Eu égard aux conclusions du Dialogue national inclusif (DNI) et au contenu du projet de loi portant modification du Code électoral, certains évoquent la probabilité d’un accourcissement de la Transition. D’autres disent craindre des velléités de passage en force.

Le ministre de l’Intérieur en a rajouté, se livrant à un raisonnement douteux sur les partis politiques, initiant une révision de la liste électorale avant d’introduire un projet de révision du Code électoral. © GabonReview

 

Eu égard aux conclusions du Dialogue national inclusif (DNI) et à l’activisme débordant du ministre de l’Intérieur, des interrogations émergent. Se fondant sur le contenu du projet de loi portant modification du Code électoral, certains évoquent la probabilité d’un accourcissement de la Transition. D’autres disent craindre des velléités de passage en force. Il s’en trouve même pour spéculer sur un retour aux travers du passé, c’est-à-dire à des élections truquées et aux lendemains orageux. «Après l’annonce sur la suspension des partis politiques et les critères discriminatoires à l’élection présidentielle, peut-on encore douter de  l’inclinaison ouvertement autocratique du régime de Transition ?», interroge le député Jean-Valentin Léyama. «Cette loi est une insulte aux combats que nous avons menés pour la transparence électorale», renchérit son collègue Geoffroy Foumboula Libéka Makosso, ajoutant : «Je ne soutiendrais jamais un projet aussi funeste pour notre démocratie».

Contradictions et reniements

En l’espace de deux mois, les choses sont allés de Charybde en Scylla. Si les conclusions du DNI peuvent être imputées aux contributeurs, il en va autrement du projet de loi portant révision du Code électoral. À ce sujet, le gouvernement ne peut ni dégager sa responsabilité ni se défausser. Encore moins trouver de bouc-émissaire. La même remarque vaut pour le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), désormais soupçonné de vouloir s’affranchir du chronogramme publié en novembre dernier ou de nourrir des desseins peu démocratiques. Même si Geoffroy Foumboula Libéka Makosso feint d’indexer les militants et la pratique politique du Parti démocratique gabonais (PDG), sa diatribe contre le ministre de l’Intérieur l’atteste : la sincérité du CTRI est désormais questionnée. S’achemine-t-on vers ce «scrutin transparent, crédible et inclusif tant espéré par les Gabonaises et les Gabonais»  ou vers des élections aux «résultats tronqués» ? Pour nombre d’observateurs, toutes les hypothèses sont sur la table.

Jouissant encore du bénéfice du doute et de l’effet 30 août, le CTRI s’enferre dans des contradictions et reniements. S’étant engagé à convoquer une «grande conférence nationale inclusive (…) pour dessiner ensemble les contours d’un nouveau vivre-ensemble», il en a défini le format de façon unilatérale, verrouillant l’organisation au point d’en exclure des figures marquantes de la vie publique ou des organisations connues pour leur engagement civique. Ayant fait la promesse d’œuvrer à «un processus démocratique transparent et inclusif, apaisé et durable», il a laissé le DNI suggérer une citoyenneté à géométrie variable et des critères d’éligibilité discriminatoires. S’étant dit favorable à «la promotion et la protection des droits de l’homme et des libertés publiques», il a assisté impassible à l’instauration d’une rhétorique attentatoire à la liberté d’association. Dans ce contexte, le ministre de l’Intérieur en a rajouté, se livrant à un raisonnement douteux sur les partis politiques, initiant une révision de la liste électorale avant d’introduire un projet de révision du Code électoral.

Méthodes cavalières

Jusque-là, le consensus autour du CTRI reposait sur trois éléments : le sentiment d’avoir été «libéré du système Bongo/PDG», la promesse d’un «essor vers la félicité» et, l’espoir d’une restauration des institutions. Moins de deux mois après le DNI, c’est le règne du soupçon. Certaines conclusions nourrissent un débat nauséabond. D’autres laissent croire à une volonté de disqualifier d’éventuels postulants à la magistrature suprême. Pis, les méthodes du ministre de l’Intérieur sont jugées cavalières et trop inspirées de celles du régime déchu. Quant à l’opportunité de cette réforme, elle ne semble pas évidente, de nombreux députés s’étant dits favorables à l’adoption d’une loi référendaire. Au-delà, le contenu du texte est décrié, présenté comme annonciateur d’un «retour au parti unique». Rien de moins…

En marge de la polémique sur les questions identitaires ou l’usage de notions forgées par les mouvements d’extrême-droite, les contempteurs du projet de réforme du Code électoral s’interrogent. Pourquoi les candidats ne doivent plus être représentés dans les bureaux de vote ? Pourquoi ne doivent-ils plus être destinataires des procès-verbaux ? Dans une telle hypothèse, sur quelle pièce se fonderaient-ils en cas de contentieux ? Comment et pourquoi le ministre de l’Intérieur peut-il devenir l’unique signataire des procès-verbaux ? Pourquoi doit-il être seul à en superviser le convoyage ? Quelle garantie de neutralité quand la Cour constitutionnelle et le Conseil d’Etat sont membres des commissions ? En absence de réponses à ces questions, le CTRI se verra soupçonné de choses et d’autres.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Akoma Mba dit :

    À partir du moment où on dit oui à tout ce que propose les militaires, que peut-on attendre d’autre dans un pays où presque tout le minde va manger la soupe de miettes au lieu de travailler dur

  2. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. Il n’y aura jamais de démocratie à Gabao, car tout le monde se « tient » (du moins les gouvernants). Amen.

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