Excédés par la méconnaissance ou le dédain, par les autorités, des dispositions légales abrogeant le délit de presse au Gabon, les chefs d’entreprises de presse membres de l’Organisation patronale des médias (Opam) se mobilisent et interpellent la Haute autorité de la communication (HAC), le ministre de la Communication et son collègue de la Justice, sur les conséquences de cette situation favorisant la convocation, au B2, du directeur du journal privé Échos du Nord.

© Gabonreview/Shutterstock

 

Communiqué

Depuis quelques jours, l’OPAM suit avec une attention particulière, le harcèlement militaire dont est victime le journal « Echos du Nord » de la part de la Direction générale des contre-ingérences et de la sécurité militaire, communément appelé B2, via la direction des investigations judiciaires.

Tout en conseillant au Directeur de la publication du journal « Echos du Nord » à déférer à cette convocation illégale demain, l’OPAM relève : – Que le nouveau Code de la communication en République Gabonaise consacre la dépénalisation du délit de presse. En terme simple, le délit de presse ne relève plus du pénal, mais du civil ;

– Que même en cas de délit pénal, au Gabon, le délit de presse ne repose pas sur le régime de l’enquête, mais celui de la preuve.

L’OPAM s’étonne qu’une unité militaire (le B2) convoque, en pleine pandémie du Coronavirus, un patron de presse, sans même lui préciser au préalable, la raison de sa convocation ainsi que le nom et l’adresse du plaignant.

La démocratie que nous sommes en train de bâtir inlassablement, où la presse est appelée à jouer un rôle prépondérant, commande que tous ceux qui détiennent ou incarnent le pouvoir, respectent l’Etat de droit sans lequel il n’est pas possible de bâtir le vivre ensemble auquel nous aspirons tous.

L’OPAM interpelle la Haute autorité de la communication (HAC), le Ministre de la Communication et son collègue de la Justice, afin qu’ils instruisent les autorités juridiques et judiciaires sur les dispositions légales qui abrogent le délit de presse au Gabon ; prend à témoin la communauté nationale et internationale des conséquences que peut engendrer une telle dérive qui n’honore personne.

Il est demandé à tous les patrons de presse, membres de l’OPAM, à se mobiliser demain, mardi 28 juillet 2020, à partir de 9 heures, devant le B2 afin d’apporter notre soutien à notre confrère et collègue Désiré ENAME, Directeur de la publication de l’hebdomadaire « Échos du Nord » qui doit se présenter devant son enquêteur à cette heure-là.

Fait à Libreville, le 27 Juillet 2020

Guy Pierre BITEGHE, Président de l’Opam

.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Je suis avec vous messieurs « LA PRESSE ». C’est inadmissible.

  2. Gayo dit :

    Quelle démocratie qui se bâtit avec la pègre comme gouvernant et un sorcier comme président?

    • Serge Makaya dit :

      S’en défaire pour le bien de nos enfants et petits enfants. Mon combat est désormais à ce niveau. Parce que je ne veux pas que nos petits vivent des situations similaires.

      Même ceux qui sont dans ces partis politiques de l’actuel pouvoir usurpateur-assassin-voleur devraient bien réfléchir et opter pour se battre pour un avenir radieux pour nos enfants et petits enfants.

  3. beka dit :

    Finalement, on ne comprend plus rien. Il y a quelques semaines à peine, des personnalités haut placées nous ont laissé entendre, à la suite du vote contesté de la loi officialisant l’homosexualité au Gabon, que notre pays venait de « prouver à la face du monde », son attachement à se positionner à la « pointe du progrès universel ».
    Ces paroles sont contredites ici par cette affaire convocation d’un responsable de presse dans les locaux du redoutable B2 ; elles démontrent aussi, a contrario, que le Gabon se situe bel et bien encore dans les dédales d’un sous-développement multiforme. Ce qui suscite des interrogations justifiées.
    En effet, comment expliquer que la justice fasse preuve d’une telle méconnaissance des lois qu’elle est sensée faire appliquer ? Comment comprendre qu’une loi en vigueur au Gabon, soit ignorée par les OPJ, la HAC et les départements ministériels concernés, qui brillent par leur silence assourdissant face à cette convocation, mais tellement nerveux et prompts à condamner dans diverses autres circonstances ? A moins que…
    A moins que la plainte n’émane des strates supérieures du pouvoir, auxquelles la justice donne toujours l’impression d’accorder de grandes faveurs…
    A moins que, d’autre part, cette affaire ne soit le départ d’un sillon dans le roc, tracé dans le but de prévenir les médias de ce qui les attend prochainement, s’ils « …ne bouclent pas leur sale gueule… et s’occupent de ce qui les regarde ».

Poster un commentaire