Pour avoir récemment subi un accident qui aurait pu lui coûter la vie ainsi que celle des passagers de son taxi, à la suite d’une «visite technique de complaisance» effectuée dans un établissement agréé par le ministère des Transports, le président du Syndicat des professionnels du transport urbain envisage de saisir la justice. Mais avant, il interpelle ce mercredi 17 juin les autorités sur le laxisme de certains centres de contrôle technique de Libreville.

Au Gabon, des centres agréés pratiqueraient des «visites techniques de complaisance». ©Freepic

 

C’est une belle frayeur qu’a eue Serge Bertrand Bekale le 19 mai dernier sur le boulevard Triomphal à Libreville. Ce jour-là, raconte-t-il, pendant qu’il conduisait «en pleine vitesse», avec à bord de son taxi deux passagers comme l’exige désormais la loi en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19, le cardan de son véhicule s’est cassé. «J’ai fait une sortie de route, mettant ainsi en danger ma vie et celle des autres occupants du véhicule.»

Président du Syndicat des professionnels du transport urbain, il assure pourtant que trois jours plus tôt, son taxi avait subi un contrôle technique à Auto-Bilan, un établissement agréé par le ministère des Transports, sis à la Zone industrielle d’Oloumi. Selon Serge Bertrand Bekale, ce contrôle technique que son collègue était censé faire en son nom n’a en fait existé que de nom. «Mon collègue a été reçu, mais il n’a pas eu l’obligation de présenter le véhicule. Il a obtenu la visite technique sans effort, sans que le véhicule ne soit inspecté comme cela se devait», relate-t-il.

S’il a décidé d’en parler ce mercredi 17 juin, c’est parce que, dit-il, plusieurs de ses collègues transporteurs urbains et même des particuliers sont confrontés à ces «contrôles techniques de complaisance», qui mettent en danger la vie d’autrui sans que cela n’émeuve les autorités. Le leader syndical annonce donc qu’une action sera menée en justice aussi bien contre le centre incriminé que contre le ministère des Transports à qui il demande qu’une enquête soit lancée dans les plus brefs délais. La direction générale de la Sécurité routière aurait déjà été saisie sur le sujet.

«Quand un véhicule a sa visite technique, cela veut dire que celui-ci est en bon état. Mais les centres de contrôle technique qui délivrent des visites techniques sans inspection et qui le font en toute quiétude sont-ils conscients qu’ils mettent en danger les usagers de la route ? Le ministère des Transports qui laisse une telle situation prospérer est-il conscient qu’il laisse des opérateurs économiques mettre en danger la vie des populations ?» s’interroge le syndicaliste dont le véhicule a finalement subi un autre contrôle technique chez un concurrent d’Auto-Bilan ayant révélé d’importantes pannes qu’il assure avoir réparées depuis.

Informé de la sortie du président du Syndicat des professionnels du transport urbain, au ministère des Transports, on envisage de durcir le ton et de procéder à des contrôles inopinés dans les différents centres agréés de la capitale.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. diogene dit :

    A peine quelques mois après la mise en service de ses structures , les vrai faux contrôles techniques ont fleuri, et c’est aujourd’hui que vous en parlez ! L’information sur la corruption généralisée engendrée par le régime a bien du mal à passer

  2. Ikobey dit :

    Plus il y a de réglementation, de bureaucratie, plus il y a de corruption.
    Il faut déréglementer, libéraliser et laisser vivre les gens.

  3. PISSAMA-PISSAMA dit :

    C’est le réalisme: Pas de route praticable pour les usagers.

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