Alors que l’aventure de BGFIBank au Bénin où elle s’est implantée en 2010 a démarré sur les chapeaux de roues, cette banque va perdre cette année pas moins d 15 milliards de francs CFA. Un choix pas très efficient de manager et un manque d’accompagnement en seraient les principales causes.  

Benoit Zannou, directeur général de BGFIBank au Bénin, lors d'une soirée - © D.R.

Ancien de Continental Bank-Bénin (CBB) et d’Ecobank-Mali, Benoit Zannou pourrait créer la controverse autour de l’image conquérante que la BGFIBank a engrangée avec sa longue série d’implantations hors de son berceau gabonais. Septuagénaire de nationalité Béninoise, Benoit Zanoou a eu le bonheur d’être coopté comme directeur général de BGFIBank Bénin, 6e pays où le groupe est implanté, après le Gabon, le Congo, la Guinée Équatoriale, la France et Madagascar.

La succursale qui lui a échu a pour siège l’agence Centaurus de Guinkomey à Cotonou. Elle a été dotée à l’ouverture d’un capital social de 10 milliards de francs CFA et s’est fait remarquer en réalisant un total bilan de 104 milliards FCFA et un portefeuille de 7 449 clients en 2011. Une prouesse d’ensemble qui ne devra pas faire oublier que Sieur Zannou a réalisé, dès les premiers mois, une belle opération de 17 milliards pour le financement de la campagne cotonnière 2010-2011 en tant que banquier principal.

Ces beaux résultats n’ont cependant pas tardé à tourner à l’aigre, la BGFIBank Bénin ayant enregistré, dès la deuxième année, plus 15 milliards FCFA de perte. Un trou indubitablement imputable aux choix de l’homme qui  a présidé à l’implantation  de cette succursale : Henri-Claude Oyima.

Dans le milieu des affaires béninois, il se raconte en effet que le patron gabonais a littéralement donné carte blanche  à Benoit Zannou concernant l’organisation, la stratégie de développement et le recrutement. Les procédures et normes  qui sont la clef du succès de BGFI n’auront donc pas été appliquées à Cotonou, Libreville ayant lésiné sur l’accompagnement et- le suivi qui auraient permis d’inculquer l’esprit BGFI à son nouveau démembrement. Il se raconte, par exemple, que de bien belles ont été vécues par certaines jeunes dames au moment du recrutement. Au terme du processus, seuls deux anciens étaient là pour encadrer le formatage de la nouvelle entité : le Gabonais Patrice Ndiaye Kassangoye, directeur général adjoint, et le Congolais Étienne Makosso, directeur des opérations. Le reste des postes de responsabilité (directeur de l’audit, directeur comptable, directeur informatique, responsable des engagements, etc.) étaient trustés par des locaux non-initiés aux normes BGFI.

On a, par exemple, noté une certaine précipitation concernant le développement d’un réseau d’agences de proximité, aménagées selon des standards non conformes à ceux de Libreville mais présentés comme un nouveau concept : les points de vente BGFIBank. Neuf agences en tout ont été créées dont les marchés ont été attribués le plus souvent par copinage, sans appel d’offres, aux sous-traitants (aménagements, décoration, matériel informatique et bureautique, télécommunications et réseaux divers, etc.) Un maillage sur le territoire béninois qui n’était pas urgent et qui a coûté la bagatelle de 3 milliards de francs CFA à la banque. Ces procédures peu orthodoxe d’attributions des marchés auraient permis, soutiennent des sources internes de la banque, au directeur général et au comptable de s’en mettre plein les poches tandis qu’après avoir  monté de sociétés écrans pour bénéficier des marchés créés par BGFI, le directeur informatique a démissionné.

Cerise sur le gâteau, l’attribution de crédits s’est littéralement transformée en foire. Des hommes politiques, des hommes d’affaires, des commerçants de toutes tailles, des amis et parents ont bénéficié de crédits dont on ne retrouve parfois plus les dossiers. On compte également des bénéficiaires introuvables ou des comptes abandonnés après avoir été vidés. Selon les sources, les pertes oscillent entre 15 et 20 milliards de francs CFA.

Alors que les deux anciens du groupe, Étienne Makosso et Patrice Ndiaye Kassangoye, tiraient la sonnette d’alarme, ils n’ont pas été écoutés à Libreville. Ni par Brice Laccruche Alihanga, directeur général de BGFIBank, ni par Henri-Claude Oyima, ex-ADG désormais P-DG. Il se raconte que celui-ci était obnubilé par Benoit Zannou et son de background dans le milieu bancaire sous-régional d’Afrique de l’Ouest. L’aventure comporte des aléas, le Bénin n’est pas la Guinée Équatoriale ou Madagascar et dans la ruée vers l’or il faut éviter l’euphorie et l’angélisme.

 
GR
 

12 Commentaires

  1. Le Petit-Fils de la Veuve dit :

    1.D’abord comment comprendre qu’on nomme un bébinois au Bénin? La bonne pratique dans ce genre d’organisation veut que le dirigeant d’une succursale, afin de minimiser les risques de collusion, copinage, pression politique et pesanteurs culturelles, ne soit pas un local.

    2. Une banque bénéficiaire après la première année d’exercice (RN positif), fait absolument curieux, doit emener à sinterroger sur d’autres indicateurs de gestion (y’a til eu investissement? RN/FP? RN/TB? DSCR? et surtout le ratio plus gros engagement sur total crédit)

    3. Enfin quelle erreur de débutant de faire fi des procédures standard du groupe pour BGFI Benin, et de lever le pied sur l’audit et controle pour la holding.

    4. ceci dit, 15 milliards de perte pour BGFI c’est quoi? l’argent des biscuits ou du gouter.

  2. Yves dit :

    L’article parle de « normes BGFI » qui n’auraient pas été respectées! Mais pardi, la BGFI a quelles normes? Il ne faut quand même pas rêver. Cette banque est spécialisée dans l’opacité financière. Personne ne peut vous expliquer exactement comment cette banque fait ses bénéfices et de la même manière, personne ne saurait vous dire d’où viennent ses pertes. C’est une banque mafieuse et bien des « affaires » l’on démontré.

  3. Eloi ANKAMA dit :

    Non c’est l’argent des gateaux farine!!!!!!

  4. from benin dit :

    une banque qui fait du chiffre à sa première année n’a rien d’exceptionnel dans un pays où l’investissement privé est particulièrement dynamique et le coup de maïtre réalisé par Monsieur ZANNOU pour la campagne cotonnière y est aussi pour quelque chose.
    Après BGFI=Opacité en effet. J’ai du mal à croire que tous les investissements dont on parle ont été faits sans l’accord du siège vu qu’il s’agit de montant quand même important.
    Le siège du groupe BGFI est comme le dit Hollande: chef de tout et responsable de rien. Même quand il s’agit de faire tomber des têtes.
    Pitoyable…

  5. from benin dit :

    PETITE PRECISION: Le siège du groupe BGFI est comme le dit Hollande de Sarkozy: chef de tout et responsable de rien.

  6. Abdoul EL HADJ dit :

    Les procédures et leur respect constituent pour une banque ce qu’est le sang pour l’homme. C’est fondamental.

  7. Jos de Cotonou dit :

    Oui c’est vrai on parle de procédures! Mais sachez que quand on parle de stratégie de lancement d’une banque, il n’y en a pas un millier: soit vous attaquez le marché au lancement avec les risques de casse à gérer soit vous allez au rythme du marché en faisant du risque la priorité. Mais je crois que compte tenu de l’environnement concurrentiel et des objectifs fixés par Holding, le manager a opté pour la 1ère stratégie. C’est vrai que l’accompagnement a manqué de la même Holding! Sinon, sur la même place, il y a eu une grande banque qui a aussi fait une très belle percée au lancement pour devenir en 3 ans, 3ème sur une place qui disposait d’une dizaine de banque! Après elle a provisionné environ 6 milliards (cela n’a pas fait vent comme BGFI) et a remis la banque sur les rails de la gestion des risques. Aujourd’hui, même si elle a un peu régressé, la stratégie de lancement aura permis de donner une grande visibilité à cette dernière.
    Non arrêtons de dire du n’importe quoi: ceux qui écrivent doivent savoir que nous sommes dans le domaine bancaire et il ne sert à rien de déverser des informations non fondées sur le Net juste pour salir l’image. Non, ceux dont on parle d’anciens qui ont tiré une sonnette d’alarme étaient où alors qu’ils participaient aux réunions et donnaient leurs avis, partageaient les points de vue. Et allez y voir, ils se sont beaucoup sucé aussi je vous l’avoue. On en sait beaucoup et certainement, chacun va répondre en son temps. Même au niveau de BGFI Gabon et de la Holding, des personnalités pas des moindres, ont eu des accointances avec des clients et on sait ce qu’il en est.
    Enfin, quand on parle de perte, c’est quoi? Des provisions sur créances qu’on constitue soit même exprès pour montrer que çà ne va pas? Mais les clients sont là et les créances ne sont pas irrécouvrables car il y a des méthodes de recouvrement.
    D’ailleurs, j’ai l’impression que dans le groupe BGFI, il y a plus d’incompétents que de vrais banquiers sinon BGFIBank Bénin n’en serait pas là aujourd’hui.
    C’est certainement un règlement de compte au sein même du Groupe! Quel dommage pour une si belle aventure qui aurait pu faire école car les autres banques étaient déjà bouleversées sur la place!
    Et puis à part le Gabon, le Congo et la Guinée Equatoriale où la banque a su tisser les relations avec l’Etat au sommet, dites moi quelle autre filiale de BGFI qui a eu un résultat excédentaire avant le Bénin. Arrêtez donc çà!

  8. Martin Modou dit :

    BGFI à des procédures !! une blague !

  9. Martin Modou dit :

    Il ne faut pas aussi oublier que le crédit lyonnais s’est cassé les dents au Bénin il fut une époque, et là on parler d’un banque qui a des procédures, pas n’importe quoi.

  10. Anus dit :

    BGFI-Bank c’est vraiment du n’importe quoi. Une banque mafieuse par principe.

  11. Anus dit :

    Et puis les pertes. Si on connaît d’où ça vient c’est recouvrable quand même.

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