Le 22 mars dernier, au prix fort de la constatation du premier cas de décès des suites de Covid-19, Ali Bongo a interdit les déplacements sur l’ensemble du territoire national entre 19H30 et 6h du matin. Une semaine après cette mesure visant à limiter la propagation du virus, les Gabonais peinent à suivre et à respecter ce confinement partiel. Des résistances subsistent.

Derrières bars et restaurants fermés, la vie continue pour ceux qui font de la résistance au confinement censé ralentir ou stopper la propagation du coronavirus. © Gabonreview

 

«À compter du dimanche 22 mars et jusqu’à nouvel ordre, tous les déplacements sur l’ensemble du territoire national entre 19h30 et 6h du matin sont désormais interdits, sauf indication contraire», avait déclaré le président de la République. Il disait être interpellé par le premier décès survenu à Libreville, lié au Covid-19, ainsi que l’enregistrement d’un 5e cas testé positif sur le territoire national, à cette période. Depuis lors, deux autres cas ont été détectés, passant à 7, le nombre de personnes contaminées. Mais le confinement partiel perturbe les habitudes des Gabonais qui ont du mal à s’y adapter.

Si les autorités essaient autant que possible de faire respecter cette mesure interdisant des activités au-delà de 19h30 minutes, la population, elle, semble n’avoir pas encore intégré à ses habitudes cette nouvelle donne. Des résistances se font de plus en plus ressentir dans Libreville où les bars, des cafétérias et autres structures tournant inéluctablement dans l’informel, restent ouverts dans l’obscurité.

Dans plusieurs quartiers de la capitale gabonaise, la vie continue son cours après 19h30. Les restaurants, notamment les cafétérias ‘’Dos-tournés’’, continuent leurs activités alors qu’ils sont censés être fermés. Toutes voiles baissées, à l’intérieur, ce sont de véritables fourneaux tournant à cent à l’heure. Devant, des clients attendent, parfois agglutinés, commentant les dernières actualités. Aucun respect des mesures barrières. «On n’a pas le choix. Ce n’est pas tout le monde qui peut se faire un repas. Fermer ces endroits revient à nous tuer par deux fois», a déclaré un client.

«Je paie le loyer, l’eau et le courant et celui qui travaille avec moi. Si on ne jongle pas comme ça, on va faire comment à la fin du mois ? Le bailleur va toujours demander son argent, la SEEG n’aura pas pitié de nous», a expliqué un tenancier d’une de ces structures.

Dans certains quartiers, des maisons d’habitation ont été transformées en débit de boissons. Des bars à ciel ouvert. Certains sont quant à eux visiblement fermés. Or, le spectacle à l’intérieur est à couper le souffle. Les consommateurs sont au rendez-vous, certains sont assis à l’extérieur dans l’obscurité. «On n’est pas habitué à ce genre de vie que nous impose le gouvernement. Voilà pourquoi on est là», a lancé l’un des habitués du Camp Souaco, dans le 6e arrondissement.

«Tous ceux qui ouvrent leur commerce sous cape n’ont certainement pas le choix. Moi je ne vis que de ce commerce. Si je ferme pendant longtemps, je vais faire comment avec mes enfants ?», a également interrogé une gérante de bar.

Au-delà, certains Librevillois n’ont pas cru bon de rentrer chez eux avant 19h30. À plusieurs reprises, on a pu voir des automobilistes et même des taximen sur la chaussée après ces heures de restriction. D’autres profitent du peu d’engouement sur les routes pour faire du sport. Ce qui crée fréquemment des frictions avec les forces de l’ordre et de sécurité commises pour faire respecter ces mesures.

Au gouvernement de prendre des décisions accompagnées de garde-fous pour aider la population à supporter ce nouveau mode de vie d’autant plus que dans ce confinement, il faut bien que les gens continuent de vivre.

 
GR
 

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