Le succès, à près de 70%, de la ville morte du 15 décembre contre les dernières mesures anti-Covid-19 devrait être perçu par le gouvernement comme un message. Dans ce contexte d’exaspération populaire, neuf (9) foyers de tension lancent des petites étincelles que devrait calmer le gouvernement. Un geste fort est à faire. L’autisme et la force peuvent avoir des revers. Attention à un variant de «L’effet Pangolin».

Face aux 9 grèves en perspective listées ici, le gouvernement va-t-il choisir de frapper et au besoin tuer ? Va-t-il s’astreindre au principe ‘’vox populi, vox dei’’ et revoir sa copie ? © Gabonreview/Shutterstock

 

Il y a eu, au début de l’année finissante, la «révolution des casseroles», mouvement de contestation contre des mesures gouvernementales anti-Covid-19 alors jugées suicidaires. Il a été réprimé dans le sang – deux morts par balles dans la nuit du 18 février 2021. Il y a, au crépuscule de la même année, une vague de contestation généralisée contre les nouvelles mesures sanitaires, mais aussi un ensemble de mécontentent des travailleurs, pour diverses raisons. Le gouvernement va-t-il s’entêter et faire ce qu’il a toujours su faire lorsque la grogne populaire monte : frapper et au besoin tuer ? Va-t-il s’astreindre au principe – vox populi, vox dei – qu’on ne fait pas le bonheur de quelqu’un contre son gré, et revoir sa copie ?

«L’effet Pangolin»

Vivant sur le continent africain, les populations gabonaises se comparent à celles de quelques autres pays subsahariens moins corsetées du fait du Covid-19 : le Cameroun voisin ou la Côte d’Ivoire où les mesures anti-covid sont moins restrictives, ne transformant pas pour autant ces pays cimetières à ciel ouverts. A juste titre, les autorités gabonaises ont eu des craintes avec les annonces d’apocalypse sur le continent, au début de la pandémie. Elles ont également craint «L’effet Pangolin», analyse du Quai d’Orsay annonçant que le Coronavirus allait mettre à bas les régimes «en bout de course en Afrique centrale,  (la) crise des sociétés, l’effondrement des Etats et (des) nouveaux rapports de force». La bourrasque est passée. L’apocalypse annoncée n’a pas eu lieu. La variant Omicron apporte de bonnes nouvelles et les médicaments arrivent. Il demeure cependant un fait : le succès de la ville morte du 15 décembre montre, quelque part, l’exaspération des populations face à une coercition qui ne dit pas son nom… pour une maladie désormais connue pour ne pas figurer dans le top 5 des causes de mortalité au Gabon.

Il doit y avoir dix mille manières d’obtenir «L’effet Pangolin», et le Gabon semble y parvenir. Par l’entêtement des sécurocrates devenus arrogants du gouvernement, par la surdité face au front social et la conviction que tout se règle par la communication mensongère, le déni des lois, la contrainte ou la coercition. Dans ce contexte voici neuf (9) foyers de tension que devrait calmer le gouvernement. 9 fronts sociaux à gérer. Un geste fort est à faire. L’autisme et la force ont des effets pervers. Attention à un variant de «L’effet Pangolin».

  • Fecorefi

Depuis le 25 novembre 202, la Fédération des collecteurs des régies financières (Fecorefi) a lancé une grève générale illimitée. Observé par les administrations des Impôts, Hydrocarbures et Trésor public, ce mouvement fait énormément de mal aux caisses de l’Etat. Les agents revendiquent : le versement de l’Intéressement spécifique (IS) et la Prime à la performance budgétaire (PPB), la revalorisation de l’appui budgétaire annuel alloué au titre de la prime et indemnités payées aux fonctionnaires.

  • Conasysed et Sena

Le secteur public de l’éducation nationale est, depuis deux mois, paralysé par le mouvement de grève orchestré par la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) et le Syndicat de l’éducation nationale (Sena). Ces organisations réclament principalement la production d’arrêtés instituant le guichet spécial pour accélérer le traitement des situations administratives, l’organisant des concours internes d’entrée à l’École normale supérieure (ENS) et à l’École nationale des instituteurs (ENI), une décision ministérielle créant la Commission de l’examen des dossiers des enseignants en activité dans le cadre du recrutement direct initié par la tutelle. Mais aussi une audience avec le Premier ministre ; le renforcement du dispositif sanitaire dans les établissements scolaires pour mieux lutter contre le Covid-19 ; la mise en place d’un guichet unique spécial chargé de l’accélération du traitement des situations administratives des agents du secteur Éducation, au regard de leur nombre, et la publication des nominations des autres personnels, notamment les responsables administratifs.

  • Synapef

Le Syndicat national des agents des Eaux et Forêts (Synapef) a relancé, le 17 février 2021, la grève générale illimitée suspendue en septembre 2020. Le département ministériel supervisé par Lee White est secoué par ce débrayage. Les réclamations portent sur la réhabilitation de la «prime sectorielle et l’invite à enclencher les mécanismes d’épuration des 27 trimestres dus de 2014 à 2020, comme arrêté dans le rapport de la Commission ministérielle d’examen de la dette, déposé depuis le 6 avril 2021 sur la table du Ministre de Tutelle. Les grévistes souhaitent également le départ de l’actuel ministre de tutelle et s’opposent par ailleurs à l’obligation vaccinale imposée par le gouvernement. Ils dénoncent également la mise sous bons de caisse illégale des salaires des agents en grève, par le truchement d’une procédure viciée, des intrigues et pratiques rétrogrades concoctés par leur tutelle et l’arrogance de leur ministre.

  • Les anciens agents de l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI) en sit-in

Ce 14 décembre, les anciens agents de l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI) observaient un sit-in devant le Trésor public. Quatorze mois après la suppression de l’ANGTI, par décision du Conseil des ministres du 2 octobre 2020, ils réclament le paiement de leur solde de tout compte. Pour eux, il y a un refus du Trésor d’exécuter l’ordre de paiement qui lui a été fait par le ministère du Budget. Ce qui est symptomatique de bugs énormes dans la chaîne de commandement, d’une tension de trésorerie ou plus simplement de caisses de l’Etat vides.

  • Élèves-professeurs en grève de la faim

Quatre élèves-professeurs de l’École normale supérieure (ENS) ont entamé depuis le 24 novembre, devant le portail central de l’établissement académique, une grève de la faim. Ils veulent leur «réhabilitation, un nouveau Conseil de discipline qui soit équitable et où les précédents membres ne siégeront pas». Il y a un an, ces derniers ont été exclus, à six mois de la fin de leur formation, sous prétexte qu’ils auraient chahuté une enseignante, cassé et brûlé des biens de leur établissement durant une grève. Pour rappel, le printemps arabe est parti de l’immolation d’un vendeur ambulant tunisien.

SYNDICATS PROJETANT UNE GRÈVE

  • Syntee, SEERPAC et Onep

Trois organisations syndicales gabonaises des secteurs pétrole et activités connexes, Eau et Électricité du Gabon, outrées par les dernières mesures gouvernementales de lutte contre le Covid-19 envisagent une grève générale dès le 27 décembre prochain. Le Syndicat nationale des travailleurs du secteur de l’eau et électricité (Syntee), le Syndicat des employés et ex-employés du pétrole et activités connexes (SEERPAC) et l’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep) estiment, entre autres, que «par la non-exigence d’un test PCR négatif aux personnes vaccinées susceptibles de transmettre le virus, le gouvernement et les employeurs ont décidé de la mise en danger de la vie des travailleurs non-volontaires au vaccin». Ils dénoncent «l’obligation vaccinale fixée par certains employeurs comme condition d’accès aux postes de travail, dans l’indifférence totale du gouvernement», «l’augmentation du coût du test PCR et son caractère obligatoire» qui «pèse sur les salaires des travailleurs sans aucune compensation», ainsi qu’ils fustigent «la discrimination des travailleurs non-volontaires au vaccin» opérée par le gouvernement et les employeurs et ce, «en violation du Code du travail qui dispose en son article 9 alinéa 1 que : tous les travailleurs sont égaux devant la loi et bénéficient de la même protection et des même garanties».

  • Synapsa

Le Syndicat national des personnels de santé et assimilés (Synapsa) se dirige également vers une grève générale le 27 décembre 2021. Cette organisation «s’étonne de l’obstination du gouvernement à vouloir faire vacciner coûte que coûte toute la population avec des sérums en phase expérimentale». Par ces mesures, précisent les membres de ce syndicat, «le gouvernement viole l’intégrité physique des populations ainsi que le pacte international des droits civils et politiques en son article 7».

Condamnant avec vigueur, «l’approche sacrificielle optée par le gouvernement», le Synaps annonce revendique : la régularisation de toutes les situations administratives ; l’ouverture des écoles de santé ; le paiement intégral des réclamations de l’indemnité covid19 et de la PIP 2e trimestre 2015, le paiement de l’indemnité covid-19 aux autres agents exclus lors du paiement ; l’effectivité des formations promises aux agents de la santé depuis le 5 mai 2021 et invite «le gouvernement à décliner le plan d’utilisation des fonds qui pourraient résulter des tests PCR en cette période où tout manque dans l’ensemble des structures sanitaires du pays: pas de lits, pas d’oxygène et autres outils de travail, bref les conditions de travail demeurent encore rustiques dans la plupart des établissements sanitaires sur toute l’étendue du territoire national sous le regard impuissant des mêmes autorités qui veulent faire de notre pays un champ d’expérimentation à tout va».

  • Cosyga

Première  et plus ancienne organisation des travailleurs au Gabon,la Confédération syndicale gabonaise (Cosyga) a déposé un préavis de grève de 10 jours sur la table de Rose Christiane Ossouka Raponda, le Premier ministre.  Elle exige l’annulation de l’arrêté N°559/PM du 25 novembre 2021 portant nouvelles restrictions contre le Covid-19, jugées trop «déshumanisantes» et  ayant pris effet le 15 décembre courant. Si rien n’est fait cette confédération pourrait entrer en grève le 23 décembre 2021.

  • Synec

Le Syndicat national des établissements de crédits (Synec) devrait également entamer une grève dès le 23 décembre 2021. Un préavis à cet effet a été déposé au cabinet du Premier ministre pour protester contre l’entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales prises dans le cadre de la riposte contre le Covid-19. «Notre mouvement de protestation commencera le 23 décembre 2021 à 7h30 pour une durée illimitée», a laissé entendre le secrétaire général du Synec,  Aude Laetitia Mapenda.

Sauf à admettre que le pays est en faillite de gouvernance, le gouvernement Ossouka Raponda a du pain sur la planche.

 
GR
 

4 Commentaires

  1. SERGE MAKAYA dit :

    « Le succès, à près de 70%, de la ville morte du 15 décembre contre les dernières mesures anti-Covid-19 devrait être perçu par le gouvernement comme un message. »

    SAUF QUE NOUS N’AVONS TOUJOURS PAS DE GOUVERNEMENT VRAI DEPUIS L’INSTALLATION DES BONGO EN 1967. NOUS N’AVONS QUE DES USURPATEURS A LA TÈTE DU GABON. USURPATEURS INSTALLE PAR LE QUAI D’ORSAY. ET C’EST LA OU CA SE COMPLIQUE POUR LE PEUPLE GABONAIS.

  2. Cheriph Angoundou dit :

    Un gouvernement qui ment et crois à son propre mensonge. Ils disent que des personnes avec des maladies connue telle que le diabète, la HTA, etc ne doivent pas être vaccinées. Mais ils nous montre le Président recevant sa dose du vaccin, ils se moquent de qui?

  3. Germain MBA dit :

    La ville morte du 15 décembre 2021 a été un succès retentissant. C’est déjà un bon début chers compatriotes. Le combat continu et retenez que plus la bataille est périlleuse, plus la victoire sera savoureuse.

Poster un commentaire