La confédération syndicale Dynamique unitaire estime que l’opération de lutte contre la corruption lancée il y a plus de deux semaines est un polar de mauvais goût. Selon la centrale syndicale qui exige la démission du gouvernement, 6000 milliards de francs CFA auraient été détournés ces quinze derniers mois.

Le bureau de la DU réuni, le 30 novembre 2019, à Libreville. © D.R.

 

Lancée il y a un peu plus de deux semaines, l’opération mains propres est pour la confédération syndicale Dynamique unitaire (DU), un «polar de mauvais goût d’une ampleur sans précédent, mêlant scandales politico-financiers et judiciaires».  À travers une déclaration faite le 30 novembre, Jean Rémy Yama, président de DU, a estimé que les procédures misent en branle étonnent et écœurent l’opinion au regard des milliers de milliards de francs CFA de fonds publics détournés par «une caste, et paradoxalement de l’imposition des mesures d’austérité qui étranglent le pouvoir d’achat des travailleurs».

La centrale syndicale se réfère aux mesures prises par le gouvernement qui reconnaissait la gravité de la crise économique le 21 juin 2018. DU qui pointe du doigt la mauvaise gouvernance caractérisée, entre autres, par des détournements massifs de fonds publics, soutient aujourd’hui qu’elle «s’est répercutée sur la trésorerie des entreprises privées, en refusant volontairement d’apurer la dette intérieure auprès d’elles». Pour Jean Remy Yama et ses collègues, cette opération «met en lumière une vaste opération de braquage de l’État gabonais par un groupe d’individus à des fins d’enrichissement illicite, perpétuant ainsi la tradition séculaire de détournements de fonds publics par l’élite politique au pouvoir».

6 000 milliards détournés en 15 mois

Au regard de la gravité du scandale, DU se demande si le Gabon est véritablement en situation de crise économique et financière. «À combien s’élèvent les sommes d’argent spoliées à l’État ? Quels sont les enjeux et objectifs du déploiement brusque de cette opération judiciaire exceptionnelle aux allures d’une diversion ? Le gouvernement peut-il certifier qu’il est en mesure de recouvrir les sommes d’argent spoliées ? Si oui, à quelle dépense compte-t-il les affecter ?» s’est interrogé Jean Rémy Yama.

Ce dernier s’interroge également sur la responsabilité de l’Exécutif, au regard de l’implication des hauts fonctionnaires. Selon certaines indiscrétions, a-t-il dit, «c’est près de 6 000 milliards de francs CFA de fonds publics qui auraient été détournés durant les quinze derniers mois». Pendant ce temps a-t-il rappelé, «les travailleurs et leurs familles croupissent sous le poids de la misère à cause des mesures d’austérité cyniquement et illégalement instaurées depuis seize mois».

Au regard des sommes détournées, DU remet en cause l’existence et l’efficience des mécanismes de contrôle interne de gestion des finances publiques et la sincérité de la croisade contre la corruption en cours. Elle y voit «des demandes et règlements des comptes sélectifs, entre membres d’une même mafia prédatrice de deniers publics et seule bénéficiaire des richesses économiques du Gabon». Se prononçant sur les satisfécits adressés par le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale et l’Agence française de développement (AFD) au gouvernement gabonais, sous prétexte que les réformes qu’il a entreprises améliorent progressivement la situation économique et financière du pays, DU les taxe de «prime d’encouragement et de détournement des deniers publics et d’enrichissement illicite de la part de nos gouvernants».

Sous ce regard, DU exige la démission du Premier ministre Julien Nkoghe Bekale et de son gouvernement. Les syndicalistes réclament également l’annulation des mesures d’austérités et la régularisation de toutes les situations administratives, le paiement des indemnisations de tous les déflatés, de la PIP du deuxième trimestre 2015 et des rappels solde. Elle exige en outre l’arrêt des pensions dites provisoires et le paiement à compter de janvier 2020 des pensions dans leur intégralité, arrimées au nouveau système de rémunération. Le paiement intégral de la dette de l’État vis-à-vis des entreprises, le paiement par la Cnamgs des impayées aux hôpitaux et pharmacies font également partie des exigences de DU.

 
GR
 

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