Ouvrant les travaux du sommet sur le pétrole, le gaz et la transition énergétique, le 21 octobre à Libreville, le ministre du Pétrole a réaffirmé l’ambition du Gabon de se hisser au rang de géant africain et même mondial du gaz. Dans cet entretien accordé à Gabonreview, Vincent de Paul Massassa a soutenu que cette ambition passe notamment le développement de l’industrie gazière et le ‘’local content’’.

Vincent de Paul Massassa (droite) à l’ouverture du sommet sur le pétrole, le gaz et la transition énergétique, le 21 octobre 2021 à Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview : Qu’est-ce qui justifie l’organisation de ce forum ?

Vincent de Paul Massassa : Il serait de bon aloi de rappeler le contexte dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui. Il s’agit pour nous de reconnaitre qu’à l’échelle mondiale, il y a nombre d’opérateurs qui sont en train de se démarquer des énergies polluantes. Et parmi celles qui sont identifiées comme moins polluantes, figurent le gaz. Celui-ci, au Gabon, n’avait pas fait l’objet d’un intérêt considérable dans le passé. Aujourd’hui, il s’agit pour nous de marquer cet intérêt, lequel passe par une prise de conscience et une décision politique.

C’est ce qui a justifié que les textes, notamment les lois pétrolières votées par l’Assemblée nationale, aient mis l’accent sur l’aspect gazier. Cet aspect a d’ailleurs été renforcé par le chef de l’Etat, à travers un décret instituant le Plan d’accélération de la transformation (PAT). Cet ambitieux programme, dans sa stratégie gazière, nous impose d’étudier les différentes pistes d’utilisation du gaz. Par ailleurs, nous avons la reconnaissance de savoir effectivement que l’activité doit être prise en main par les nationaux, parce qu’elle passe par l’implication du plus grand nombre des spécifications des technologies par les sociétés autochtones, notamment à travers le contenu local.

Ceci a fait l’objet d’une prise en compte par les plus hautes autorités, parce que les aspects politiques ont été revisités et aujourd’hui, le président de la République a pris des décrets qui réservent certaines activités aux locaux, notamment dans l’industrie pétrolière et gazière. Aujourd’hui, nous partons dans une phase incrémentale d’accroissement des activités gazières, avec l’utilisation du gaz et la réduction de la dépendance par un ralentissement des importations gazières. Nous nous sommes engagés dans ce qui va être le développement gazier, par la construction des infrastructures structurantes, les efforts de recherche et de production du gaz à proprement parler, parce que c’est cela la voie du futur en ce qui concerne le Gabon.

Le Gabon dispose-t-il des moyens nécessaires pour l’exploitation de son potentiel gazier ?

Le Gabon a pris conscience que la transition énergétique passe par l’utilisation beaucoup plus accrue du gaz. Nous n’avions pas les infrastructures au départ. Mais, aujourd’hui, tous les efforts sont entrepris pour y remédier. D’où la construction effective d’infrastructures structurantes. Comme vous pouvez le constater avec la Société gabonaise d’entreposage de produits pétroliers (SGEPP) qui a récemment remis en équerre tous ses ballons récepteurs dans tout ce qui est stockage du gaz. Aujourd’hui, nous avons la construction à venir des centres de remplissage à Moanda, Ndjolé et Lambaréné. Au niveau de la Société gabonaise de raffinage (Sogara), nous avons l’augmentation des capacités en matière de production et de stockage de gaz. A côté de cela, nous avons le cas d’autres opérateurs, tel que Perenco, qui se lancent dans l’exploration et la transformation partielle de certains gaz.

Ce que nous recherchons ici à travers ces investissements, c’est beaucoup plus pour le gaz domestique : le Gaz de pétrole liquéfié (GPL), sans pour autant négliger le gaz naturel liquéfié (GNL). Pour cela, la construction d’infrastructures est envisagée et Perenco s’est déjà lancée dans cet investissement, notamment dans son centre de Batanga, avec la construction d’une usine GPL qui sera une des déductions de ce gaz qui revient de tous les champs. Donc, nous avons des infrastructures qui sont en construction, des opérateurs qui s’y investissent et un marché demandeur. C’est pour cette raison qu’aujourd’hui, nous disons avec fierté et fermeté que le Gabon est contraint de se doter d’infrastructures qui lui permettraient désormais de se hisser comme producteur-consommateur de gaz à l’échelle continentale et pourquoi pas mondiale.

Existe-t-il un cadre juridique approprié pour le ‘’local content’’ ?

Le ‘’Local content’’ n’est pas une vaine expression. Il s’agit d’abord d’un problème de politique et de responsabilité. La politique a été définie par le président de la République et l’ensemble des représentants du peuple, à travers l’adoption des textes de loi spécifiques. Il s’agit notamment de la loi pétrolière qui a été votée par nos député en 2019 et qui sanctuarise certaines activités dans le domaine et réservées aux sociétés autochtones. Ce texte de loi a été appuyée par un décret du président de la République qui institue et encadre la mise en œuvre ‘’local content’’. Aujourd’hui, c’est l’occasion pour nous de rappeler aux opérateurs mais, surtout, de vulgariser l’existence de ces deux textes. Il s’agit pour nous de faire en sorte que les sociétés comprennent l’exigence et l’obligation de ce que les sociétés locales doivent participer à la chaine de valeur et qu’un accompagnement nécessaire doit leur être octroyé.

 
GR
 

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