Alors que le Gabon se lance dans une initiative cruciale de dialogue national, la décision de limiter cette rencontre à dix-neuf jours provoque une vague d’interrogations au sein de la société. Entre les défis logistiques posés par le choix du lieu, les inquiétudes quant à l’ampleur de l’agenda à couvrir et les soupçons d’un agenda caché, ce rendez-vous historique destiné à façonner l’avenir politique du pays se trouve à l’épicentre d’un débat national.

Plénière du DNI, le 6 avril 2024 : dans l’opinion, la contrainte temporelle imposée interpelle et suscite une réflexion sur la faisabilité d’un agenda aussi dense. © GabonReview

 

Dix-neuf jours, est-ce suffisant ? La question vaut son pesant d’or, tant persiste, aux yeux de l’opinion, une impression de jeu du chat et de la souris entre les organisateurs (CTRI et gouvernement) et les forces vives de la nation. Les premiers, croyant bien et parfaitement faire les choses, alors que les seconds (du moins dans l’écrasante majorité) paraissent ne compter que pour des dindons de la farce d’une épreuve de vitesse courue d’avance. C’est du moins ce qu’il se susurre un peu partout.

Dans ce climat de scepticisme ambiant et d’interrogations persistantes, le Dialogue National Inclusif (DNI) du Gabon, suscite en effet un débat houleux sur sa durée limitée. Cette décision stratégique, annoncée par Mgr Jean Bernard Asseko Mve, porte-parole du dialogue, interroge sur sa capacité à adresser efficacement les enjeux nationaux profonds et à intégrer plus de 38 000 contributions recueillies sur cinq mois. Le choix de cette fenêtre temporelle, considérée par certains comme précipitée, soulève des doutes quant à l’objectif réel de ces assises, envisagées comme un moment charnière dans l’histoire politique du Gabon.

Ne pas jeter l’eau du bain et le bébé avec

L’appel à un report et à une extension de la durée des travaux, notamment soutenu par des figures respectables et respectées du Gabon, traduit une volonté de garantir un processus plus inclusif et réfléchi. On aurait écouté les sages et dignitaires du Gabon, que ces travaux auraient dû être reportés d’au moins une semaine pour épargner à la facilitation de la CEEAC et à l’opinion internationale, les atermoiements et élucubrations qui sont loin de dissiper les errata constatés. Leur proposition visait à éviter les écueils et les précipitations susceptibles de miner la crédibilité et l’efficacité du dialogue.

En période d’exception, il n’y a ni opposition ni majorité. Le CTRI a ainsi le bénéfice de l’adhésion de la quasi-totalité des forces vives de la nation sur ce principe, nul n’en disconvient. Il n’en reste pas moins que la contrainte temporelle imposée interpelle et suscite une réflexion sur la faisabilité d’un agenda aussi dense, soulevant les inquiétudes de divers secteurs de la société gabonaise.

Angondjé, un site suscitant des interrogations

L’emplacement choisi pour la tenue des travaux, le stade de l’Amitié sino-gabonaise, ajoute une couche de complexité, notamment en raison de difficultés d’accès exacerbées par des embouteillages conséquents. Cette situation logistique, loin d’être anodine, pourrait limiter la participation effective et soulève des questions sur les motivations sous-jacentes à ce choix.

Au-delà des défis opérationnels et logistiques, le DNI est à la croisée des chemins, entre aspiration à un renouveau politique et risques d’un rendez-vous manqué. Discrets, les acteurs du secteur de l’information et de la communication (sur près de 400, relevant d’une soixante d’organes de presse et de médias) en sont désorientés mais ne le disent pas. Ils doivent pourtant jouer un rôle crucial dans la mise en lumière de ces enjeux et contribuer à éclairer l’opinion nationale et internationale sur les dynamiques à l’œuvre.

En définitive, la réussite du Dialogue national inclusif repose sur un équilibre fragile entre exigences de rapidité et impératifs de profondeur et d’inclusivité. La question de sa durée, loin d’être anecdotique, est révélatrice des défis auxquels le Gabon est confronté dans sa quête de stabilité et de cohésion nationale.

Aïeul Barack

 

 

 

 

 
GR
 

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