Plus fort que Lanlaire dans le genre drag queen, l’étonnant mannequin Light Monsoh est décédé il y a bientôt une semaine. Le phénomène des réseaux sociaux laisse dans le Landerneau gabonais de la mode des expressions devenues populaires, mais surtout l’image d’une personne à la sexualité ambigüe et n’en faisant qu’à sa tête. Un pionnier de la libéralisation des mœurs au Gabon.

Marchant hors des sentiers battus, Light Monsoh a traversé l’existence avec une attitude totalement à la marge de la société gabonaise. Il préfigurait des changements sociétaux à venir. © Facebook

 

Moins connu qu’Ange Landry Mbeng dit Lanlaire dans le genre provocateur à connotation sexuelle, le mannequin, danseur, maquilleur et coiffeur Light Monsoh est décédé, le lundi 8 mars dernier. Drag queen de tous les jours, il aura osé beaucoup plus que quiconque au Gabon – en tout cas plus que Lanlaire – en matière de liberté vestimentaire, de travestissement et d’extravagance diverses.

© Facebook

Drag queen

Selon Wikipedia, une drag queen est une personne construisant une identité féminine volontairement basée sur des archétypes de façon temporaire, le temps d’un jeu de rôle. Mais pour Light Monsoh, c’était tout et chaque jour. L’encyclopédie participative précise que « le fait de s’habiller en drag queen n’est une indication ni sur l’orientation sexuelle de la personne concernée, ni sur sa véritable identité de genre ; une drag queen n’est pas forcément une personne trans. » Light Monsoh était résolument le seul dans ce registre au Gabon, hormis les déguisés occasionnels des soirées mondaines.

Si en 2006, il interprète la chanteuse américaine Beyoncé en compagnie d’un ballet époustouflant, lors d’une soirée déguisée Drag Queen au VIP Room de Libreville, le public gabonais n’avait pourtant pas remarqué Light Monsoh dans la section chorégraphique d’Arnold Djoud durant la dernière moitié des années 90. Il ne reste pas très longtemps avec l’auteur de « Don’t Go » et interprète de « Nkoum Ekeign » avec lequel il se brouille pour la vie. On le retrouve en 1997 comme danseur du groupe Vibration qui jouait alors en levée de rideaux – avec bien d’autres artistes gabonais – lors du concert au gymnase Omnisports Omar Bongo du groupe de RnB français Poetic Lover. Bien longtemps auparavant, Light Monsoh avait frappé à la porte de Patience Dabany, cherchant à être embauché à ses côtés comme danseur. La diva gabonaise l’avait jugé trop jeune pour l’engager.

Light Monsoh (dans la baignoire) et quelques amis. © Facebook

Clubber… pas insensible aux charmes de la gent féminine

Également chorégraphe, modèle photo et relookeur, Light Monsoh a essuyé, toute sa vie, les quolibets, menaces, mépris et mises à l’écart sans jamais se décourager, persistant dans la mise en scène quotidienne du personnage qu’il s’était créé. Si nombreux affirment aujourd’hui, certainement par pudeur et respect de son âme, qu’il n’était pas homosexuel, Light Monsoh l’a été, ainsi qu’il l’a confié à Gabonreview qu’il voulait aider pour la rédaction d’un article sur les réseaux gays à Libreville. Il n’en reste pas moins qu’il n’était pas insensible aux charmes de la gent féminine. On l’a vu lors de sa liaison amoureuse avec la défunte Diane Bokassa, petite actrice pour publicités à un moment à Libreville et fille gabonaise du célèbre empereur centrafricain. De même, il laisse un enfant qui serait aujourd’hui âgé de 13 ans. Pour cela, nombreux pensent qu’il était bisexuel.

Ambianceur et clubber notoire, cet habitué des night-clubs du quartier Louis à Libreville peut donc être considéré comme un précurseur, un combattant de la liberté des mœurs, longtemps, bien longtemps avant la dépénalisation de l’homosexualité intervenue au Gabon en août 2020.

© Facebook

«Le buzz de ça », « La Gloire de ça », etc.

Mais Light Monsoh est surtout une figure du Landerneau gabonais de la mode. Il tient notamment un rôle de mannequin vedette lors de l’Origin’L fashion week, promu à Libreville par le mannequin Ysis Mangoua Delongueur. Celle-ci trouve en lui le modèle idéal pour quelques vêtements androgynes de ses collections. L’unique drag queen affiché et assumé de Libreville était aussi un phénomène des réseaux sociaux. Suivi sur Facebook par près de 5000 personnes, il y réalisait des lives controversés mais néanmoins très suivis. Au cours de ces shows Facebook déjantés, il invente et popularise des expressions devenues l’apanage de nombreuses fashionistas de Libreville : «Le buzz de ça », « La Gloire de ça », etc. Et l’on entend partout « la robe de la gloire », « le tissage de la gloire », « le look de la gloire » pour désigner un must, ou encore « bippez la brigade » pour dire partagez un max.

Il est des personnes qui traversent l’existence en marchant hors des sentiers battus, avec une attitude totalement à la marge de la société mais préfigurant des changements sociétaux à venir. Light Monsoh était de ceux-là. Il laisse un milieu gabonais de la mode totalement abasourdi par sa disparition. Mort d’une insuffisance rénale, selon la version de sa famille, Guy-Fernand Kombila (son nom pour l’état-civil) allait bientôt avoir 40 ans.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Goporow dit :

    Condoléances à la Famille !!

  2. Moussavou dit :

    Un pédé en moins dans les rues de Libreville…

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