À l’instar des pays de l’Afrique de l’Ouest, ceux de l’Afrique centrale entendent procéder à la réforme du franc CFA. À juste titre, les pays de cette zone étudient les modalités devant permettre l’aboutissement de cette réforme.

En Afrique centrale, on songe également à la réforme du franc CFA. © gaboneconomie.net

 

Réunis en novembre dernier à Yaoundé au Cameroun, les 6 pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ont fait part de leur volonté de réformer le franc CFA. Sur les traces de ceux de l’Afrique de l’Ouest, ils envisagent de renoncer à cette monnaie héritée de la colonisation.

Selon le président de la commission de la Cemac, «les lignes du débat sur l’avenir du franc CFA ont bougé». «Les premiers décideurs, sans la moindre ambiguïté, ont indiqué non seulement la voie, mais également l’urgence à la Commission de la Cemac et à la Banque centrale d’approfondir la réflexion afin de leur permettre de décider des modalités de ladite réforme», a déclaré Daniel Ona Ondo.

En outre, les chefs d’État de la Cemac se sont prononcés sur cette question et souhaitent faire évoluer leur monnaie d’autant plus que, a déclaré Daniel Ona Ondo, «notre partenaire la France est disposée à une réforme ambitieuse du franc CFA».

Comme l’a exprimé le Pr Chicot Eboué, peu après ce sommet, le temps de la réforme est arrivé. S’il souligne que ce temps n’arrive pas au bon moment du fait que les pays d’Afrique centrale ne sont pas très riches au regard de leur dépôt au compte du Trésor français, «2 milliards d’euros au maximum», il indique que les pays d’Afrique centrale doivent demander à la France la suspension des accords et effectuer les reformes par étape.

Le projet de l’Afrique de l’Ouest, a-t-il dit, «a abouti après plus de 23 ans de travail et de négociation». «Nous aussi nous avons un projet avec les pays de la CEEAC (Ndlr. Communauté économique des États de l’Afrique centrale), mais ce projet n’est pas très avancé. Toutefois nous devrions profiter de l’éclairci qui apparaît pour mettre en place une réforme monétaire», a-t-il poursuivi.

Consulté lors de la dernière conférence extraordinaire des chefs d’État de la Cemac, le Pr Chicot Eboué estime que cette réforme se fonderait sur 3 étapes. La première serait de demander la suspension des accords avec la France pour le retour des réserves en Afrique centrale afin qu’elles soient utilisées de façon indépendante. «Il faut préparer cela et se donner une petite marge de 5 ans à peu près», a-t-il dit. La deuxième serait d’envisager un nom de la future monnaie. «Ce nom devrait être territorialisé», c’est-à-dire, assez évocateur pour les populations du Cameroun, Gabon, Congo-Brazzaville, Tchad, République centrafricaine. «Puis, nous devrions envisager sans doute une nouvelle parité».

S’il note que la question de la parité reste relativement sensible, ce consultant des Banques centrales, de la Banque mondiale, du Pnud et des gouvernements en Afrique soutient que l’Afrique centrale doit «songer à avoir une monnaie qui soit favorable à la production et aux exportations». «Nous avons souvent des parités monétaires relativement fantaisistes qui ne tiennent pas compte des fondamentaux de nos économies. Nous devons entrer dans l’ère d’une monnaie favorable à la production en vue des exportations et nous avons le marché mondial pour désormais rechercher notre enrichissement à partir de ce que nous produisons», a-t-il dit.

La nouvelle parité devrait être favorable à la compétitivité des prix des producteurs et des exportateurs des pays de la CEEAC, puis envisager une gestion intelligente fondée sur 2 principes. «Le 1er est que chaque nouvelle unité de la nouvelle monnaie émise doit être gagée sur des devises». Cela signifie que les devises devront être diversifiées en dollar et euro «à 20% à peu près», mais aussi en yuan, livre sterling, franc suisse, eco et en rand sud-africain. L’idée est de «marquer la contrepartie en richesse en actifs étrangers de notre monnaie». «Enfin, nous pouvons envisager un flottement géré», a déclaré Chicot Eboué.

 
GR
 

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