Comme si tout cela n’avait pas été suffisamment conceptualisé, une impression d’impréparation voire d’improvisation se dégage. Le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) et le gouvernement gagneraient à se parler davantage et à s’accorder sur la suite.

La junte et le gouvernement semblent ne pas être totalement en phase. Ils gagneraient à s’accorder sur la suite. Autrement, le processus pourrait se trouver perverti par des considérations personnelles ou des calculs politiciens sans grand intérêt pour les populations. © GabonReview

 

Censé rassurer la communauté internationale, le chronogramme de la Transition a suscité bien de questions. Pourquoi le dernier Conseil des ministres s’est-il contenté d’en parler sans en livrer les détails ? Pourquoi le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) a-t-il dû exécuter cette tâche ? Quelle répartition des rôles entre le secrétariat technique chargé de la Réforme des institutions et le secrétariat spécial ? Si on se gardera de trop ergoter ou de parler de friture sur la ligne, au risque de passer pour des Cassandre, la junte et le gouvernement semblent ne pas être totalement en phase. En tout cas, ils gagneraient à se parler davantage, à resserrer les boulons et à s’accorder sur la suite. Autrement, le processus pourrait se trouver perverti par des considérations personnelles ou des calculs politiciens sans grand intérêt pour les populations.

Bouteille à l’encre

Deux mois après les événements du 30 août, le CTRI a dévoilé un agenda étalé sur 24 mois. Le Premier ministre ayant déjà qualifié cette durée d’«objectif raisonnable», on peut y voir sinon un signe encourageant, du moins la preuve d’une convergence de vues. Par contre, on peine à comprendre pourquoi le Conseil des ministres du 08 novembre courant s’est-il arrêté au milieu du gué, recommandant aux ministres de «s’imprégner du projet de chronogramme de la Transition» sans en dire davantage. Certes, la version définitive sera adoptée par «le peuple gabonais, réuni dans le cadre du Dialogue national inclusif». Mais, l’argument semble un peu court, semant doute et trouble dans les esprits. Formation collégiale réunissant l’ensemble des membres du gouvernement, présidée par le président de la Transition, le Conseil des ministres n’était-il pas assez légitime pour se saisir de la question du chronogramme et de sa publication ? Voire…

Sur la capacité des institutions de la Transition à avancer main dans la main, le communiqué n° 026 du CTRI n’a pas vraiment rassuré. Si le rôle du Parlement y est clairement consigné, rien n’est dit sur l’implication des autres organes. Comme l’appel et la collecte des contributions, l’inventaire des problèmes et la synthèse des propositions ne relèvent plus de la responsabilité du secrétariat technique, mais de celle d’un secrétariat spécial à propos duquel c’est toujours la bouteille à l’encre. Si le Dialogue national inclusif doit être présidé par l’archevêque de Libreville, rien n’est dit sur sa préparation. La même remarque vaut pour la première mouture de la future Constitution et le nouveau Code électoral, les entités chargées de leur rédaction étant inconnues à ce jour.  Le Conseil national de la transition ? Dans le chronogramme, il n’en est fait mention nulle part. Comme si tout cela n’avait pas été suffisamment conceptualisé.

Consensus mou

Ce sentiment est apparu dès les premières initiatives du CTRI. Malgré la multiplication de rencontres au pas de charge, une impression d’impréparation voire d’improvisation se dégageait. En particulier quand l’idée d’une restauration de la Cour constitutionnelle dissoute fut évoquée. Ce sentiment fut renforcé par des cérémonies de prestation de serment organisées hors de toute base légale. D’aucuns y avaient alors vu un déficit de coordination, notamment après les déclarations du Premier ministre relatives à la durée de la Transition et au format du Dialogue national. Raymond Ndong Sima s’exprimait-il après s’être accordé avec les autres organes de la Transition ou prenait-il simplement les devants ? On ne saurait être définitif. N’empêche, les modalités de publication du chronogramme accréditent l’idée d’une absence de ligne consensuelle ou, au mieux, l’existence d’un consensus mou.  Si tout le monde semble favorable à la rédaction d’une nouvelle Constitution et à la convocation d’assises nationales, les moyens et délais pour y parvenir divisent manifestement.

Au vu des destructions occasionnées par le régime déchu et eu égard à la profondeur des réformes envisagées, ce constat peut susciter des inquiétudes. Mais il ne faut céder ni au découragement ni au pessimisme.  Aussi critiquable ou perfectible soit-il, le chronogramme de la Transition est un pas décisif vers le retour à l’ordre constitutionnel. Aussi imperceptible soit-elle, le CTRI a réalisé une avancée majeure vers une société plus ouverte : il a envoyé au Parlement une belle brochette de personnalités au caractère bien trempé, souvent réputées pour leur attachement aux valeurs de la République et aux principes démocratiques. Vu sous cet angle, l’espoir est encore permis, le Dialogue national inclusif étant appelé à trancher en dernier ressort.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. messowomekewo dit :

    Au risque de me répéter, les bidasses n’ont pas vocation à gérer le pays. L’euphorie qu’a suscité leur coup de force était telle que nous avons oublié de voir les écueils liés à la gestion du pays par les militaires. Il eut été plus sage pour les putschistes de remettre rapidement le pouvoir aux civiles ,en l’occurrence déclarer M.Ondo Ossa vainqueur, pour qu’avec ses amis d’alternance 2023, il forme un gouvernement et sortir le pays de l’amateurisme ambiant. A mesure que le temps passera , les ambitions des uns et des autres vont s’exacerber et la transition sera plombée. Sans vouloir faire un procès d’intention au PT, les siens ne vont pas tarder à souffler à ses oreilles , lui demandant de trouver les moyens et subterfuges pour se…maintenir à la tête du pays, quitte à faire entorse aux bonnes intentions initialement annoncées.

  2. Gabonais au Gabon dit :

    SVP messieurs du CTRI, svp mesdames et messieurs du gouvernement, svp mesdames et messieurs les promus ou reconduit en cette période de transition en vos grades, rangs et qualités, je vous prie de bien vouloir lire cette article et bien le lire car il traduit le sentiment de plus en plus croissant de plusieurs compatriotes…

    Monsieur le Président de la Transition, nous avons salué le coup de salut, nous avons salué plusieurs de vos décisions, nous croyons en l’espoir que vous avez suscité en nous et pensons qu’effectivement notre essor vers la félicité pourrait quitter le sens utopique qui lui a été donné durant ces dernières années pour une concrétisation certaine. SVP ne nous faite pas passer du rêve au cauchemar… QUE CES NOMBREUSES CONCERTATIONS A VOTRE INITIATIVE APPORTENT LE CONCENSUS ET LE RESPECT DES PROCEDURES tout en nous épargnant les vices de procédures et de formes ainsi que les CONFLITS DES COMPETENCES, etc..

  3. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Le texte de RB est critique de bout en bout et nous relaxe à la fin avec un éventuel espoir. Croire qu’au sortir du 30 Aout 2023 une harmonie, voir un consensus se dégagerait immédiatement autour des organes et des entités crées pour activer la transition relève à mon avis d’un optimisme non mesuré. A l’origine déjà la nature civil et militaire des animateurs de cette transition procède d’un mélange de genres qui pour les puristes présageaient déjà des lendemains d’incohérences justifiées que le temps nous l’espérons va corriger.

    Nous sommes effectivement dans une logique ou tout est perfectible, à preuve les contributions allant dans le sens du dialogue nationale sont centralisés au sein du Ministère crée pour la restauration des institutions. Comme pour attester de la paternité de cette entité à cette tâche(centralisation). Or, le processus décrit pour mettre en musique toutes ces contributions afin d’aboutir in fine à la prise en compte de cela doit obéir à une autre démarche. le risque ici est grand que bon nombre de « contributeurs » estime que leur apport n’est été pris en compte. Mr IBA-BA le compteur tourne. Amen.

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