Face au tollé provoqué par les chiffres de la dette du Gabon (70% du PIB) contenus dans le récent rapport produit par l’institution financière internationale, le Représentant résident du Fonds monétaire international (FMI), Gomez Agou, a déclaré, lundi 10 juin, que ces données, jusqu’à 2023, sont des données héritées du régime déchu. «Ce sont des chiffres d’une gestion de 2022 et 2023», a-t-il précisé.

La dette publique au Gabon se situe à 70,5% du PIB en 2023, au-dessus du niveau communautaire de la Cemac. © GabonReview

 

 

Au lendemain de la publication, par le Fonds monétaire international (FMI), du Rapport de la consultation au titre de l’Article IV avec le Gabon, des voix se sont élevées pour indexer une gestion approximative des deniers publics par les nouvelles autorités du pays et les informations estimées «erronées» de l’endettement du pays. En conférence de presse, le 10 juin, le Représentant résident du Fonds monétaire international (FMI), Gomez Agou, a remis les pendules à l’heure. Faisant savoir que les autorités de la Transition n’ont fait qu’hériter d’une situation, il a souligné que la dette du Gabon s’était accélérée sur la période ayant précédé le 30 août du fait du «contexte électoral».

La dette publique étant l’ensemble des engagements financiers d’un État vis-à-vis de ses créanciers, sur la base «des véritables données partagées par les nouvelles autorités avec le FMI», celle du Gabon se situe à 70,5% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023, au-dessus du niveau communautaire de la Cemac -Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale-. Explicitant les choses, le représentant résident du FMI a indiqué que «les données, jusqu’à 2023, sont des données dont ont hérité les autorités de la Transition». Il s’agit donc des chiffres concernant les années 2022 et 2023… jusqu’au 30 août, date de la déchéance du précédent régime. 

Le Représentant résident du Fonds monétaire international (FMI) au Gabon, Gomez Agou, le 10 juin 2024, à Libreville. © GabonReview

À ce jour, la priorité est de la ramener à des niveaux raisonnables, a-t-il préconisé, faisant remarquer que «les dépenses connues avant le 30 août sont remplacées par une forte demande sociale des populations et des besoins de développement, de façon légitime». Autrement dit, le FMI invite les autorités du pays à trouver l’équilibre entre la satisfaction de la demande sociale et les besoins de développement des populations, en s’assurant de ne pas surendetter le pays, d’autant plus que la situation de la dette est effectivement très élevée. À ce niveau, Gomes Agou prévient : «si le rythme de la dette ne ralentit pas, on risque de se retrouver dans une situation de surendettement .

Aux autorités de la Transition, le représentant de l’institution de Breton Woods à Libreville recommande «un plan de réduction de la dette pour les années à venir». Et de rappeler que l’effort de réduction de cette dette passe par l’augmentation des recettes (impôt et douane) et par un effort de réduction des dépenses de l’État «qui doit se faire sans qu’on ait à couper dans des dépenses importantes du social et de développement».

Toute chose amenant le FMI à appeler à une large diversification de l’économie gabonaise afin de créer de nouveaux secteurs porteurs d’emplois pour les populations. «Comme je l’ai expliqué, le chômage (environ 36% et environ 40% chez les jeunes) est important. Il est prévalant et la situation de pauvreté est importante », a-t-il rappelé, invitant l’État à investir dans les infrastructures, l’électricité, la route, la qualité de la formation dans les universités gabonaises «pour que le pays puisse avoir un secteur privé qui se développe».

 
GR
 

7 Commentaires

  1. Jean Jacques dit :

    Monsieur, comment les gabonais ne vont être pauvres, l’argent des richesses du pays part dans les poches des cyniques politiciens et leurs familles. Même pendant leur machin dialogue personne n’a parlé pour RÉDUIRE LES SUPERS SALAIRES,même la dette du pays qui augmente ce sont les supers salaires des politiciens, les faux Généraux qui sont les bénéficiaires.

  2. Akoma Mba dit :

    Une dette de 70 pour cent du PIB ce n’est pas grave pourvu que l’endettement serve à développer le pays et offrir de meilleures conditions de vie aux populations. La dette de la plupart des pays du sud de l’Europe représente 120 pour cent du PIB mais ils ont des autoroutes, un système de santé décent et des populations qui ne vivent pas dans la misère

  3. Marcus Garvey dit :

    Aucun pays africain ne s’est jamais développé grâce aux aides du FMI et de la Banque mondiale. Ces institutions hypocrites ont consacré leur temps à prêter de l’argent au Gabon, tout en sachant que le pays était dirigé par des kleptocrates. Les experts qui louaient la prétendue bonne gestion du régime déchu sont aujourd’hui les mêmes qui admettent que le Gabon était en réalité mal géré à l’époque d’Alibaba et des 40 voleurs.

    Malgré les dénonciations des détournements de fonds alloués par ces deux institutions hypocrites au régime déchu, formulées par certaines ONG gabonaises, ces institutions ont persisté à prêter de l’argent au Gabon.

    Il est évident que ce sont des institutions incompétentes et hypocrites. En ce qui concerne le remboursement de la dette, il est impératif que tous les voleurs de la République restituent l’argent de l’État. La dette du Gabon résulte des vols et non des investissements, et tout le monde en est conscient.

  4. Akoma Mba dit :

    Il faut une meilleure distribution des richesses du pays. Ce n’est pas normal qu’un fonctionnaire qui gagnait un millions n’est qu’une pension de 400.000 francs et arrêter les projets fanfarons dits Eléphants Blancs comme le nouveau Libreville ou nouvel Aéroport. Il y a des choses bien plus urgentes

  5. Rembourakinda dit :

    Un taux d’endettement de 70% du PIB, ce n’est pas grave selon Akoma MBA. Bravo vous êtes très fort, sachez que ce sont nos enfants qui vont manger du sable, et cela vous vous en ficher. Mettez vous dans la tête que le pays est foutu, tant que des blagueurs vont continuer à s’accaparer le pouvoir. Rien de sérieux ne sera construit. C’est peine perdue.

    • DesireNGUEMANZONG dit :

      Bonjour Monsieur Rembourakinda,

      Vous avez tout à fait raison. Monsieur Akoma Mba n’est visiblement pas un economiste. Le taux d’endettement d’un pays ne doit atteindre ce niveau. Autrement dit, vous transformez une dette normale en une dette « générationnelle ».

      En Europe, un ménage ne peut pas dépasser 30% d’endettement par rapport à son revenu fixe. On peut translater cette règle pour
      un État.

      La dette dépend du niveau de revenu moyen fixe. Le France, l’Italie sont à plus de 100% d’endettement par rapport au PIB. Toutefois dans ces pays, il existe un niveau de confort incomparable avec celui du Gabon où règne un capitalisme familial défavorable au bien-être collectif.

      Ni la BM ni le FMI ne résoudra le problème de pauvreté au Gabon. Si nous mettons en place les mécanismes visant à interdire la fuite des capitaux vers l’étranger, alors nous n’aurons pas besoin d’emprunter. Si nous réduisons le capitalisme familial dans notre pays au profit d’un capitalisme d’État, alors il est possible de dégager des ressources pour diminuer les écarts sociaux.

      Il y a tellement de choses à dire. Mais il faut plus de transparence.

  6. DesireNGUEMANZONG dit :

    Suite…

    Prenons l’exemple suivant : soit un ménage (avec deux enfants) qui gagne 500000 Fcfa net après impôts sur le revenu des personnes physiques (IRPP) prélevés à la source et endetté à 70%. Quel est son pouvoir d’achat in fine?

    500000 * (1-0.7)= 150000 Fcfa. Comment vivre avec 150000 Fcfa par mois quand
    il faut se nourrir, payer les factures d’électricité et d’eau, les frais de santé, les cérémonies familiales (aspect culturel de la dépenses), l’amortissement du véhicules, l’entretien du domicile, etc.

    Le modèle économique est plus complexe s’agissant d’un État. Mais le résultat
    serait très catastrophique pour les générations à venir. Car il faut reporter la dette sur deux ou trois générations.

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