Ayant été au cœur d’une polémique sur sa nationalité, Ali Bongo, l’ancien président déchu, avait étonnamment prononcé, le 12 septembre 2012 devant l’Assemblée nationale et le Sénat réunis en Congrès, un discours visionnaire appelant à valoriser la diversité au sein du Gabon. Un sermon mémorable aux antipodes des recommandations controversées du récent Dialogue national.

Ali Bongo avait cité, avec pertinence, Antoine de Saint-Exupéry : «Quand tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis.» © GabonReview

 

Les récentes recommandations controversées du Dialogue national inclusif au Gabon ont remis sur le devant de la scène les épineuses questions de la nationalité et de l’identité gabonaises. Ironiquement, c’est l’ex-président déchu Ali Bongo lui-même, dont la nationalité a été si âprement débattue par le passé, qui avait apporté un éclairage avisé sur ce sujet brûlant.

Dans un discours mémorable prononcé le 12 septembre 2012 devant le Parlement réuni en Congrès, Ali Bongo avait dressé un vibrant plaidoyer pour la valorisation de la diversité au sein de la Nation gabonaise. «L’histoire du peuple gabonais c’est encore celle des contacts parfois rudes, noués entre les différents villages-royaumes de la côte gabonaise et les colons établis au Fort d’Aumale (…) Le métissage s’en verra accentué et plusieurs familles gabonaises adopteront des patronymes à consonance étrangère. Nul ne peut aujourd’hui contester que ces familles sont gabonaises et qu’elles sont partie intégrante de notre histoire commune», avait-il martelé.

Loin de nier ou de refouler les apports extérieurs, le chef de l’État d’alors embrassait cette pluralité comme un atout majeur pour le Gabon : «Le Gabon, c’est la terre qui a accueilli, quoique dans des conditions particulièrement difficiles, Cheick Amidou Bamba, Samory Touré, Mohamed Allal El Fassi, et bien d’autres. (…) Toutes ces énergies, toutes ces intelligences et ces talents constituent des richesses qu’il faut savoir préserver, valoriser en autant d’acquis pour notre nation. Tous ces éléments sont des atouts et ne doivent pas être perçus comme des différences susceptibles de créer une quelconque menace».

Une vision résolument ouverte et progressiste, aux antipodes des dérives xénophobes et excluantes préconisées par certaines franges du Dialogue national inclusif. «Notre acceptation de l’autre dans sa différence, caractérisée par notre hospitalité légendaire (…) sont les fondements de notre ‘vivre ensemble’», martelait Ali Bongo, citant avec à-propos Antoine de Saint-Exupéry : «Quand tu diffères de moi, loin de me léser, tu m’enrichis.»

Le message d’ouverture du fils d’Omar Bongo prend aujourd’hui un relief encore plus saisissant quand on sait les origines controversées du président déchu lui-même. Accusé d’être d’ascendance biafraise et d’avoir été adopté, Ali Bongo n’a pas moins régné pendant des années sur un Gabon dont l’identité composite est précisément la marque de fabrique.

S’il a franchi la ligne rouge en s’accrochant de façon délétère au pouvoir, force est de reconnaître que son discours de 2012 sur le vivre-ensemble et l’intégration des apports extérieurs dans l’identité nationale gabonaise reste d’une brûlante actualité. Plutôt que de ressasser des critères d’éligibilité controversés, le Gabon ferait bien aujourd’hui de suivre les conseils avisés de son ancien président et d’embrasser pleinement sa diversité comme facteur d’enrichissement mutuel. Une leçon de sagesse à méditer. Tout n’était absolument pas mauvais dans les idées et l’action politiques d’Ali Bongo. Comptant comme une figure de l’histoire du Gabon, tout de lui n’est pas à jeter. Avis aux promoteurs irréductibles d’une page à tourner.

 
GR
 

13 Commentaires

  1. Nathan Dzime dit :

    Cher GR
    Aucun pays au monde ne s’appelle « Humanité « , quoique vous pensiez des aspirations légitimes d’un peuple gabonais qui a à jamais soif de se reconstruire.
    Quoique vous disiez, vous ne changerez pas le fait que le Gabon a toujours hébergé des communautés-amies, et que officiellement nous avons plus de 33% d’étrangers sur son sol, et que cela dépasse toutes les normes internationales en matière d’accueil des immigrants. Autant dire qu’en chiffre officieux, cela doit être 50%…!

    Nous comprenons que vois pleurez votre champion déchu (il y en a qui des gabonaissurtout opportunistes qui le supportaient), mais ce champion était une grosse tâche pour notre Nation, consécutive justement à notre ouverture à tout-va (incontrôlée) envers tous les apatrides de l’humanité.

    Si la « Tâche-Ali-Bongo » ne nous avait pas sorti de notre torpeur en arrachant le Gabon au vrais gabonais, on n’en serait pas.

    IL EST ET RESTERA DANS L’HISTOIRE DE CE PAYS, COMME LE VÉRITABLE RESPONSABLE DU RAIDISSEMENT DES GABONAIS ENVERS L’IMMIGRATION.

    Nous, Peuple gabonais, avons besoin de nous redéfinir et de nous ressouder. Le Peuple gabonais est certainement bête de rater la belle opportunité d’héberger tous les apatrides du monde entier chez lui, mais nous en prenons le risque…et c’est notre « DROIT LEGITIME ». Si vous allez jusqu’à nous dénier ce droit, cela signifie vraiment que, ce que fait le CTRI, devait avoir été réalisé depuis plus longtemps!

    Cher Nostalgique du régime de faussaires, de jouisseurs, de voleurs…; continuez de pleurer votre champion déchu…PENDANT DE TEMPS, NOUS, NOUS RECONSTRUISONS NOTRE ETAT, NOTRE PAYS, NOTRE NATION. Le reste c’est comme un sage l’avait dit: »Le Chien aboie, la Caravanne passe ».

    Patriotiquement Vôtre !

    • La Rédaction dit :

      Vous auriez pu essayer de nous surprendre, cher monsieur Dzime. Il faut dire que nous nous attendions à ce type de biais rhétorique effarouché. Mais, d’où proviennent donc vos chiffres? de la rumeur chauvine ou d’un organisme que vous pouvez indiquer pour vérification ?
      Nous savions bien que la simple référence à Ali Bongo, même dans ce qu’il a dit de bon et bien, allait révulser nombreux d’entre vous, « promoteurs irréductibles d’une page à tourner », à qui s’adresse le clin d’œil final de l’article.

    • FAUSTIN NOUGNUI dit :

      L’ex PRÉSIDENT des États Unis d’Amérique, BARACK OBAMA, métis, de père Kenyan, de mère américaine, il a été un des meilleurs présidents démocrates. Il existe aussi des Présidents 100% nationaux qui ont mal gouverné leurs pays. Si cela arrivait un jour au Gabon, on va aussi les exclure des hautes fonctions administratives du pays? Il faut une analyse très très approfondie sur la question et avoir une vision inclusive comme le CTRI le prône et non des réactions superficielles, épidermiques tout à fait compréhensibles mais exclusives.

    • Ngota dit :

      Merci Nathan,

      Je suis surpris par l’insistance de Gabonreview sur cette question. L’abondance de ses articles sur la question étonne, quitte à susciter la déception. Même Roxane Buenguidi s’y est mise à cœur joie. Ils ont tous oublié que les conclusions du DNI découlent des contributions des gabonais qui ont majoritairement exprimé leur volonté de retrouver leur fierté d’appartenir à la Nation gabonaise galvaudée.

      Ils essaient étrangement de nous convaincre que les gabonais n’ont pas été marginalisés par le régime déchu qui a choisi d’une manière si ostensible, de privilégier les gabonais d’adoption.

      C’est une indication bien nette des influences qui régentent ce média, je le crains…

  2. Ranguy dit :

    Bonjour à Gabonreview.
    Moi je ne jette pas en pâture ce très beau discours du président déchu devant le congrès gabonais, mais je retiens au moins ceci; Il existe bel et bien des Accrombessi, des Souleymane Liban… quelque part dans cette Afrique de fiers guerrier des forêts ancestrales.
    D’où ce semblant de replis identitaire des gabonais. Je ne vois nul part dans ce rapport du DNI une haine envers nos frères expatriés.
    Donnons simplement une chance de retrouver notre dignité. Seul les fonctions de souverainetés ont été protégé, les autres restent ouvertes et accessibles à tous les gabonais de souche et d’adoption.

  3. NBHYBOM dit :

    Et GabonReview insista sur la question.

  4. Moussavou Ngoma Brice dit :

    Bonjour,
    Comment et pourquoi le rejet des étrangers s’est propagé dans ce pays ? Pourquoi en sommes-nous arrivés là ? Nous avons été formés par des professeurs étrangers, nous vivons avec des étrangers depuis des décennies sans problèmes, beaucoup d’entre nous ont des parents étrangers. Comment donc des Gabonais en sont arrivés à faire des propositions d’une telles extrémités. Je pense que nous (gabonais et nos frères étrangers vivant au Gabon) devons donner des réponses froides à ces questions et rester mesurer. Pourquoi ? C’est le début de la solution. Personnellement, je suis contre la catégorisation de mes compatriotes. Je suis pour la diversité et l’ouverture. Mais cela reste un avis sur 2.000.000. Malheureusement si la majorité souhaite quelque chose, il nous sera très difficile de nous y opposer démocratiquement. Je crois qu’il est temps de faire faire preuve d’une extrême pédagogie et d’expliquer à nos compatriotes pourquoi certaines propositions ne sont pas bonnes, ne donnent pas une bonne image et ne doivent pas être appliqués. Nos frères des pays amis doivent aussi prendre cela comme une alerte et comprendre que manifestement quelque chose a mal tourné et les Gabonais ne l’acceptent plus. Ils doivent analyser la position des Gabonais de manière froide : Le pays change et tous ceux, gabonais ou pas, qui y habitent devraient également changer.

  5. Rembourakinda dit :

    Je comprends une partie de votre playdoiyer, mais déçu par votre conclusion. Aucun sage ne dira:le chien a boit… Toutes les objections sont recevables. Pour moi, l’Afrique est le continent noir, chaque africain doit y vivre en sécurité. Les frontieres c’est la conséquence de la confiscation. Avec le taux de natalité en vigueur sur le continent, les africains migrent vers l’Europe au péril de leur vie. Donc ne jetez la pierre à personne, le problème du Gabon et du continent est le sous-développement, la zone franc, le cfa. Il y a du boulot et je suis inquiet pour l’avenir. Figurez-vous qu’il manque 15.000 enseignants au Gabon pour plusieurs centaines de salles de classes, afin d’avoir une école de qualité, nous ne les Aurons jamais. Ce n’est pas la faute de nos frères africains si les gabonais veulent tous entrer dans la fonction publique. C’est ça notre handicap.

    • BEYEM dit :

      @ Rembourakinda,

      C’est vrai ce que vous dites. Mais les conclusions du DNI ont traité la question relative à certaines fonctions d’Etat. Ne faisons pas l’amalgame cela risquerait de mettre le gabonais dans mauvaise posture. J’avoue que nous sommes responsables de ce qui nous arrive. Nous avons trop cédé de pouvoir à une certaine catégorie d’étrangers affairistes, résultat du compte, nous devenons étranger dans notre propre nation.

  6. Ralph Ondzagha dit :

    Gabonreview c’est vous qui avez mal posé le problème , je sais que au sein de votre rédaction il y a aussi quelques frères étranges vous êtes gêné par ses questions qui fâchent, on ne refuse pas nos frères l’article est très partisan , je reproche votre article par exemple vous avez pris le mauvais exemple Ali était tout sauf un patriote qui a trahi notre pays, dans votre article il fallait donné des exemples concrets dans les mesures prisent par DNI qui sont xénophobes selon vous cités les .Moi je vous défie de nous dire si protégé nos souveraineté sur le plan économique , politique et social est un crime? il faut certains frères africains cessent ce jeux d’hypocrisie de panafricaniste à géométrie variable , arrêtons l’hypocrisie et de prendre de gabonais comme les plus naïfs et même temp vous nous traitez de paresseux et bureaucrate, et quand on vous prendre les décisions qui s’imposent nous sommes xénophobe en quoi ? Citez moi par exemple un autre pays africain ou un Béninois a été directeur de cabinet d’un chef d’état ? Un Malien qui fournis le matériels militaires à l’armé d’un pays africain, est ce possible dans un pays ? Ne prendre que cet exemple vous savez tous les dérapages que ce Mr et certains de ses compatriotes ont causés au gabon , comment voulez vous qu’après ça les gabonais réagissent ? Voilà comment il fallait posé le problème ou sont les fameux gabonais qui avaient inspirés ce fameux discours à Ali ? Ou sont ces sois disant binationaux qui avaient convaincu ALI et son PDG qui pouvaient construire mieux le gabon que les gabonais ? La plupart ont fuient le pays après l’avoir pillés est ce normal comme attitude de binationaux ? Ils se sont rappelés qu’ils ont un autre pays et nous nous avons que le gabon , donc on a le droit de défendre notre patrie. Faites un bilan des 14 ans de gouvernance avec ce panafricaniste vécu au gabon si d’après vous ça nous a servi ou déservi.jE respect votre point de vue mais je trouve injuste de votre pars la trajectoire partisane de votre article il fallait bien sortir les enjeux aussi bien positives que négatives de la question et c’est d’abord l’intérêt du gabon avant tous qui doit etre protéger pas celui des sois disant panafricaniste virtuel et à géométrie variable .

    • Ngota dit :

      Ralph Ondzagha,

      Bonjour et merci beaucoup.

      C’est vous qui avez perçu la raison de la prolifération d’articles qui prétendent défendre le panafricanisme au Gabon. Ce sont les influences des non nationaux ou de binationaux qui exercent dans Gabonreview.

      Il est certains que le panafricanisme qu’ils espèrent au Gabon, n’est qu’un moyen pour favoriser leur infiltration en profitant de la naïveté des gabonais. On sait tous qu’il ne se pratique pas dans leur pays d’origine et on sait qu’à la moindre perte d’encrage, ils feront demi tour dans leur pays d’origine.

      Ce sont eux qui font de nous des personnes xénophobes alors que ce que nous voulons pour la Nation gabonaise, ils le veulent pour leur Nation d’origine, sans qu’ils se perçoivent xénophobes eux-mêmes !

      Passons.

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