À la tribune de l’Assemblée nationale, la Première ministre a laissé transparaître une curieuse compréhension du fonctionnement de l’Etat. Sur les médias internationaux, elle n’a pas paru à son avantage, laissant le sentiment de s’inscrire dans une gouvernance passéiste.

Ossouka Raponda sut TV5 Monde, le 7 septembre 2020. Ayant eu droit (à l’Assemblée nationale, sur TV5 et RFI) à des exercices où les conservatismes le disputaient à l’approximation, au mélange des genres et à l’impréparation, les populations balancent entre scepticisme et raillerie. © Gabonreview/Capture d’écran

 

Depuis un peu de moins de deux mois, le Gabon à un nouveau chef du gouvernement. Comme tous les peuples de par le monde en pareille circonstance, les populations s’attendent à des changements. Désireuses de comprendre les raisons de la nomination de Rose Christiane Ossouka Raponda, elles aimeraient être fixées sur sa feuille de route, sa pratique politique et sa compréhension du fonctionnement de l’État. A cette fin, la déclaration de politique générale était une opportunité. Idem pour la campagne de communication organisée à travers les médias internationaux, notamment Radio France international (RFI) et TV5. Malheureusement, ces différentes sorties publiques n’ont rien clarifié. Bien au contraire. Ayant eu droit à des exercices où les conservatismes le disputaient à l’approximation, au mélange des genres et à l’impréparation, les populations balancent entre scepticisme et raillerie.

Gouvernance passéiste

En exprimant sa «gratitude» à  Sylvia Bongo du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, en  vantant son «engagement (…) en faveur d’une plus grande implication de la femme dans la vie publique» en une circonstance d’essence républicaine, en évoquant «son rôle» sur les antennes de RFI, Rose Christiane Ossouka Raponda a laissé transparaître une curieuse compréhension du fonctionnement de l’État. Sans s’en rendre compte, elle a érigé l’épouse du président de la République en personnalité politique voire en institution. Sans le savoir, elle a apporté de l’eau au moulin des contempteurs de la première dame, crédibilisant les rumeurs sur sa supposée immixtion dans le jeu politique et institutionnel. Ayant déjà dénoncé «la bande à Sylvia», ayant disserté sur «la présence hyper active de cette femme (…) n’ayant aucune fonction, aucun mandat du peuple», Jean Ping n’en demandait pas tant. Il a dû boire du petit lait. Il a dû se sentir conforté dans son analyse.

En interpellant Mays Mouissi sur les antennes de TV5, la cheffe du gouvernement a rabaissé sa fonction. En mettant l’analyste financier au défi de lui apporter des précisions d’ordre technique, elle s’est mise à son niveau. Aux plans personnel et politique, sa semonce avait des allures de suicide. Naguère décrite comme une «économiste de métier (…) armée pour faire face aux défis (du futur)», la Première ministre s’est présentée comme une militante zélée, prête à nourrir toutes les polémiques. Au-delà, elle est apparue comme une fonctionnaire loyale, soucieuse de se conformer au principe d’«indiscrétion administrative.» Autrement dit, elle a laissé le sentiment de s’inscrire dans une gouvernance passéiste, caractérisée par le refus du contrôle citoyen de l’action publique. Dans la gouvernance moderne, les citoyens ont le droit de se prononcer sur l’action publique. Sauf s’ils agissent dans un cadre politique organisé, ils ne peuvent déclencher les foudres des détenteurs de l’autorité de l’État. Ayant fait fi de cette loi d’airain, Rose Christiane Ossouka Raponda a prêté le flanc à une querelle nuisible à son image et à son autorité.

Savoir-faire, savoir-être et savoir-faire faire

Au plan technique, notamment au sujet de la Transgabonaise ou de la gestion de la crise sanitaire, la Première ministre a ressassé des poncifs, ajoutant l’imprécision à l’opacité. Si «toutes les études et appels d’offres ont été déjà arrêtés», pourquoi n’a-t-elle pas livré les identités des firmes sélectionnées ? Si «des travaux ont débuté», pourquoi n’a-t-elle pas indiqué le tronçon concerné ? Sur la participation des PME locales, pourquoi n’a-t-elle pas parlé des conditions d’éligibilité et du mécanisme de contractualisation ? L’«activité nocturne non essentielle» étant limitée par la fermeture des lieux de divertissement, sa justification du maintien du couvre-feu résiste difficilement à l’analyse. Même si «tous les pays du monde l’ont fait», faut-il continuer à brider les libertés publiques sans tenir compte de la tendance baissière, pourtant proclamée par le gouvernement lui-même ? En communication institutionnelle, le discours repose sur la réalité, c’est-à-dire des noms, des chiffres et autres données vérifiables. Autrement, on tombe dans l’affirmation gratuite et la controverse politicienne.

Créditée, au moment de sa nomination, d’une «solide expérience politique» et de «compétences en économie et politiques publiques», Rose Christiane Ossouka Raponda n’a pas  été à son avantage lors de ses trois dernières sorties publiques. Certains argueront de la nécessité pour elle d’apprendre ou de s’aguerrir. Or, on n’arrive pas au sommet de L’État pour apprendre. On y a va pour étaler un savoir-faire, un savoir-être et un savoir-faire faire. Puisse-t-elle l’admettre et en tirer des enseignements.

 
GR
 

10 Commentaires

  1. SERGE MAKAYA dit :

    Elle est comme tous les précédents 1er Ministre : une marionnette de Bongo… pardon, de Valentin. Ali Bongo est MORT.

    Et les Valentin (Sylvia et Nourredine), les marionnettes du Quai d’Orsay.

    Même du temps de papa Omar, on fonctionnait ainsi. Voila pourquoi il faut que cette comédie cesse.

    • Gayo dit :

      Ils reflètent tous la médiocrité et l’amateurisme des Bongo, Ali, Sylvia qui l’a nommé et Nourredinne en premier. Et l’expérience dont se targue Raponda c’est Celle d’une administration gabonaise incompétente et corrompue dont elle en est le reflet. Ce qui font l’exception en terme d’intelligence, de clairvoyance et de compétence dans notre administration ne se ressemblant pas à Ali Bongo, ils ne peuvent s’assembler avec lui et sont brimés. Il est donc évident que Christiane Raponda fait partie des cancres de notre administration. Le pire est àcraindre. On ne peut trouver la perle rares au milieux des cailloux du pdg sans valeur.

  2. JAMES DE MAKOKOU dit :

    CETTE DAME SERAIT LA PIRE PREMIER MINISTRE FEMME DE TOUS LES TEMPS AU MONDE! ELLE A SOIT DISANT EU SON DIPLOME D’ECONOMISTE AVEC MENTION..JE DOUTE FORT CAR SELON CEUX ET CELLES QUI LA CONNAISSENT ET QUI L’ONT CONNUS ..ELLE A DÛE COUCHER POUR EN ARRIVEE A SES FINS..
    ET..ELLE COMMENCE PAR NOUS MONTRER UNE PARTIE DE LA VERITE..
    JE NE M’ATTENDS A RIEN D’ELLE.. SERIEUSEMENT C’EST JUSTE UNE MARIONNETTE DE SYLVIA VALENTIN BONGO..HISTOIRE DE CONTREDIRE PING..ET LE PEOPLE GABAO.
    ELLE EST NULLE ..ET JE SUIS DESOLER DE L’ECRIRE..MAIS C’EST LA TRISTE VERITE..C’EST UNE HUMILIATION DE PLUS DU PEUPLE GABONAIS

  3. Serge Makaya dit :

    Nous avons des Gabonais très compétents pour occuper des posts clés au gouvernement, mais on choisit toujours des incompétents. Nous avons des Gabonais capables d’assumer la fonction Présidentielle (Jean Ping par exemple(, mais ka France n’en veut pas, parce qu’elle préfère les moins compétents et marionnettes qu’elle va facilement manipuler. Voilà pourquoi le Gabon et le reste de l’Afrique partageant cette monnaie coloniale appelée CFA n’avancera pas.

    Autre chose qui freinera toujours notre progrès: LE TRIBALISME. SI ON NE COMBAT PAS CE VIRUS, LE GABON ET L’AFRIQUE CFA NE PROGRESSERONT JAMAIS.

    NB: Le QUAI D’ORSAY aimerait bien que perdure ke tribalisme au Gabon et en Afrique subsaharienne. Car quand il y a division entre ethnies, ça l’arrange.

    SI NOUS N’AVONS TOUJOURS PAS COMPRIS CELA, ALORS SACHEZ QUE LE GABON N’AVANCERA TOUJOURS PAS.

    • Serge Makaya dit :

      Autre chose: cessez de croire que la France ne soutient pas Sylvia et Nourredine Valentin dans le désordre qu’ils font actuellement. Ajoutez-y le roitelet du Maroc. Les français connaissent parfaitement le sort d’Ali Bongo. Les français ne veulent pas de Jean Ping, parce que ce dernier ne sera pas un fidèle valet ou marionnette. Ce qui est INSUPPORTABLE pour ces français. Et donc c’est à nous de leur dire que c’est notre élu et qu’ils devront faire avec.

      Je vous avertis une énième fois: aller à la présidentielle de 2023 est une perte de temps et d’argent. Car ka France et le Maroc ont déjà tout ficelé. Ils connaissent d’avance le nom du successeur d’Ali Bongo (leur futur marionnette). Et ça, il faut que ça cesse DÉFINITIVEMENT.

  4. Ponce_pilate dit :

    Bonjour,
    Je range mon épée dans son étui,
    Je pose un genoux au sol,
    Je baisse mon chapeau
    Et je vous dis « MUCHAS GRACIAS ».

  5. Lavue dit :

    Un coup de chapeau à Mme Roxane Bouenguidi, auteure de ce post. Y a rien à redire. Des marionnettes fabriquées comme pauvre dame OSSOUKA ne peuvent rien apporter de sérieux. Le problème du clan ALI c’est sa détermination à conserver coûte que coûte le pouvoir. ALi n’a pas le niveau pour le poste de président aujourd’hui, en 1967 pour son père adoptif, ça passait encore. Aujourd’hui, c’est pas possible, la coquille est en grande partie trop vide malgré les apparences. A la fin, on tombe dans la distraction. En période de crise on ne va pas nommer une première ministre pour faire plaisir aux femmes par ce qu’il a été de manière flatteuse et politicienne décrété que c’est la décennie de la femme. Face à une crise d’une telle ampleur on joue pour la compétence réelle un point un trait.
    Ces gens du pouvoir doivent comprendre que les générations changent, et il n’est plus possible de se laisser diriger par des personnes peu qualifiées. Le changement risque d’être brutal. Aucune armée ne peut contenir la révolte d’un peuple déterminé. Il faut éviter que la médiocrité dans laquelle on vit ne conduise les populations un jour vers cette impasse.

    Merci encore Madame Bouenguidi.

  6. Spin Doctor dit :

    Dame Ossouka a tout simplement étalé au grand jour, son ignorance et l’incompétence qui en résulte. On a pu constater notamment sur TV5 que sa réputation était abusivement exagérée. Par exemple à ce niveau de responsabilité, on ne sais pas faire la distinction entre l’imparfait de l’indicatif (vous saviez) et le présent (vous savez) c’est dire à quel point ses connaissances techniques y compris dans le domaine de compétence qu’on lui prête -l’économie- sont confuses sinon appriximatives comme vous le relevez.

    Bref, problème de diction, manque cruel d’éloquence, non maîtrise des dossiers, etc… La panoplie complète de l’imposture intellectuelle et politique…

    Autant m’arrêter là pour cette fois et, toc !

  7. moundounga dit :

    Bjr. Morceau choisi : « LA PROBLEMATIQUE: A ce niveau des charges, en communication institutionnelle, le discours repose sur la réalité, c’est-à-dire des noms, des chiffres et autres données vérifiables. Autrement, on tombe dans l’affirmation gratuite et la controverse politicienne.

    LA CONTROVERSE :on n’arrive pas au sommet de L’État pour apprendre. On y a va pour étaler un savoir-faire, un savoir-être et un savoir-faire faire. Puisse-t-elle l’admettre et en tirer des enseignements.

    EQUILIBRISME: En exprimant sa «gratitude…en une circonstance d’essence républicaine

    IN FINE: En mettant l’analyste financier au défi de lui apporter des précisions d’ordre technique, elle s’est mise à son niveau

    AMEN !

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