Les enjeux de la dernière décision de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vont au-delà des seules questions de santé publique. Les « maitres du monde » y trouvent leur compte.

Ni les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-unies, ni les agences ne laisseront la covid-19 mettre à mal leur suprématie. Ils tenteront d’imposer un traitement maîtrisé par eux seuls et résultant de nouvelles découvertes. © Gabonreview/Shutterstock

 

Suite à une étude publiée trois jours plus tôt par The Lancet, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a décidé, le 25 mai courant, de suspendre les essais cliniques menés avec l’hydroxychloroquine et la chloroquine dans plusieurs pays. Malgré les apparences, les enjeux et motivations de cette décision vont au-delà des seules questions de santé publique. L’économie mondiale, la finance internationale, le système onusien, les principales démocraties du camp occidental et même la géopolitique internationale y trouvent leur compte. Tout en leur offrant une respiration intellectuelle, la situation ainsi créée leur donne l’opportunité de réajuster leur stratégie.

Fondations privées, principaux bailleurs de fonds de l’OMS

Depuis le déclenchement de la pandémie de covid-19 et particulièrement depuis son déferlement sur la France, la chloroquine et son principal dérivé sont au centre de toutes les controverses. Passant outre les doutes de la Food and drug administration (FDA – organisme en charge de la délivrance des autorisations de mise sur le marché), Donald Trump avait vanté cette molécule, en mars dernier. Quelques jours plus tard, le gouvernement français autorisait sa prescription. Dans la foulée, une pétition lancée par Philippe Douste-Blazy, en vue de l’assouplissement des conditions d’utilisation, recueillait 200. 000 signatures. Même s’il prît soin de nier toute «reconnaissance» Emmanuel Macron se rendit, le 9 avril dernier, à l’Institut hospitalo-universitaire – Marseille Infection, dirigé par le promoteur du protocole de la controverse. Fortement influencé par la proposition de Didier Raoult, le débat scientifique a incontestablement tourné autour de la chloroquine.

Parallèlement, un contre-la-montre pour la découverte d’un vaccin a été déclenché, l’OMS évoquant la mise à l’étude de 10.000 candidats-vaccins. Aux Etats-Unis, en France, en Allemagne, en Chine, une dizaine de laboratoires se sont mis à l’ouvrage, explorant les stratégies vaccinales. En quelques semaines, le laboratoire américain Biotech Moderna, propriété du biologiste et milliardaire français Stéphane Bancel, a débuté des essais de tolérance chez l’homme. Ayant passé un accord avec la Biomedical Advanced Research and Development Authority (Barda – Autorité américaine pour la recherche et le développement avancé dans le domaine biomédical), Sanofi est même allé plus loin. Il a annoncé pouvoir commercialiser un vaccin d’ici à 2021 avec une priorité accordée au marché américain. Même si le groupe pharmaceutique français a tenté de rectifier le tir à la suite du tollé suscité par les déclarations de son directeur général, le débat sur le financement de la recherche médicale était posé. Estimant le coût des recherches à près de cinq milliards de dollars (environ 2.500 milliards de F CFA), les géants du médicament se sont tournés vers les Etats et les fondations privées. Au nombre de celles-ci, le Wellcome Trust et surtout la Fondation Bill et Melinda Gates. Or, ces entités sont justement les principaux bailleurs de fonds de l’OMS. Ont-elles intérêt à laisser valider la chloroquine ?

Accréditer l’idée d’un virus difficile à maîtriser

Créée en 2017, la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations (CEPI – Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies), initiative issue d’un partenariat entre la Fondation Bill et Melinda Gates, d’une part, et l’Union européenne, le Japon ou la Grande-Bretagne, d’autre part, est encore en phase de structuration. De ce fait, on imagine mal ses promoteurs soutenir d’autres hypothèses. De par l’importance des enjeux économiques, financiers, politiques et même géopolitiques, on ne voit pas comment l’establishment peut appuyer des solutions alternatives. Une telle perspective ruinerait ses efforts tout en jetant le discrédit sur l’ordre international. Des Etats-Unis à l’OMS en passant par l’Allemagne ou la Banque mondiale, les « maitres du monde » ont laissé le sentiment d’être dépassés par les événements. Comment se résoudraient-ils ensuite à valider une molécule existante, connue depuis le XIXè siècle et utilisée depuis plus de 70 ans maintenant ? Ne serait-ce pas une reconnaissance explicite de leur erreur d’analyse ?  Ne serait-ce pas une remise en cause leurs certitudes ? Ne serait-ce pas une façon d’entamer leur crédibilité et leur autorité scientifique voire politique ?

Loin de toute naïveté, il faut regarder la réalité en face. Ni les membres permanents du Conseil de sécurité des Nations-unies, ni les agences onusiennes ne laisseront la covid-19 mettre à mal leur suprématie. Même s’ils ont étalé leurs insuffisances, ils déploieront les trésors d’ingéniosité pour accréditer l’idée d’un virus difficile à maîtriser. Quand bien même leurs limites sont apparues au grand jour, ils tenteront d’imposer un traitement maîtrisé par eux seuls et résultant de nouvelles découvertes. Après tout, il en va de la survie de l’ordre international. Pour rien au monde, ils ne le laisseront se déconstruire. Sauf à se satisfaire d’un rôle de spectateur ou à continuer à être la cinquième roue du carrosse, l’Afrique doit en tirer des enseignements.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Enseignant dit :

    À la question de savoir pourquoi nous n’essayont pas le cocos-organic de Madagascar ou Les traitement proposé par le Cameroun ou Le Bénin, Le copil disais attendre des preuves irréfutables De l’efficacité de ces traitements. Alors aujourd’hui de la chloroquine que vous defendez et Du cocos-organic quel est le traitement ayant fait ses preuves ?

  2. Paul Bismuth dit :

    Ça me rappelle un documentaire que j’ai regardé sur France Ô, il y a quelques années, sur les ravages du paludisme dans je ne sais plus quel pays situé sous l’équateur. Le médecin d’un village très touché par le paludisme arrivait à sauver ses patients en leur prescrivant un traitement à base de tisane. D’après le témoignage des patients le traitement parvenait effectivement à les guérir. Et l’autre particularité de ce même traitement est qu’il était fait à partir de plantes que l’on retrouvait dans le village, et qu’il n’avait donc aucun coût pour les patients. Mais le médecin disait subir des pressions des représentants de l’OMS l’enjoignant sans cesse à arrêter de prescrire le traitement en question.
    Avec cette polémique sur les traitements anti covid j’apprécie mieux la portée du message contenu dans ce doc. Il va sans dire que l’OMS n’a pas le même agenda que les populations et peut être les gouvernements. D’ailleurs ici en France des voix importantes issues du milieu médical commencent à le dénoncer. Car le seul grand mot qui décide de tout dans ce monde est : Rapporter du revenu.
    Il appartient donc à l’Afrique, comme cela à été dit dans l’article, d’en tirer les conséquences et de savoir où se trouvent son intérêt.

  3. Fille dit :

    « Les enjeux de la dernière décision de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) vont au-delà des seules questions de santé publique. Les « maitres du monde » y trouvent leur compte. » Eh oui, il était temps qu’on comprenne enfin les véritables motivations de nos sauveurs. Bientôt il sera obligatoire de leur demander leur autorisation pour sauver les nôtres avec des plantes qui poussent à profusion derrières nos maisons. Ces gens « autorisés » et leurs médias « autorisés » sont tout simplement dangereux. S’ils avaient voulu éradiquer le paludisme de nos contrées, ça se saurait. Le covid 19 lève un pan du voile, maintenant à nous d’avoir les yeux pour voir, les oreilles pour entendre et avec ce constat, faire ce que nous avons à faire individuellement pour ne pas être des cobayes pour leurs tests et essais cliniques. Qu’ils les fassent chez eux. Prenez soin de vous.

  4. Fille dit :

    Mon précédent post a tout simplement disparu lol ?! Vous aussi, laissez parler les gens deh ! Cela nous donne l’impression d’être sur un vrai média gabonais en ligne.

  5. shox dit :

    eh eh eh…on se soigne avec le bidule et, une fois la tendance est favorable,on interdit l’utilisation sachant que dans les pays moins bien nantis,ce n’est que le début de l’épidemie…

    vraiment les africains doivent ouvrir les yeux…
    En interdisant ce traitement ils esperent que la tournure soit catastrophique pour les derniers, histoire de légitimement leur imposer leur traitement préférentiel et bien ficelé avec leurs amis maitres du monde.

    les USA qui tournent le dos à l’OMS ont bien réalisé que cet organisme est très vicieux.
    D’autre part,on voit bien que Trump n’est pas dans leur jeu et ça les embete…

    Le Great american veut casser le game pour le refaire à sa sauce…Une nouvelle version où il aura l’épée de Damocles dans sa main.

    Si nous ,Africins, ne sortons pas notre épingle du jeu en ce moment où les leaders se montrent les canines ,on n’y parviendra jamais…pff.

    Je dis ça, je dis rien, je retourne dans mon 9m2 pardon.

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