Les médecins généralistes et spécialistes du public et du privé se sont réunis le 8 avril 2015 en vue de créer un syndicat pour leur corporation.

© Gabonreview/Shutterstock

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Défendre les intérêts matériels et moraux de ses membres, défendre la place du médecin dans le système de santé national, contribuer et encourager toutes les formes de mesures visant à améliorer la santé de la population, tels sont les objectifs de la prochaine plate-forme, dont la mise en place a nécessité le 8 avril dernier la tenue d’une assemblée générale à huis clos au Centre hospitalier universitaire de Libreville.

Très convaincu que la «léthargie complice» ne les sert pas et qu’il importe de se mettre ensemble pour «défendre leur confrérie», ces hommes et femmes en blouse blanche, bien que moins nombreux ce 8 avril 2015 par rapport à ce à quoi l’on pouvait s’attendre, ont répondu favorablement à l’invitation du bureau provisoire ayant convoqué cette assemblée générale dans le quotidien «L’union» quelques heures avant ladite rencontre.

En effet, la carrière du médecin gabonais serait moins enviable par rapport à celle d’un fonctionnaire de la douane ou des régies financières, malgré les sept années d’études minimums requises pour le grade de docteur généraliste et la vingtaine pour certains professeurs. À cet écart de traitement salarial, ils ajoutent le peu de considération qui leur est réservée, disent certains d’entre eux, par les managers de la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale (CNAMGS).

Selon un médecin approché avant l’assemblée générale sus citée, le tableau est pour le moins noir pour sa corporation : absence de poste budgétaire depuis 2010 pour les nouveaux médecins ; non-immatriculation de plusieurs jeunes médecins à la CNAMGS ; traitement en défaveur par rapport à leurs collègues Marocains en poste à l’institut de cancérologie d’Angondjé à qui il est octroyé des véhicules de service, des logements avec prise en charge des frais SEEG, alors que ceux-ci n’ont toujours pas été les plus brillants dans les universités où ils ont étudié ensemble et se sont connus ; chômage pour leurs collègues Gabonais qui prestaient dans les hôpitaux aujourd’hui fermés de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et, last but not least, le fait que «dans toutes les structures sanitaires actuellement en construction, le matériel médical n’est jamais de 1er choix».

Outre cette litanie de complaintes, les médecins dénoncent la nature du partenariat qui lierait la CNAMGS à certaines cliniques privées du Maroc, de la Tunisie et de la Turquie concernant les évacuations sanitaires. «Plutôt que de les nouer avec les centres hospitaliers universitaires, la CNAMGS l’a fait avec des cliniques privées pour des questions de facturation et autres arguments financiers. Résultat : on enregistre de nombreux morts dans ces évacuations», a déploré la source avant de s’indigner contre le fait que «le professeur agrégé Nguema Mvé a été évacué au Maroc et est décédé. Deux autres médecins annoncés pour une évacuation en Turquie et au Maroc ont refusé d’y être évacués. L’un a souhaité qu’on lui donne le montant des frais du Maroc pour aller se faire soigner en France après avoir ajouté lui-même la différence des frais de traitement. Un autre est allé se faire soigner à ses frais personnels. Ce qui n’est pas normal !».

Cette assemblée générale constitutive marque une étape importante dans le processus de maturation d’un organe pour défendre les intérêts de ce corps. Un bureau provisoire a été mis en place, en attendant de sensibiliser un maximum de médecins pour donner davantage de poids à la structure syndicale en puissance.

 

 
GR
 

9 Commentaires

  1. John mba dit :

    Il était temps. On s’appuie toujours sur le serment d’hyppocrate pour maintenir ce corps dans la précarité au motif que l’argent ne doit pas constituer une priorité pour le médecin. Cet argument fallacieux reste encore d’actualité en Afrique ou l’on déplore les taux les plus forts de mortalité et une une espérance de vie des plus minables des populations négligées et démunies. Dans les pays que l’on tient pour exemple, les médecins sont des agents hors catégorie et des investissements lourds sont conssentis dans les plateaux techniques, les structures d’accueil et les soins des patients. Résultats: ces pays demeurent encore des destinations de tourisme médical pour nos décideurs qui puisent dans les caisses de l’état, et nos structures inadéquates demeurent des mouroirs réservés a la pauvre population qui crève du paludisme, du sida, du cancer… Même les simples accouchements sont devenus source d’angoisse quand on considère qu’une femme sur trois meure des suites d’un accouchement. C’est une honte et le sort réservé à ce milieu dans les pays qui se veulent émergents témoigne du vide de sens qui accompagne ce terme qui exige vraiment un sérieux sans faille. Le serment d’Hyppocrate date du 4ème siècle. On était à ce temps là encore à des années lumières de la révolution apportée par la simple radiographie standard ou le paracetamol. Grand savant de l’histoire, il serait d’avis que la considération portée au domaine doit évoluer avec le monde et ses exigences s’il lui était donné de vivre une journée du temps moderne. Ne nous cachons pas derrière les excuses pour régresser. La médecine exige de plus en plus de technicité, de savoir faire, de compétence… Vous le constatez d’ailleurs dans ces hôpitaux ou vous allez, oú vous êtes aux mains des gens formés avec sérieux et compétents grâce à la qualité de l’enseignement prodigué dans leurs facultés et leurs hôpitaux. Mais où n’êtes pas considérés à la hauteur du gros dos et des gros titres que vous affichez dans Libreville. Vous avez une chambre, un numéro et un interne, et les délégations qui vous accompagnent souvent au frais des fonctionnaires squattent dans les couloirs…
    Rendons au domaine sa dignité si on veut survivre demain. Parce que c’est par la qualité de l’éducation de nos enfants et par la qualité des soins que l’on apporte à notre population que les autres peuvent nous respecter.
    Courage à vous hommes de la médecine.

  2. Manzo sinandong dit :

    Vous aussi vous avez compris! C’est logique,on ne fait pas plus de sept année d’étude post bac pour effet les derniers de la chaîne au moment où les tolards et autre abroutis roulent carrosse et vivent mieux grâce à leur appartenance au cercle.

  3. matho dit :

    Vous avez raison,messieurs en blouses blanches!un peuple malade ne peut « emerger » et vous etes les garants de la santé de tout le monde.on constate,chez nous,que les professionnelles de la santé en général ne font l’objet d’aucune consideration de la part des pouvoirs publics.il est donc temps de réagir et d’agir.Soutien!!!!!

  4. l'ombre qui marche dit :

    john mba puis Manzo sinandong ont tout dit et ce qui me chagrine c’est cette équation marocaine qui s’impose à nous le gabon serait il devenu un pays d’esclaves? des médecins cancres chez eux au maroc qui viennent se pavaner au gabon ! Le serment d’hyppocrate c’est bien mais que peut on faire avec du mauvais matériel? c’est comme pour la rtg1 il faut pousser le curseur du volume presqu’à 100% pour entendre quelque chose et parfois sans crier gare le volume monte tout seul alors que dans d’autres chaînes de télé il suffit de 20% sur le curseur du volume pour être satisfait là aussi on est parti acheter de la pacotille en surfacturant ainsi la cnnii qui va acheter des bateaux d’occasion à des milliards et on étend cette médiocrité à la santé ma parole ils veulent s’accrocher au pouvoir tel des vampires mais pour gouverner qui? des morts-vivants?

  5. Bassomba dit :

    Ne nous leurrons pas, nos Docteurs (car ils ne sont pas les seuls à avoir un Doctorat) en Médecine sont parmi les plus nantis des fonctionnaires gabonais; il n’y a qu’à voir leur train de vie. Certains ouvrent des cliniques parfois « façon-façon », d’autres passent plus de temps dans les structures privées au détriment du public pour lequel ils ont un salaire de fonctionnaire. Vous avez des médecins qui consultent à la hâte dans une structure publique car c’est son salaire de fonctionnaire, mais qui prend tout son temps dans une structure privée car là il est payé au nombre des clients. Au total, nos hommes en blouse blanche, comme certains enseignants, gagnent de l’argent en tant que fonctionnaires, mais surtout en tant que contractuels dans la privé. Et ce dernier (le privé) semble rapporter gros!

  6. John mba dit :

    Bassomba allez voir qui officie en tant que médecin dans ces cliniques. Tout le monde sait que c’est des individus le plus souvent issus des pays voisins avec de faux diplômes. Ils font de la charcuterie dans ces cliniques de fortunes qui poussent partout. Et essayez de fermer ces cliniques elles repousseront en 2 temps 3 mouvements parce que elles appartiennent à …. Ceux la qui ont la charge de prendre les grandes décisions…

  7. matho dit :

    Si les cliniques et autres structures façon façon proliferent c’est d’abord et avant tout parce que en matiere de santé l’offre publique est,elle aussi, façon façon.

  8. Pauvre Gabonais dit :

    Affaire à suivre

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