journalistes. D’autant plus lorsque la carotte de la subvention est amenée en fin de discussion… Il est difficile de croire que des personnes choisies par le gouvernement pour diffuser « la bonne information, au bon moment » soient autre chose que des responsables de communication, ce qui est fort éloigné d’une source d’information indépendante.

Dans un pays ou communication et information sont confondues, la presse a en effet beaucoup de difficultés à disposer de sources fiables et indépendantes. Plus encore à se rassurer que ses enquêtes ne seront pas transformées en délit de « diffamation » ou de « diffusion de fausse information » dès lors qu’elles seront publiées comme cela est déjà arrivé dans le passé, au Gabon comme dans le reste du monde. Mais quand le ministre chargé de l’information réunit la presse pour lui proposer une information rapide, forcément filtrée et organisée, et d’avoir « un correspondant dans chaque ministère« , on peut légitimement douter de l’indépendance de ce correspondant et de la neutralité de l’information proposée.

Enfin, la question qui se pose avec insistance est celle du rôle du CNC dans cette proposition. Les journalistes préférant rechercher eux-mêmes leurs sources, publiant des informations différentes de celles officiellement proposées par les ministères, seront-ils libres de le faire sans crainte de mesures de rétorsion ou devront-ils continuer à utiliser des pseudonymes pour ne pas être inquiétés ? Devront-ils passer par ces « correspondants » pour poser leurs questions au ministre ou auront-ils la liberté de les poser directement et face à face, sans accord préalable sur les questions à poser et sans censure ? Loin de nous l’idée de faire un procès d’intention, mais il faut reconnaître que la teneur de cette rencontre est plus inquiétante que rassurante pour la presse indépendante.

 

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GR
 

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