Accusé par les magistrats de s’opposer à une décision prise par un juge, le ministre de la Justice a déclaré le 8 décembre que le juge d’instruction en charge du troisième cabinet de Libreville, Antsouo Aboudou Danièle Mysère Angela, a été «grossièrement corrompu» par un justiciable dénommé Waghe Ayouba, poursuivi pour association de malfaiteurs.

La corruption de magistrats est un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés. © D.R.

 

Le ministre de la Justice est sorti de sa réserve pour donner sa version des faits sur l’affaire Antsouo Aboudou Danièle Mysère Angela. En effet, les magistrats avaient accusé Francis Nkéa d’ «immixtions intempestives dans le pouvoir judiciaire», lire (Justice : Les magistrats contre Francis Nkéa).

A la faveur d’un point presse, le 8 décembre à Libreville, le ministre de la Justice a tenté de clarifier les choses et laver son image de «professionnel» de droit.

Selon le Garde des Sceaux, la semaine dernière, il a été informé de ce que le magistrat du 3ème cabinet, a été grossièrement corrompu par un justiciable dénommé Waghe Ayouba. Pour le ministre de la Justice, cette information s’appuie d’abord sur le fait que sur plus de 15 personnes poursuivies dans une procédure d’association de malfaiteurs, seul ce dernier a été laissé en liberté alors qu’il en est l’auteur. Le soupçon se fonderait également sur le fait que la magistrate a été aperçue à plusieurs reprises au magasin prêt à porter de l’inculpé, situé à Petit Paris, à Libreville. Par ailleurs, le justiciable lui-même aurait fait des aveux qui font l’apologie des relations qu’il entretient avec le juge.

C’est fort de ce constat, précise Francis Nkéa, qu’il a dû recourir à l’application des dispositions des articles 55 et 58 du Statut des magistrats. «Il ne s’est donc pas agi d’un cas d’atteinte à l’indépendance du juge, mais plutôt d’une procédure de flagrant délit de corruption auquel l’auteur entend se soustraire, en s’attachant les services d’un Syndicat dont le responsable n’en constitue pas un exemple», a-t-il expliqué.

Pour le Garde des Sceaux, il ne s’agit nullement d’une immixtion dans la sphère judiciaire, mais simplement de remettre les choses à l’endroit. «Provisoirement, et pour éviter la perpétuation des actes aussi ignobles, la hiérarchie devrait prendre, dans les meilleurs délais, des dispositions pour que ce juge soit suspendu de fonction avant sa comparution devant le conseil de discipline», a-t-il indiqué.

Selon le ministre de la Justice, «la corruption de magistrats est un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés. Car, il n’est pas rare de voir les Gabonais payer de fortes sommes à un juge pour obtenir des décisions de justice en leur faveur. Mais, cela ne veut pas dire que tous les juges sont des corrompus». Il a assuré qu’il ne faiblirait pas et que la procédure engagée ira à son terme.

Le Juge Antsouo Aboudou Danièle Mysère Angela, en dépit de «ses simagrées», a réaffirmé Maitre Francis Nkéa, sera bel et bien traduit devant le conseil de discipline pour répondre des faits qui lui sont reprochés.

 
GR
 

18 Commentaires

  1. eternite dit :

    Monsieur Le Ministre,

    vous avez mis au grand jour un secret de polichinelle concernant je vous cite : «la corruption de magistrats est un fléau social auquel les Gabonais sont quotidiennement confrontés. Car, il n’est pas rare de voir les Gabonais payer de fortes sommes à un juge pour obtenir des décisions de justice en leur faveur. Mais, cela ne veut pas dire que tous les juges sont des corrompus».

    Non seulement, vous insinués que les gabonais sont des corrupteurs et que la justice gabonaise est corrompue et corruptible !
    Vous avez ouvert la boite de pandorre..je ne pense pas de tels propos feront de vous un héros meme au sein du gouvernement…encore moins au sein du SYNAMAG….

    Je vous remercie pour votre revelation…

    • Titus dit :

      Je cite Patrice de Charrette : « La déontologie des magistrats est un sujet débattu de façon universelle au sein de tous les systèmes judiciaires. La matière est difficile et demande une analyse précise, dans la mesure où la notion de déontologie des magistrats recouvre deux obligations de nature différente :

      – les devoirs professionnels du magistrat, déjà énoncés dans les codes spécifiques et dans le statut de la magistrature (par exemple le devoir d’impartialité, l’obligation de respecter le principe du contradictoire

      – l’éthique, qui renvoie au comportement individuel du juge, dans l’exercice de sa profession et dans sa vie personnelle
      Si le non-respect de la première catégorie d’obligations peut aisément faire l’objet de sanctions disciplinaires, il en va autrement pour les obligations de nature éthique, dont le contour est sensiblement plus incertain.
      En effet, les règles éthiques étant par nature définies de façon peu précise (par exemple « obligation de convenances »), assortir leur non-respect de sanctions disciplinaires peut conduire à des atteintes sérieuses à l’indépendance de l’autorité judiciaire, dès lors qu’un pouvoir exécutif hostile pourrait, sur ce fondement, s’emparer de l’action disciplinaire pour s’attaquer à un magistrat dont, en réalité, les décisions juridictionnelles lui déplaisent.
      Il n’est pas exagéré de soutenir qu’un code de déontologie comportant des règles éthiques dont la méconnaissance est en elle-même une cause de mise en jeu de la responsabilité disciplinaire peut constituer entre les mains du pouvoir exécutif une machine de guerre contre l’indépendance de la justice ».

  2. Mimbo dit :

    M.Nkea le déballage va commencer.Ce sera un grand carambolage avec une seule victime Me Nkea.Une question:Ali Bongo a t il acheté ,la décision de justice concernant l’acte de naissance fabriqué par Serge Williams Akassaga,auprès du petit procureur du tribunal de grande instance de libreville?

  3. diogene dit :

    La corruption touche aussi les juges de la cour constitutionnelle.
    Seront ils sanctionnés ?

  4. Nzamata mine dit :

    Ministre de la justice, vous êtes vraiment sûre qu’il y’a justice encore au Gabon depuis 50 ans?
    Qu’est ce qui a fait que vous soyez ministre aujourd’hui? On vous connait…

    • Titus dit :

      Un juge, soupçonné de corruption, trafic d’influence et escroquerie, doit être mis en examen et doit être incarcéré en attendant son audition par un juge des libertés et de la détention.
      On n’est pas du tout dans un cadre politique
      S’il est mis en examen, le juge devrait faire l’objet d’une « suspension provisoire » de la magistrature, avant que le CSM, saisi par la Chancellerie, ne statue sur son cas.

    • Akébé Vite !!! dit :

      1 juge soupçonné de corruption ?? J’aimerais voir combien ne le seront pas… Pitié Vite poursuivez !!

  5. Nzamata mine dit :

    Quand la cours constitutionnelle du Gabon valide les élections en faveur du perdant, l’annulation des résultats de 21 bureaux de vote sans faire reprendre les élections dans ces arrondissements, y’a t il pas corruption? vous vous moquez de vous même mais Dieu va vous punir sévèrement malgré les messes d’action de grâce que vous payez à coup de million,vous allez le payer cher…

  6. Tsaphnaet dit :

    Un serpent qui vient de se mordre la queue, et oui!!!!

  7. Bibang Mendome dit :

    Questions d’un citoyen simple d’esprit :

    1 – a quel moment l’inculpe a-t-il été entendu par la DGR pour se vanter de ses relations avec le juge d’instruction ? Avant d’être présente devant le procureur ? Après avoir été laissé libre par le juge d’instruction ?

    2 – qui surveillait-on au magasin de l’inculpe à Petit-Paris ? L’inculpe ? La Magistrats?

    Dans tout cela, est-il a exclure que Nkea Francis ait pu mentir devant la presse et l’opinion ? Lui qui a menti devant la Cour Constitutionnelle et à la face du monde est-il incapable de cela ?

    • Titus dit :

      Pour que le contrôle de la vie publique fait par le magistrat soit crédible, il faut d’abord que le magistrat lui-même soit crédible malgré l’immixtion du politique, il lui faut respecter scrupuleusement le code de déontologie, il se doit de rendre des décisions de justice impartiales, motivées, assumées et de qualité à travers lesquelles les citoyens constateront non seulement l’intégrité du juge mais aussi sa compétence : gage d’une justice digne de confiance et gage d’un contrôle crédible de la vie publique.

  8. Entre avocats et magistrats tout n’est pas toujours « Rose ». A croire qu’il a fallu que Me NKEA soit ministre de la justice pour régler des comptes aux magistrats. Sinon, comment une « femme aurait elle jeté son bébé et la bassine d’eau?  » Ce n’est pas quand-même en public et de cette manie qu’il aurait dû traiter un juge. Sauf s’il est extrêmement saint.

    Mais je crois que la guerre est déclarée…………

  9. LURON DE MAYE dit :

    Quand un bandit veux faire juger un autre bandit, la bien nommée Mysère,
    les Gabonais ne peuvent que rire…

  10. moukouambo dit :

    le Ministre Nkea sait de quoi il parle.La situation des élections présidentielles 2016 ,il a été avocat du parti et du candidat au pouvoir .Et si cette déclaration était une manière de dire ce qui s’est passée devant la cour constitutionnelle lors du recours ? je crois qu’il(Nkéa) est entrain de nous montrer la lune ,ne gardons pas son doigt!

  11. Mine ya dza dit :

    Salut à tous. Nous sommes dd une véritable projection de film de science-fiction judiciaire sauf que le franchement la réalité de passe la fiction.M.le ministre ne donnez pas de coups ds le vide. Merci

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