Le rôle des transfuges du camp Ping et la désignation de membres de la majorité pour le compte de l’opposition pourraient raviver bien des tensions ou en provoquer d’autres.
Aperçu du bureau du Comité ad hoc chargé de préparer l’organisation du dialogue politique : de gauche à doite, Faustin boukoubi (PDG), Emmanuel Issoze Ngondet (Premier ministre – PDG) et René Ndemezo’o Obiang (DN, opposition modérée). © Gabon Matin
 
En politique, le dialogue est un outil. Généralement, il débouche sur des compromis. Habituellement, il permet de décrisper l’atmosphère. Mais parfois, il donne lieu à des compromissions. Quelquefois, il se solde par des tensions voire des déchirures. Les organisateurs du dialogue politique voulu par Ali Bongo pourraient bien en faire la douloureuse expérience. Au sortir de ce rendez-vous, ils pourraient avoir la gueule de bois : le constat d’une société divisée comme jamais auparavant pourrait s’imposer à eux. En 1990, la volonté de tourner le dos au monolithisme politique avait servi de levier. Elle avait permis de dépasser les contradictions, ouvrant la voie à la pacification de la société. Dans la même veine, en 1994, le réalisme politique avait favorisé la prise en compte des blocs idéologiques et forces politiques, permettant ainsi de vider le contentieux né de la présidentielle contestée du 5 décembre 1993.
Conjuration contre Jean Ping et ses soutiens
Annoncé pour le 28 du mois courant, le dialogue politique voulu par Ali Bongo risque bien de produire l’effet contraire. En scindant les travaux en deux sessions distinctes, il donne le sentiment de vouloir isoler les forces politiques, histoire de créer les conditions propices aux arrangements d’arrière-boutique. En surfant avant tout sur les contradictions internes au camp Ping, il tend à gratter les plaies au lieu de les cautériser. En ouvrant grandement les bras aux dissidents de formations politiques établies, il apparaît comme un facteur de division et non de réconciliation. Déjà, René Ndemezo’o Obiang y joue les premiers rôles, comme si son implication dans la dernière présidentielle n’était pas liée à ses accointances politiques d’alors. Le ministre en charge du Dialogue politique se vante, lui, de la participation de «factions» prétendument issues de partis de l’opposition, comme si le gouvernement encourageait désormais les manquements aux textes. Pendant ce temps, le comité interministériel de préparation de ces assises revendique l’enregistrement de «près de 887 associations et/ou groupes», comme si les grèves enregistrées çà et là ne traduisaient rien.
Le maintien en détention de certaines figures de la contestation, notamment l’ancien député Bertrand Zibi Abéghé, en rajoute aux doutes. Pis, les derniers développements de l’actualité – interprétation spécieuse des dispositions constitutionnelles sur la Haute cour de justice, suspension des activités de la Conasysed, modification de lois par ordonnances sans en motiver l’urgence – légitiment toutes les réserves. Le dialogue politique voulu par Ali Bongo va-t-il se prononcer sur les nombreuses détentions aux ressorts et motifs pas toujours établis ? Va-t-il statuer sur la toute-puissance de la Cour constitutionnelle et sa fâcheuse tendance à faire la loi au lieu de dire le droit ? Pourra-t-il garantir d’exercice des libertés fondamentales ? Réfléchira-t-il à une meilleure prise en compte du Parlement et aux garanties de son indépendance véritable ? Va-t-il tirer toutes les conséquences des atteintes répétées aux libertés fondamentales, à la démocratie et à la République ? Pour l’heure, sa distribution renvoie plutôt l’image d’une conjuration contre Jean Ping et ses soutiens ou tout au moins d’un conclave interne aux amis d’Ali Bongo et leurs alliés objectifs.
Opération de partage de prébendes
De toute évidence, cette grand-messe ne donnera pas lieu à la catharsis collective tant espérée. En tout cas, tout indique le contraire. En affublant le président du parti d’où est issu l’actuel ministre des Petites et moyennes entreprises du statut de représentant de l’opposition, ses organisateurs ont versé dans l’esbroufe. En laissant la ministre de l’Economie forestière prétendre y aller au nom d’un parti dont elle a été exclue, ils tombent dans le déni des réalités. Au-delà, ils facilitent la résurgence des colères et frustrations des sept dernières années. La composition du Comité interministériel dédié illustre aussi ce retournement complet d’objectif : tous les membres du gouvernement, directement ou indirectement, impliqués dans le vaudeville de la dernière présidentielle s’y retrouvent. Comme on peut le deviner, ils  usent de leur influence pour banaliser la querelle sur les chiffres de cette élection. Ils pèsent de tout leur poids pour minimiser la portée des événements post-électoraux.
L’ordre du jour des assises traduit, du reste, cette réalité. En faisant l’impasse sur le droit de savoir, les organisateurs de ce dialogue se sont opposés à la manifestation de la vérité, au devoir de mémoire et à la reconnaissance due aux victimes. En occultant le droit à la justice, ils ont refusé d’admettre la responsabilité des représentants de l’Etat. En passant outre la nécessité de fournir des garanties de non-répétition, ils ont œuvré contre les nécessaires réparations. Surtout, ils ont ouvert la voie à des réformes institutionnelles pas toujours adaptées. Bon gré mal gré, on ne voit pas comment cette rencontre pourrait déboucher sur une réconciliation nationale. Tout se passe comme si certains y avaient même déjà renoncé. Au grand dam de la population, des tensions et déchirures nouvelles ne sont plus à exclure.
Estimant avoir fait le plus difficile en s’assurant de leur maintien aux affaires, les organisateurs du dialogue politique étalent leurs ambitions. Désormais, toute leur réflexion se trouve orientée vers la défense de privilèges. Ne leur déplaise, ils songent maintenant au partage de prébendes. Or, à ce jeu-là, on est généralement zélé voire impitoyable. Pour apparaître comme incontournable, on a souvent envie de se donner de la contenance. Pour se donner de la contenance, on tend, dans bien des cas, à sur-jouer son engagement et sa détermination. Pour convaincre de son engagement et de sa détermination, on incline, très souvent, à provoquer, ouvrir de nouveaux foyers ou souffler sur les braises. Or, entre Francis Nkéa Ndzigue, René Ndemezo’o Obiang ou Estelle Ondo, ils sont nombreux à avoir intérêt à souffler sur les braises…
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Jean Charles MASSE dit :

    Analyse assez juste.
    Ce dialogue là, sous cette forme là, sans traiter des fondements véritables de la crise née de l’élection du 27 août 2016 remportée « haut-la-main » par le candidat représentant l’opposition Jean Ping, élection dont les résultats ont été détournés par la demoiselle mboranstouo marie madeleine au profit du fils adoptif d’albert bongo, est un dialogue somme toute sans intérêt pour le peuple seul souverain.
    Patriotiquement

  2. djouori dit :

    Peu importe le temps que cela doit prendre, j’attendrai toujours toute la verite sur ce qui s’est passé entre le 26 et le 31 aout 2016. Pour cela je vois le jugement de:
    Aboghe Ella, pour modification des resultats des urnes;
    Moubelet Boubeya, pour annonces de faux resultats et declenchement du massacre des gabonais sans armes;
    Bourantsouo MD pour annulation des resultats du 2e Arrondissement et confirmation de faux resultats;
    et Ali pour planification, execution et disparitions forces des gabonais afin de se maintenir au pouvoir.

  3. natty dread dit :

    en français facile, on n’est pas sorti de l’auberge…

  4. Fabricio Ondo Mba Angue dit :

    René Ndemezo’o. avant qu’on ne divulgue nos enregistrements, viens rembourser à Malabo les 600 millions offert. tu es un traitre, un vagabon, un mendiant. tu as 1 mois pour rembourser; Ali Bongo est vraiment un gamin en faisant confiance à type comme qui est venu ici solliciter un appui militaire et financier.

    • MEYE dit :

      Fabricio. Mbolo et merci pour l’information.
      Vraiment si vous pouvez tout faire pour attraper ce type, nous le peuple gabonais serions très content et heureux.
      Je suis Essangui comme le Président OBIANG NGUEMA MABAZOGO, et à ce titre, je vous pries de lui transmettre ce message. Qu’il fasse tout pour attraper ce René et qu’il rembourse cet argent. Merci et bien cordialement. Salut à tous les frères et à toutes les soeurs de Malabo

  5. Bienvenu EYI MBA dit :

    Analyse lucide.
    Je partage les avis ci-dessus,dont celui de M.ASSE,DJOUORI.
    Les criminels se sont assurés de se maintenir au pouvoir,de ne jamais être même pas jugés,mais interrogés sur cette nuit horrible du 31 Août au QG de Jean PING et dans tout le GABON.
    Ceci dit,cela ne va pas être simple pour ali Bongo:Une plainte est quand même en cours au niveau de la CPI et une autre au niveau du TGI de Paris avec son nom et d’autres, de personnes clairement identifiées,dont les responsabilités sont suffisamment documentées dans les tueries post-électorales!
    Qui vivra,verra…

  6. Regard inquisiteur dit :

    A léon MBA, qu’est ce que le GABON t’a fait pour le confier à BONGO qui, à son tour, l’a confié à son fils adoptif Biafrais. Oh Dieu est ce qu’on mérite ça? Pourquoi nous ?

  7. lepositif dit :

    Petits opposants aigris et mauvais perdants, melez-vous de vos oignons!!! (ahahahah comme l’a dit notre PM aux petits Francais). Vous avez organisé votre dialogue, qui s’est occupé de vous? Occupez vous de mettre en pratique les resolutions (dans votre pays virtuel avec votre president elu tout aussi virtuel) prises a cette occasion ou bien vous avez fait bosser les gens pour rien? Vous faites vraiment pitié. REVEILLEZ VOUS… la vie continue et le Gabon avec.

  8. Révérend pasteur Israël Nahum dit :

    Ceux qui croient que le dialogue de Ya Ali Bongo va décrypter la situation politique au Gabon se trompent, Ali bongo n’est pas bête comme on le fait croire, c’est le fils d’Omar bongo qui durant 41 ans au pouvoir a su déchoué les pronostiques et mettre chao ses adversaires qui ma foi, avaient gagnés différentes élections présidentielles (Mba Abessolo et Pierre Mamboundou) et je peux même dire qu’il n’a jamais gagné aucune élection présidentielle mais il est resté là jusqu’à sa mort. Ali bongo durant les septennats volés par son père a acquit une expertise politique de grande envergure qu’aucun gabonais quoique ses diplômes universitaires ou de son expérience politique peut égaler celle que détient Ya Ali Bongo certes prend-on dire qu’il n’a pas des diplômes universitaires mais je vous dis en vérité qu’aucun docteur en sciences politique ne peut égaler l’expérience qu’a cet homme franc-maçon et musulman. Car il a été à l’école de son père durant plusieurs années.
    Malheureusement ce qui iront demain au dialogue Ya Ali seront déçus à cause des divisions qui font s’opérées et ainsi, la plus part d’entre eux auront des réelles problèmes de regarder Jean Ping en face, lui qui était longtemps dans la famille d’Omar, car on le considère toujours membre de cette famille et certains tékés l’appellent encore beau-frère. Mais pourquoi les français l’on vite tourner le dos ? Lui un calibre au niveau international et si facilement on a fait aucun cas de lui ? Mais c’est parce qu’il est de la famille à cause d’une alliance de sang, des enfants qu’il a de cette famille mais malheureusement Ping n’a fait l’addition de ces choses qu’après l’élection présidentielle de 2016 qu’on l’a volé. Cela se présageait avant même la campagne ; si l’on peut revenir sur la réunion politique ou le meeting qu’il avait tenu à Kebe II chez les tékés, fief d’Ali bongo et, comment ceux-là étaient en colère contre Ping, car ils ne pouvaient pas accepter que cela vient de Ping de se battre en campagne présidentielle contre leur propre fils Ali, et venant de leur ex beau frère ! Mais tout ça, c’est déjà derrière nous ; les grands perdants dans tout ça, c’est le Gabon.
    C’est pour cela jeune politicien du Gabon, si un jour tu rêves faire carrière en politique, il y a des familles au Gabon que tu n’iras jamais chercher une femme et faire des enfants avec qu’elle. Tu connaîtras le même malheur que Ping. Car les enfants de Ping restent et resteront les neveux de Ya Ali Bongo, alors gabonais ne rêvons pas. Cependant durant cette élection présidentielle de 2016 Ping a fait du bon travail mais ses antécédents ne lui on pas aider et ni aider le Gabon. Et il reste aujourd’hui un monument pour les élections présidentielles avenirs au Gabon à l’avantage de l’opposition officielle.
    Révérend pasteur Israël Nahum

  9. moutambu jean norbert dit :

    Bonjour à tous, il est difficile pour peuple Gabon de comprendre le bien fondé des deux chambres du Gabon qui souhaitent parler au noms du peuple Gabonais. Ce qui c’est passé en aout sous le regard de tout le monde, nous a prouvé la différence entre ceux qui dise parlé au nom du peuple et le peuple; aucun élu na dit mot hormis le fait de s’aligner au parti et à son leader. Voici une année blanche nos enfants ne vont pas en classe, le taux de chômage ne fait qu’accroitre, le panier de la ménagère est insoutenable tout ceci au détriment d’une certaine classe politique qui n ‘envisage que le mal pour le pays. Est ce que le Chef de l’Etat ne peut pas revisité sa liste des amis Ministres et politique? au détriment de l’accroissance du pays? c’est ministres qui volent le peuple, qui trahissent la confiance. Ce dialogue na aucun sens pour peuple meurtrie et dont le sang coule encore.

  10. ndombi boulema jozipe brose dit :

    Bonjour,
    Je n’arrive pas à comprendre que vous ayez l’incohérente attitude de critiquer l’analyse de Roxane BOUENGUIDI, alors même que vous n’arrivez même pas à faire un effort d’écrire avec moins de fautes. S’il vous plait cachez-vous. Vous faites honte au Gabon

  11. James Bond 007 dit :

    Pourquoi ne voit-on jamais autant de ferveur et d’analyse dans les rubriques « Société » et « Economie »?

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