Gabon : L’université Omar Bongo sous haute surveillance

Le 10 juillet à Libreville, les étudiants de l’Université Omar Bongo (UOB) ont lancé un mouvement d’humeur pour réclamer l’annulation du décret n°00148 du 7 juin 2021 fixant les régimes de bourse au Gabon et le paiement de la dotation spéciale comme décidé avec la tutelle. Ils ont été dispersés par les forces de l’ordre qui, jusqu’à ce 11 juillet, étaient postées au « Grand portail » pour dissuader les grévistes.

Les forces de l’ordre ont été déployées à l’UOB pour monter la garde. © Gabonreview

Aux abords de l’Université Omar Bongo (UOB), ce mardi 11 juillet, des forces de l’ordre montant la garde mais surtout, prêtes à réprimer tout rassemblement d’étudiants au « Grand portail » et dans le campus. Une mesure dite de sécurité souvent adoptée. Il est question de prévenir la répétition des manifestations d’étudiants qui, la plupart du temps, perturbent les activités au sein du campus et la circulation sur la voie principale lorsqu’ils réclament le paiement de leurs bourses. Le 10 juillet, ils ont pour ainsi dire manifesté leur mécontentement en barricadant l’entrée principale, investissant aussi bien le campus que la voie principale perturbant ainsi la circulation. Déployées sur les lieux, les forces de l’ordre ont dispersé les grévistes avant de débarrasser les barricades.

A l’origine de leur mouvement, plusieurs réclamations dont l’annulation du décret n°00148/PR/MESRSTTENFC du 7 juin 2021 fixant les régimes de bourse d’études en République Gabonaise. Selon ce décret, «pour avoir une bourse en République Gabonaise, l’étudiant en cycle Licence doit être âgé de 22 ans au plus au moment de la demande et avoir obtenu son baccalauréat au premier tour en plus des moyennes de classe, pour les étudiants en cycle Master, être âgé de 26 ans au plus au moment de la demande et ceux en cycle Doctorat doivent avoir 30 ans au plus au moment de la demande». Les étudiants estiment que le facteur âge pénalise et exclu beaucoup d’entre eux. D’où leur montée au créneau.

Les barricades érigées le 10 juillet, ont été démantelées. © Gabonreview

La tutelle soupçonnée de freiner le paiement de la dotation spéciale

En plus de ce décret, disent-ils, s’ajoute la non attribution, depuis plusieurs mois, de la dotation spéciale établie pour venir en aide aux étudiants touchés par le décret 148 dans l’optique de réduire son impact sur le quotidien de ces étudiants. A ce propos, le collectif d’étudiants s’est entretenu avec des responsables de l’Agence nationale des bourses du Gabon (ANBG) afin de comprendre pourquoi cette dotation spéciale n’a toujours pas été mise à leur disposition. Lors des échanges, a indiqué le collectif, l’ANBG a fait savoir qu’«elle est prête à payer cette dotation, mais il faut un arrêté signé du ministère de tutelle comme cela avait déjà été le cas en 2011-2012 par le ministre de l’Enseignement supérieur de l’époque».

Or, lors d’une réunion tenue en avril dernier entre les étudiants, le secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur et le directeur de cabinet du ministre, il avait été confirmé que le ministre avait signé l’arrêté y relatif. «Sauf qu’en réalité, il n’en est rien», assure le collectif qui soupçonne le ministère de l’Enseignement supérieur de freiner volontairement le paiement de la dotation spéciale. Ce sont quelques 867 étudiants (en cycle Master et Doctorat) en instance de soutenance, régis par le décret 404 avant l’apparition du 148, qui n’ayant pas leurs inscriptions disent broyer du noir. Ils veulent en outre que le décret 148 ne s’applique qu’aux nouveaux entrants et non à ceux qui étaient déjà dans le système avant son adoption. Ayant choisi la grève à l’UOB pour s’exprimer, ils sont sous haute surveillance.

Van Malongo (Stagiaire)