Placée en détention préventive à la prison centrale de Libreville, Aurélie Ntoutoume est finalement poursuivie pour le détournement de la somme de 200 millions de francs CFA décaissée dans le cadre d’un marché pour la construction des plateaux sportifs dans un lycée de Lastoursville. Dans cette interview accordée à Gabonreview, son avocat, Me Albert Bikalou, estime qu’«il s’agit simplement d’une mauvaise exécution d’un marché qui ne lui est même pas imputable».

Aurélie Ntoutoume est finalement poursuivie pour n’avoir pas exécuté à 100% le marché de Lastourville. © D.R.

Gabonreview : Depuis le début de cette affaire, vous avez dénoncé une espèce d’amalgame entretenu pour régler des comptes à votre cliente. Que lui reproche-t-on réellement ?

Albert Bikalou : Plusieurs journaux se sont accordés à présenter cette dame (Ndlr. Aurélie Ntoutoume) comme une prédatrice des finances publiques. Des sommes astronomiques qu’elle aurait reçues pour l’exécution des marchés publics qu’elle n’aurait apparemment pas réalisés ont été avancées. On a entendu 8 milliards puis c’est descendu à 5, après 4 milliards. Tout cela a été entretenu savamment pendant plusieurs jours et dans plusieurs journaux.

Votre cliente a été placée en détention préventive. Ce qui suppose que vous avez finalement accédé au dossier. Quels sont les chefs d’accusation retenus contre elle ?

Oui j’ai effectivement accédé au dossier. Elle a été dépeinte comme le diable, mais la montagne a finalement accouché d’une souris puisqu’il ne s’agit plus de ces sommes mirobolantes. Il s’agit simplement d’une mauvaise exécution d’un marché qui ne lui est même pas imputable. Elle a obtenu une avance de démarrage pour l’exécution d’un marché à Lastoursville où elle devait construire des plateaux sportifs dans un lycée de la place. Elle a commencé les travaux. Le chantier a été exécuté à 40%. Le département ministériel qui lui avait accordé ce marché lui avait demandé de remonter à Libreville pour exécuter d’autres travaux à l’UOB où la barrière de l’Université était tombée du côté de Pleine Oréty, et où des étudiants s’étaient mis en grève parce qu’un automobiliste avait renversé mortellement l’un de leur collègue. En urgence, il fallait installer des dos-d’âne sur la voie principale pour ralentir les automobilistes. On l’a dérouté, en lui disant de venir travailler à Libreville parce qu’il y avait urgence.

Était-elle la seule opératrice économique capable de réaliser ces travaux à Libreville ?

L’État ne pouvait pas financer ce type de travaux. Tous les opérateurs qui avaient été contactés à Libreville pour le faire avaient refusé. Ils disaient que s’ils travaillaient, l’État ne paierait pas d’autant plus que l’État sollicitait un préfinancement des entreprises. Le ministre (Ndlr. Séraphin Moundounga) avait pensé que, comme on lui (Ndlr. Aurélie Ntoutoume) avait déjà donné 200 millions de francs CFA pour le marché de Lastoursville, elle pourrait se rendre à Libreville pour d’autres travaux. Donc, elle est revenue à Libreville et a exécuté les travaux de l’UOB avec la même enveloppe. Si elle a commis une faute, ce n’est pas de son fait. C’est le coordonnateur du marché qui lui avait demandé de venir à Libreville et elle a dû se plier à cette injonction. Si on lui reproche d’avoir utilisé la même enveloppe, il reste que le travail qui a été exécuté à Libreville n’a jamais été payé. Elle devait l’honorer avec quoi ? Elle a été obligée de piocher ce qui lui restait sur le marché de Lastoursville pour pouvoir exécuter celui de Libreville. Ce n’est que ça, et il n’y a rien d’autre. Même si le principe de non-affectation existe en finances publiques, on doit pouvoir faire preuve d’honnêteté.

Sur la base de ce qui est reproché à votre cliente, quelle peut être la durée de la peine qu’elle pourrait purger ?

Je ne peux rien vous dire, car pour le moment nous entendons la défendre bec et ongles. On a même offert de terminer le chantier de Lastoursville si tant est que cela pose problème. Mais ça n’a pas infléchi la décision du juge. Et pourtant, le Code prévoit que celui qui rembourse, en l’espèce il s’agit de l’exécution d’un marché public, doit se voir appliquer des mesures d’admonestation. On ne peut pas garder quelqu’un pour ça !

Elle a été gardée à vue puis placée en détention préventive. La procédure a-t-elle été respectée ?

Le parquet a eu des réquisitions. Ils ont versé des informations et c’est au niveau du juge d’instruction qu’on a appris qu’elle devait être placée sous mandat de dépôt pour les faits qui ont été énoncés. Il y a eu également l’histoire d’un véhicule 607 que son ancien compagnon avait déposé chez elle et dont elle n’a jamais fait usage. On l’accuse d’avoir détourné ce bien public alors que ce bien se trouve dans un garage. Il était parti chez elle parce qu’il était en panne et elle n’en a pas fait usage. On a été présenté au parquet puis on est allé à l’instruction et ils ont ouvert une information. Mais quand on regarde pour la poursuite de l’information, je ne pense pas qu’il était utile de la garder dans les liens de la prévention, d’autant plus que le marché dont on parle est vieux de 10 ans et les personnes qui ont œuvré à l’attribution de ce marché sont connues. Elle n’était pas préposée à l’administration. Elle était gérante de sa propre entreprise. Si jamais le juge était convaincu qu’il y a détournement, le juge pouvait l’entendre en lui permettant de vivre chez elle avec ses enfants.

Pensez-vous que ceux qui, selon vous, ont tenté d’instrumentaliser cette affaire vont peser sur son issue ?

Nous le craignons. Manifestement il y en a qui tirent grand bénéfice qu’elle soit placée sous l’éteignoir.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Mintsa Medzo dit :

    @ Mr. Bikalou
    Vous ètes vraiment trop « bon », trop spécial. Vous prenez les gabonais pour des patates de Moabi.
    Vous faites « trop bien » votre travail de défense en voulant déculpabilsier cette dame.
    Donc madame, nommée Ntoutoume, avait ete la seule operatrice economique valable dans ce Gabon-ci pour pouvoir construire une barrière tombée de l’université ! Vous prenez des gens pour des macabos !
    Les arguments congrenus que vous avancez font plus de la confusion et à la limite pourraient enerver le juge d’instruction de ce dossier et aggraver la sentence de votre cliente.
    A votre place, je me tairai, pour ne pas empirer la situation de la dame qui est vraiment une predatrice professionnelle des finances publiques du Gabon.

    • Pahouin dit :

      On dirait que vous faites le procès du procès alors qu’il n’a même pas commencé.
      Vous donnez des gens déjà coupables sans les avoir jugé.
      J’espère que vous ne serez jamais impliqué dans une procédure de justice autrement vous comprendrez ce que l’article tente de faire comprendre à l’opinion.
      Vous êtes un mangé comme on dit chez nous.
      Sinon patate et macabos ne seront pas dans votre champ lexical.
      Laissez la justice faire son travail.
      Idem pour les hommes en robe

  2. Lavue dit :

    Regardez cette dame. Elle en a tout l’air. L’air d’une « bandite ». Je me trompe peut-être, mais c’est connu, tous les voyous quand on les appréhende, ils jouent toujours les victimes, évoque l’acharnement gratuit. Mais pour quelle autre raison lui en voudrait-on? S’il y a d’autres raisons c’est le moment de les évoquer de manière claire . Il faut reconnaître que les détournements des deniers publics au Gabon sont presque un sport national. Pendant longtemps il suffisait simplement d’être en position de détourner. Avant les récentes opérations « mamba » et « scorpion » personne dans le cercle du pouvoir et de la haute administration ne craignait de sanctions. La seule sanction était d’être démis de la fonction ou du poste qu’on occupe. Peut-on penser que cette manière de faire pouvait être dissuasive, bien sûr que non. Le mal est tellement profond que « mamba » n’a même pas dissuader Laccruche et sa bande. Maintenant qu’on veut changer les choses, il faut laisser la justice essayer de travailler afin d’endiguer ce fléau, qui empêche aux gabonais de faire des efforts pour le développement du pays et le mine profondément. Des Interviews unilatérales (sans contradictions) comme celle présentée n’ont aucun sens dans ce genre d’affaires. Faut laisser la justice faire son job. Le but n’est pas d’emprisonner n’importe qui, mais de mettre hors d’état de nuire tous ces délinquants financiers. Alors pas d’interview bidon, croyons à un début de changement et laissons la justice faire son travail. C’est le peu d’espoir qui reste au peuple démuni et spolié.

  3. Pahouin dit :

    On dirait que vous faites le procès du procès alors qu’il n’a même pas commencé.
    Vous donnez des gens déjà coupables sans les avoir jugé.
    J’espère que vous ne serez jamais impliqué dans une procédure de justice autrement vous comprendrez ce que l’article tente de faire comprendre à l’opinion.
    Vous êtes un mangé comme on dit chez nous.
    Sinon patate et macabos ne seront pas dans votre champ lexical.
    Laissez la justice faire son travail.
    Idem pour les hommes en robe

    • Mezzah dit :

      @ Pahouin,

      Le confiance que le peuple a envers les fonctionnaires qui disent la loi est est fondamentale. Dans le cas du Gabon il y a une rupture, les faits étant malheureusement têtus.
      Il ne s’agit pas ici de condamner Mme avant que la justice ne se soit prononcée, mais d’admettre clairement que cette justice est à géométrie variable. Pour reprendre La Fontaine « selon que vous serez puissant ou misérable Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir ». La justice au Gabon a franchi un nouveau cap puisque certains juges sont eux mêmes corrompus. Il suffit pour cela de voir leur train de vie qui ne ressemble pas du tout au train de vie des fonctionnaires de catégorie A1.
      C’est un toilettage complet qu’il faut au Gabon. L’exaspération du peuple est telle qu’on n’en est pas loin aujourd’hui.
      Qui vivra verra.

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