La journée internationale des veuves se célèbre tous les 23 juin depuis 2011. Si l’occasion est de rappeler qu’à travers le monde des milliers de femmes broient du noir après la disparition de leurs conjoints ; au Gabon, malgré les avancées juridiques, plusieurs femmes sont encore spoliées.

Au Gabon, plusieurs veuves sont encore maltraitées. © Gabonreview

 

« Spoliation zéro« . C’est le beau rêve entretenu par plusieurs veuves au Gabon, malheureusement rattrapées par la réalité, souvent cruelle. La veuve et ses enfants sont allègrement dépouillés. Grâce au plaidoyer de Sylvia Bongo à l’Assemblée générale des Nations unies, cette organisation a adopté en 2010 la Journée internationale de la veuve (Jiv).

Célébrée pour la première fois le 23 juin 2011, l’objectif de cette journée est de sensibiliser l’opinion sur les droits des veuves. 8 ans après, cet objectif reste d’actualité tant le drame que vivent bien des veuves demeure. Le thème retenu pour la célébration cette année au Gabon est d’ailleurs plus qu’évocateur : « Tolérance zéro contre la spoliation des veuves ». C’est dire que des pesanteurs persistent.

«Le législateur a mis en place l’arsenal juridique pour protéger le conjoint survivant. Mais des pesanteurs sociales iniques, injustes persistent», a à juste titre déclaré Simone Mensah, vice-présidente de la Fondation Sylvia Bongo Ondimba, lors de la célébration. Lorsque les lois ne sont pas méconnues, a-t-elle poursuivi, «elles sont tout simplement bafouées». «Bien souvent, les personnes spoliées parce qu’elles sont victimes de sévices, de menaces, de violences physiques ou psychologiques préfèrent se taire», a-t-elle reconnu.

Veuve Nna Eka Nkam n’a pas eu gain de cause depuis 20 ans. © Gabonreview

Pourtant, selon la loi n°2/2015 du 25 juin 2015 modifiant et abrogeant certaines dispositions de la loi n°19/89 du 30 décembre 1989 portant adoption de la deuxième partie du Code civil, il est désormais interdit d’expulser du domicile conjugal le conjoint survivant, les orphelins ou d’exercer des actes de violence et de spoliation vis-à-vis de ces derniers. De même, comme l’a expliqué Honorine Nzet Bitéghé, présidente de l’Observatoire des droits de la femme et de la parité (ODEFPA), selon le Code civil nouveau, le Conseil de famille a été supprimé au profit du Conseil successoral. Aussi, les héritiers légaux sont les enfants, la ou les conjoints survivants si le monsieur était polygame, le père et la mère du défunt, s’ils sont encore en vie.

Les frères, oncles, tantes et autres parents du défunt ne rentrent donc pas dans la succession tant que les héritiers légaux n’ont pas eu gain de cause. Ceux qui ne s’y soumettent pas encourent des sanctions prévues par loi à condition qu’il y ait des plaintes. «Avant la famille bloquait l’acte de décès pour qu’on ne puisse pas faire les dossiers successoraux. Aujourd’hui, on oblige les officiers d’état civil à le délivrer en autant d’exemplaires qu’il y a des ayants droit. Si l’officier ne le fait pas, lui aussi la loi va le rattraper», a indiqué Honorine Nzet Bitéghé, invitant les veuves à briser le silence. «Si vous ne vous plaignez pas au bout de 4 ans, c’est terminé. La pension revient à l’État», a-t-elle dit aux veuves. Selon les services en charge de la Prévoyance sociale au Gabon, près de 1000 plaintes ont été enregistrées entre 2015 et 2018 pour des cas de spoliation.

 
GR
 

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