En annulant le décret du président de la République qui reportait la présidentielle, au 15 décembre 2024, soit dix mois au-delà du délai légal, le Conseil constitutionnel redore ainsi l’image de la démocratie sénégalaise, sérieusement écornée par les élucubrations et autres relents pouvoiristes du Chef de l’État sortant, Macky Sall.

Le Conseil constitutionnel sénégalais a sèchement signifié à Macky Sall, «despote» devenu, néanmoins vêtu d’un manteau aux couleurs de la démocrate-libérale, que tout ne peut être permis au pays de la Teranga. © GabonReview

 

Arrestations de ses principaux opposants et de journalistes, fermeture d’organes de presse, répressions violentes et disproportionnées de manifestations avec mort d’hommes… jamais la démocratie sénégalaise -souvent citée en exemple sur le continent- n’a été aussi malmenée ces dernières années, sous les deux mandats du président actuel.

Macky Sall, par ici la sortie !

Esseulé et contesté même à l’intérieur de son propre camp, du fait de sa volonté de s’incruster au pouvoir par un troisième mandat pour lequel il a longtemps caché son jeu, ne se désistant qu’à la dernière minute et face à la pression des Sénégalais et des amis du Sénégal, le successeur d’Abdoulaye Wade, a malgré tout cru être bien plus malin que tous et en droit de s’accorder une prolongation de 10 mois, en tordant de façon flagrante le cou à la Constitution de son pays.

Contre la volonté de ses compatriotes et s’appuyant sur une écrasante majorité à l’Assemblée nationale, Macky Sall a par cette forfaiture, violé de façon flagrante et grossière la constitution de la République du Sénégal, sous le prétexte fallacieux de graves malentendus entre l’Assemblée nationale et le Conseil constitutionnel. Mal lui en a pris puisque les sages du Conseil constitutionnel sénégalais ont sèchement signifié au «despote» devenu, vêtu d’un manteau aux couleurs de la démocrate-libérale que tout ne peut être permis au pays de la Teranga.

Et toc, injonction a été faite à Macky Sall de quitter le pouvoir et le «Palais de la nation» dans les meilleurs délais, en organisant la présidentielle à brève échéance, sans autre forme de procès.

Décrypter le message du Sénégal à l’endroit de l’Afrique

Au-delà du pays de la tedungal-teranga et perché place du monument de la Renaissance africaine à Dakar, le Conseil constitutionnel sénégalais, à travers cette décision historique, envoie un signal fort à ses confrères sur le continent -notamment ceux de l’espace francophone- régulièrement instrumentalisés à souhait par le «prince».

Toujours penchés du même côté, comme la tour de Pise, sobriquet d’ailleurs affublé -non sans raison et dérision- à la Cour constitutionnelle gabonaise par exemple, les Cours et Conseils constitutionnels d’Afrique francophone ont souvent été assimilés à des caisses de résonance, lisant le droit de travers, triturant et réécrivant les Constitutions à l’avantage des exécutifs et Chefs d’État en fonction.

Les exemples sont légion au Gabon notamment -cas d’école connu le moins mal- avec pour faits, pris au hasard et parmi tant d’autres, le fameux débat sur «l’indisponibilité temporaire» du président de la République en 2018 ou plus récemment encore, la révision de la Charte de la transition par le Parlement de la transition, pour rattraper le couac du délestage des prérogatives de ministre de l’Intérieur et de la Défense nationale au président de la République, après le dernier réaménagement du gouvernement ; alors que la Cour constitutionnelle de la transition était restée motus et bouche cousue.

C’est une fâcheuse tendance également observée chez les élus ou représentants du peuple, croyant être au service du «prince» alors que «tout mandat impératif est nul».

Amour Freez Kendrick

 
GR
 

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