Les acteurs de l’économie gabonaise confondraient-ils les sociétés du secteur extractif avec des compagnies d’assurance ?

Les lois gabonaises, fondées sur un droit du travail archaïque copié sur la France dans les années 60, vont à l’encontre de toute adaptation au cycle des matières premières. © Gonzalez Thierry -Total

 

Face à la lourde crise qui frappe le secteur extractif au Gabon, sur fond de baisse marquée du cours des matières premières (notamment du manganèse, mais aussi bien sûr du pétrole, premier produit d’exportation du pays), nombre de sociétés de services font face à de graves difficultés financières.

Beaucoup a été écrit à propos du redressement judiciaire de l’entreprise marocaine Satram, mais plus récemment ce sont les sociétés SGS (propriété de la famille Bongo) ou encore la multinationale française Bolloré qui sont en difficulté. Il faut dire que beaucoup de leurs clients, à savoir les plus grandes sociétés minières et pétrolières actives dans le pays, se sont trouvés dans l’obligation de suspendre leurs contrats en attendant de reprendre pleinement leurs activités.

Ces périodes d’ajustement sont courantes dans les industries extractives dont le destin est étroitement lié au cours de telle ou telle matière première. Ce qui est frappant dans la crise actuelle, c’est la réaction des sociétés de service qui formulent des demandes pour le moins inhabituelles à leurs clients, qu’elles accusent de les forcer à licencier. Certaines vont jusqu’à réclamer une prise en charge du paiement des salaires de leurs employés qu’elles sont selon elles dans l’incapacité de conserver.

Les sous-traitants du secteur extractif devraient connaître la loi économique qui a toujours régi leur métier. Les industries minière et pétrolière sont cycliques et dépendent des cours des matières premières, traditionnellement caractérisés par une forte volatilité. Il faut préciser que ces entreprises facturent le prix de leurs services jusqu’à, au moins, trois fois plus cher que dans les autres secteurs, justement en prévision de cette volatilité. Elles ont donc gaspillé leurs années de vache grasse. Est-ce la responsabilité des entreprises minières et pétrolières si leurs prestataires ont mal géré leur cash-flow ?

Plus profondément, les extraordinaires exigences des sociétés de service sont le révélateur de tout ce qui ne va pas dans le système extractif gabonais. Il est vrai que l’environnement mondial s’est singulièrement dégradé, mais certains ingrédients particuliers au Gabon aggravent encore la situation, ce à trois niveaux : un climat des affaires en chute libre, une culture économique fondée sur l’assistanat et une politique nationale de gestion des ressources humaines inadaptée aux réalités économiques d’un pays en concurrence avec le reste du monde.

Les difficultés du climat des affaires au Gabon pèsent lourdement sur les performances du secteur extractif, comme en témoignait un récent article paru dans Jeune Afrique : incertitudes persistantes sur l’exercice du pouvoir au sommet de l’État, dégradation continue du climat des affaires, politique fiscale défavorable, quotas de production imposés par l’OPEP ou encore nouvelle réglementation de la CEMAC sur les changes – qui devrait s’appliquer dès janvier 2021 au secteur extractif. Tous les ingrédients sont effectivement réunis pour provoquer une crise sans précédent.

C’est là qu’intervient la question de la politique de ressources humaines inspirée par le gouvernement gabonais depuis des décennies. Les lois gabonaises, fondées sur un droit du travail archaïque copié sur la France dans les années 60, vont à l’encontre de toute adaptation au cycle des matières premières. Ce code du travail protège excessivement l’emploi, au détriment non seulement de l’agilité des entreprises du secteur, mais aussi de la créativité de leurs personnels et du dynamisme à long terme des talents gabonais.

Si le problème est profond, les solutions existent. Bien sûr, il est souhaitable que le gouvernement gabonais retrouve un peu de bon sens. Il peut par exemple libéraliser le marché du travail pour permettre aux entreprises de s’adapter en temps de crise, tout en proposant aux professionnels qui se retrouvent sur le marché de l’emploi de poursuivre des formations. Mais, surtout, il faut urgemment repenser la manière dont les acteurs de l’économie gabonaise semblent confondre les entreprises extractives avec des sociétés d’assurance.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. PV dit :

    C’est quoi ce charabia Monsieur Dimitri Mimongo, honte à vous! Vous êtes un lâche. En France, en Amérique, en Allemagne il existe un système d’assurance chômage. Où est-il au Gabon.

    La fortune de la famille Perodo propriétaire de PERENCO c’est au minimum 9 milliards d’euros en Europe sans compter tout ce qui est caché sur des comptes offshore! c’est 6000 milliards de CFA soit 3 années de budget du Gabon!

    Les nuls d’Euramet certes perdent de l’argent, mail la Comilog en gagne beaucoup! Idem pour tous les autres.

    Que vous posiez ce sujet dans la phase de récupération de la crise peut être…a condition de vouloir mettre en place des processus équivalents. Mais au fond de la vague… Honte à vous! Qui vous a payé pour écrire de telles inepties ?

    Oui la loi est telle qu’elle est car c’est l’assurance chômage et le liant qui fait société dans l’organisation actuelle.

    Cette loi en temps de crise sauve des vies. En plus, elles ont reçues du gouvernement des ristournes fiscales… c’est pas pour s’en mettre encore plus dans les poches mais pour rester le ciment qui lie la société Gabonaise.

    Employeurs assumez, vos employés et ceux de vos soustraitants vous le rendront.

    • Eniga dit :

      Mais mon frère, nous ne sommes pas en France, ou en Occident, d’ailleurs au USA et hors Occident, il n’existe presque pas de système d’assurance pour le chomage.

      Le système actuel d’assistanat doit cesser.
      A commencer par la fonction publique, ou il existent pléthore de fonctionnaires sans affectation aucune.C’est un gaspillage honteux de l’argent de l’Etat, et des ressources humaines de ce pays.

      Depuis le début de cette crise, quelle mesure a prise le gouvernement pour entrer dans l’austérité nécessaire.
      Rien n’est fait, nous continuons comme avant, augmentation de l’IRPP, pression accrut sur les pauvres entreprises qui essaient de résister à ce drame économique et social.

      Dans sa recherche désespéré d’argent, l’Etat oublie que trop l’impôt tue l’impôt.

  2. Eniga dit :

    Créer votre entreprise, et ayez des salariés déclarés, et vous verrez à quel point lorsque l’économie est en crise, le code du travail obsolète actuel est impossible à respecter.

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