L’équipe nationale de football ne doit plus être tenu pour un instrument de propagande politicienne. Elle doit être considérée comme le représentant du pays tout entier, sous l’égide de la Fegafoot.

Le monde du football n’a rien à gagner à se bander les yeux. Comme les enseignants ou les fonctionnaires des régies financières, les Panthères sont victimes de la gouvernance politique. © Gabonreview

 

Dans la tanière, l’ambiance est surréaliste. Le climat, nauséabond. Tout, absolument tout, exhale un parfum d’impréparation voire de dilettantisme. Comme le ministère des Sports, la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) ne peut rejeter l’entière responsabilité de cette chienlit sur les joueurs. Comme les dirigeants, les encadreurs techniques ne peuvent s’exonérer de toute erreur. Encore moins de toute faute. Si tout cela renvoie une piètre image de notre pays, nul ne gagne à se défausser sur autrui. Après tout, l’équipe nationale n’est ni une organisation caritative ni un regroupement de bénévoles. Pour la plupart, ces footballeurs sont des professionnels. Autrement dit, ils gagnent leurs vies de la pratique du sport. Sauf à afficher une conception dévoyée du patriotisme, on ne peut leur demander de jouer pour le prestige.

Camarilla

Revendiquant le paiement de leurs primes, les joueurs ont refusé de s’entraîner pour la deuxième fois. En apprenant une telle nouvelle, on est saisi d’une étrange émotion, mélange de dépit, de colère et d’ironie. Ayant organisé deux éditions de la Coupe d’Afrique des nations (Can), étant à sa huitième participation en phase finale, ayant déjà pris part au tournoi des Jeux olympiques, le Gabon ne peut offrir un tel spectacle. A priori, son vécu le prédispose à aborder de telles échéances avec professionnalisme. Pourtant, une tragi-comédie se joue bien à Yaoundé. Comment en est-on arrivé là ? Du fait de l’existence d’une camarilla, en raison de la propension des décideurs à privilégier leurs copains et coquins, eu égard à leur tendance à s’affranchir des règles ou à agir la veille pour le lendemain, les réponses s’imposent d’elles-mêmes. Autrement dit, il faut chercher les raisons dans la pratique politico-administrative du régime.

Le monde du football n’a rien à gagner à se bander les yeux. Comme les enseignants ou les fonctionnaires des régies financières, les Panthères sont victimes de la gouvernance politique. Jamais l’opacité, le clanisme et le mélange des genres n’ont permis de nourrir un dessein commun. Nulle part, la corruption, les réseaux secrets et l’impunité n’ont été gages de réussite. Dans aucun domaine, la course à l’enrichissement personnel, le clientélisme et l’arrogance n’ont produit de résultats. Or, dans le quotidien de l’équipe nationale, de nombreuses forces occultes agissent, au point de se neutraliser. Gravitant autour du président de la République, elles affichent un sentiment de toute-puissance voire d’invulnérabilité. Selon la formule de François Hollande, elles sont «(cheffes) de tout mais responsables de rien», imposant leurs vues, recrutant des coachs, influençant le choix des joueurs, sans jamais rendre compte. Bien au contraire. Le football étant financé sur fonds publics, ces personnalités de l’ombre disposent d’un puissant levier voire d’un moyen de pression. Ainsi la Fegafoot se trouve-t-elle doublée par le ministère des Sports, lui-même ramené à sa plus simple expression par cette sorte d’État profond.

Respect des valeurs du sport

Depuis au moins 2012, nombre d’observateurs n’ont eu de cesse de dénoncer sinon une politisation outrancière, du moins une trop forte imbrication des mondes politique et footballistique. N’ayant pas les moyens de rétribuer les entraîneurs, la fédération se retrouve obligée de s’en remettre à l’Etat, précisément au cabinet du président de la République. D’où le chantage à son endroit. D’où aussi son impuissance. Pourtant le statut juridique de la Fegafoot la met à l’abri d’une telle situation : jouissant de la reconnaissance d’utilité publique, elle a une légitimité à agir et doit bénéficier d’avantages spécifiques, y compris d’une subvention publique. Au vu du vaudeville en cours de tournage au Cameroun, chacun ferait mieux d’y réfléchir. S’il doit apporter un quelconque appui, l’exécutif doit le faire conformément à la loi, dans la transparence et le respect des responsabilités des uns et des autres. En retour, il peut toujours exiger des comptes.

L’équipe nationale de football ne doit plus être tenu pour un instrument de propagande politicienne. Elle doit être considérée comme le représentant du pays tout entier dans les compétitions internationales, sous l’égide de la Fegafoot. Au lieu de se livrer une guerre des tranchées, dirigeants et encadreurs doivent se le rappeler. Dans l’immédiat, des mesures fortes doivent être prises. Au lendemain de la Can, il faudra inviter les acteurs à agir conformément aux valeurs du sport : discipline, inclusion et respect des règles admises par tous. Autrement dit, pour ne plus revivre de tels événements, chacun doit rester à sa place, au lieu d’en appeler à un patriotisme bon marché.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Ulys dit :

    Vous n’avez toujours pas compris que rien ne marchera dans ce pays tant qu’on aura des usurpateurs à la tête du pays ? Le Gabon et les autres pays d’Afrique subsaharienne (ex et toujours colonies française) ne decolleront que quand cessera la mascarade d’indépendance qui se joue depuis 1960 (au moins pour le Gabon).Un pays vraiment indépendant ne serait pas comme est actuellement le Gabon.

    Les Bongo nous emmerdent depuis 1967.Leur maître (les français) encore pire. Et c’est ça la pierre d’achoppement. CQFD.

  2. Germain MBA dit :

    VIVEMENT QUE CETTE EQUIPE SE FASSE BATTRE. JE NE COMPREND PAS POURQUPOI ON DONNE TANT D’INTERÊT POUR UN SPORT QUI NE RAPPORTE RIEN DEPUIS NOTRE PSEUDO-INDEPENDANCE. ON DEPENSE PLUSIEURS CENTAINES DE MILLIONS DE FCFA POUR LE FOOT ALORS LES PRIORITES SONT AILLEURS.AUTANT D’ARGENT ALORS QU’IL YA DES QUARTIERS SANS EAU POTABLE, LES ENSEIGANT SONT EN GREVES ETC. L’INCOMPETENCE ET LA MECHANCETE GRATUITE TIRENT CE PAYS VERS L’ARRIERE

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