Ali Bongo envoie-t-il les ministres offrir des babioles aux populations ? Incroyable ! L’appel lancé par le chef de l’Etat aux ministres de descendre dans leurs fiefs chaque semaine dès le vendredi finit par ressembler à du grotesque, du comique déroutant et à du burlesque. Doit-on vraiment tout médiatiser ?

Au nom du chef de l’Etat ? La plaque du forage d’Olivier Abel Nang Ékomiyé dans le 5è à Libreville ; le don de Mekam’ne dans l’Abanga-Bigné ; et le petit matériel de Doukaga Kassa dans le district de Ndangui… © Gabonreview

 

Depuis qu’ils ont reçu l’appel à investir le terrain, les ministres ont des idées qui foisonnent la tête. Certains donnent le sentiment que c’est à celui qui aura l’idée la plus géniale que reviendra le «mérite» de demeurer au gouvernement.

Il y a dix jours, le ministre de l’Habitat, Olivier Abel Nang Ékomiyé, était attendu sur ses terres paternelles du 5ème arrondissement de Libreville. Pour… inaugurer un forage dans le quartier Ozoungué ! Pas à son nom, mais au nom du président de la République ! «Oui grâce au président de la République, chef de l’Etat, votre quartier va dorénavant avoir de l’eau en toute saison», a-t-il souligné. Ali Bongo Ondimba offre un forage aux populations. Pas l’aboutissement d’un projet d’adduction d’eau potable pour tout l’arrondissement, mais un forage pour une partie du quartier !

L’autre membre du gouvernement s’étant signalée est le ministre d’État chargé des Relations avec les Institutions constitutionnelles et des Autorités administratives indépendantes. Denise Mekam’ne Edzidzie-Taty est allée dans des cantons du département de l’Abanga-Bigné remettre aux populations, plutôt aux militants bien triés de son parti, des glacières, minuscules balances commerciales, chaises en plastique, parasols et autres objets au nom du chef de l’Etat. Les populations étaient, après quoi, invitées à remercier le président de la République devant les caméras des télévisions publiques.

Une autre ministre, Madeleine Berre, s’est chargée de «cadeaux» le week-end dernier pour aider à l’autonomisation des femmes de sa contrée. Accompagnée par le ministre de l’Economie et de la Relance, originaire elle aussi de la localité, le ministre de l’Emploi, de la Fonction publique et du Travail n’a pas dérogé à la règle qui veut que tout vient du chef de l’Etat.

Le «président-donateur»

Le même discours, parfois un peu ennuyeux, est venu de Tchibanga où se trouvait le ministre de l’Economie numérique. Pour Jean-Pierre Doukaga Kassa, «c’est le chef de l’Etat qui vous envoie tout ceci». Il s’agissait notamment de chaises en plastique…

Le ministre délégué à l’Enseignement supérieur était, quant à elle, dans son fief du district de Ndangui au début de cette semaine, entre lundi et mardi, et non pas le vendredi ou le samedi, comme le leur a demandé le chef de l’Etat. Huguette Tsono est allée faire don de matériels didactiques aux enseignants et offrir des enveloppes aux élèves qui préparent les examens de fin d’année, «conformément à la politique de partage prônée par le président de la République». Elle n’a évidemment pas manqué de dire aux enseignants et aux élèves que c’est le chef de l’Etat qui l’a expressément envoyée pour cet acte de générosité.

Des images à ne pas montrer

Le ministre de la Formation professionnelle, Raphaël Ngazouzet, a pour sa part rendu visite à une handicapée qui, quelques jours auparavant, avait demandé de l’aide par le canal de la télévision publique. Venu jusqu’à son chevet à Booué dans la Lopé avec une équipe de télévision, Raphaël Ngazouzet a fait un don à cette jeune dame, au nom de «la politique de partage prônée par le chef de l’Etat». Question : avait-il besoin de montrer de telles images à la télévision ? Deuxième question : sans la politique de partage prônée au plus haut, s’y serait-il rendu ?

En fait, depuis qu’ils ont reçu l’appel à investir le terrain, les ministres rivalisent d’ingéniosité. Se rapprocher des populations le temps d’un week-end est l’occasion pour eux de «magnifier» le «président-donateur». L’opinion se doute bien que ce n’est pas Ali Bongo qui leur en demande tant. Ils ont simplement décidé de faire collectivement dans la flagornerie.

Quid des politiques publiques et des missions régaliennes ?

De toute évidence, ce «bal des hypocrites» se poursuivra tout au long de la saison estivale. Du tout, du superflu, du burlesque et du grotesque attendent les populations de l’arrière-pays.

Même si certaines politiques publiques sont en début de réalisation, notamment dans les secteurs Éducation, Santé, Eau, Électricité et Commerce, il n’en demeure pas moins que de nombreux ministres se plaignent de ne pas avoir suffisamment de budget pour accomplir leurs missions régaliennes. Mais, venu le week-end, dès potron-minet, les ministres se retrouvent avec des moyens financiers pour aller dans leurs fiefs, plein de cadeaux en main. Paradoxe. Vous avez dit paradoxe ?

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GR
 

4 Commentaires

  1. Paul Romain BUSSAMB BU BOUSSOUGOU dit :

    Bel article de presse de Gérald Mounomby. La vérité, rien sur la vérité, dans un humour sarcastique.

  2. Roger Mbadinga Moussounda dit :

    Impression première : ils n’aiment pas le Gabon, mais ils aiment les Gabonais. Deuxième impression : ils aiment les Gabonais à la veille des élections.

  3. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Je me demande si c’est Monsieur Gérald MOUNOMBY qui a rédigé cet article. J’y vois la plume Roxanne BOUENGUIDI. En tout cas, il y a des similarités dans la style, la mise en exergue, les emphases!

  4. Gayo dit :

    C’est à cause de ce cancre d’Ali qui dans sa médiocrité à besoin de ses atalakous sans substance parce qu’il sait que de toute ses vies médiocres, il n’y en a aucune où il a excellé au point de mériter des félicitations sincères. Il ne lui reste plus qu’à vivre des flatteries de ses obligés qui savent qu’ils vont etre nommé ou maintenu au gouvernement non pas pour leur capacité à exceller dans leur dommaine mais à flatter Ali.

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