Avocat au Barreau du Gabon, Maître Jean Paul Moumbembé a critiqué, le 1er décembre, les conditions dans lesquelles est menée l’instruction de ses clients et de tous les autres cadres interpellés dans le cadre de l’opération de lutte contre la corruption et le blanchiment en cours.

L’avocat au Barreau du Gabon, Maitre Jean Paul Moumbembé. © D.R.

 

Les méthodes utilisées par la justice dans le cadre de l’opération mains propres respectent-elles l’orthodoxie en la matière ? Maitre Jean Paul Moumbembé en doute.  Dans une déclaration faite le 1er décembre à Libreville, l’avocat affirme que le Gabon se trouve dans un «coma sociopolitique judiciaire» qui menace l’État de droit.

Un coma fluidifié par les turpitudes de ses filles et fils. «Et, moi fils de ce pays qui meurt, ne peut rester insensible face à ce silence patent des politiques de tous bords confondus. Gabonais de sang et de sol, je lance un appel vibrant à tous les clans politiques et hommes d’affaires en guerre financière. L’argent passera et la République des présidents Léon Mba et Omar Bongo continuera à vivre avec ou sans nous», a déclaré Me Jean Paul Moumbembé.

L’avocat d’Aloïse Bekale, Christophe Nzoghe, Patrichi Christian Tanasa et Lionel Erwin Diambou s’est dit irrité par les conditions «inhumaines» dans lesquelles a été menée l’instruction de ses clients, surtout pour les deux derniers.

Le premier accusé de détournement des fonds publics et le second de complicité de détournements de fonds publics, et les deux poursuivis pour faux et usage de faux, blanchiment de capitaux, ils ont «ont été persécutés moralement et ont vécu un climat de torture psychologique permanente durant plus de 48 heures, assis à même le sol, sans manger, ni boire», accuse Me Moumbembé. Il assure qu’une procédure d’instruction menée dans de telles conditions inhumaines est nulle et non avenue.

Si le procureur de la République près le tribunal de première instance de Libreville a assuré, le 28 novembre du respect des procédures judiciaires pour tous les prévenus, pour l’avocat cette procédure judiciaire semble être orientée. Il en veut pour preuve le fait que l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique, dans son édition du 24 novembre 2019, a annoncé la mise sous mandat de dépôt de ses clients, soit trois jours avant que ces derniers ne soient entendus par les procureurs de la République et par les juges d’instruction du tribunal spécial. «Qui a donné de telles informations à la presse internationale 3 ou 4 jours avant leur concrétisation par les magistrats près le tribunal spécial de Libreville ?»

L’avocat exige également la libération des titres et fonctions d’Ike Ngouoni Aila Oyouomi et de Christian Patrichi Tanasa. Selon lui, «il fallait d’abord démettre ces personnalités de leurs fonctions ou titres» de porte-parole de la présidence de la République et de conseiller du président Ali Bongo, avant leurs interpellations. «Je lance un appel vibrant au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, de voir ordonner la libération immédiate des titres ou fonctions incarcérés à la prison centrale de Libreville, en même temps que leurs titulaires», a-t-il plaidé.

Pour Jean-Paul Moumbembé, l’État de droit vacille et ses piliers doivent être renforcés, via le respect de l’orthodoxie. La bataille de procédure entre les avocats et les juges s’organise, elle s’annonce palpitante.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Gayo dit :

    Sincèrement au delà du non respect des lois et règlements par ce regime. Ces gens méritent la prison. L’argent disparait il faut bien que des gens y respondent. On ne peut vouloir une chose et son contraire. Les procedures administratives et comptables dans le service publique permettent a des individus de s’enrichir sur le dos du contribuable. Il n’y a pas un système de contrôle de gestion solide et independent. D’ailleurs le contrôle ne peut être solide et independent tant que la famille régnante, dont le president, est la premiere corrompue

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