Gabon : «Opération Vautour» pour traquer les prédateurs sexuels

Alors que les scandales de pédophilie dans les milieux du sport au Gabon alimentent la chronique, l’Observatoire chrétien pour la paix (OCP) a appelé, le 23 décembre, le président Ali Bongo à lancer l’«Opération Vautour», pour traquer tous les prédateurs sexuels.

Pour l’OCP, Ali Bongo doit faire preuve de tolérance zéro face à la pédophilie. © D.R.

Lors d’une conférence ce 23 décembre, l’Observatoire chrétien pour la paix (OCP) s’est prononcé sur la vague des scandales de pédophilie dans les milieux sportifs. Il estime ces scandales viennent assombrir d’avantage le climat délétère du pays. «Pour notre part, cette situation n’est que l’iceberg d’un vaste réseau bien huilé et bien organisé qu’il faut démanteler en remettant les auteurs à la justice», a déclaré Max Alexandre Ngoua, le coordinateur de l’OCP.

Si la Fédération gabonaise de football (Fegafoot) a lancé un appel à témoin des victimes, l’organisation trouve grotesque que la Fegafoot lance cet appel à témoin aux victimes alors que «elle-même est mise en cause». L’OCP espère à juste titre que les autorités judiciaires iront jusqu’au bout de l’enquête, en punissant au-delà du manager « Capello », tous les auteurs de ces actes et surtout en indemnisant les victimes.

«Nous interpelons l’Assemblée nationale, à auditionner le ministre des Sports et tous les présidents de fédération», a déclaré le coordinateur de l’OCP, Max Alexandre Ngoua. Face aux dernières révélations qu’il juge «fracassantes et honteuses», s’agissant de l’encadrement de l’équipe nationale de football des moins de 17 ans, l’OCP invite également le procureur de la République à se saisir de cette affaire. «Nous souhaitons voir son épilogue», a dit Max Alexandre Ngoua.

Alors que l’homosexualité a été dépénalisée dans le pays, cette organisation chrétienne en vient à se demander si avec un vote expéditif dans les deux chambres du Parlement, cette dépénalisation était «un moyen pour légitimer cette barbarie de prédateurs sexuels sur nos enfants». Dans sa démarche, l’OCP prie le président Ali Bongo d’initier «une vaste opération vautour pour traquer tous les prédateurs sexuels dans le milieu de sport».

Ali Bongo ira-t-il jusqu’au bout ?

Les membres de l’OCP lors de leur déclaration du 23 décembre. © D.R

Ce, à l’image des opérations Mamba et Scorpion initiées dans le cadre de la lutte contre la corruption. A travers des posts sur ses pages Facebook et Twitter, le président gabonais avait assuré que «la pédophilie est l’un des crimes les plus graves qui puissent être commis». «Elle n’a pas sa place au Gabon», avait poursuivi Ali Bongo qui indiquait que «quand les faits sont avérés, les abus envers les enfants doivent être sanctionnés par la Justice avec une extrême rigueur». «Face à l’intolérable, il faut être intraitable !», avait lâché le chef de l’Etat qui semblait crier justice. Ira-t-il au-delà de ce post qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux ? La question taraude bien d’esprits. L’onde de choc crée par ces révélations confortent les membres de l’OCP qui espèrent bien que Ali Bongo lancera l’ «Opération Vautour» pour traquer ces prédateurs sexuels qui ont détruit la vie de ces enfants. «L’habit ou la veste de leur fonction ne saurait être un motif d’immunité», a déclaré Max Alexandre Ngoua.

Aucune pitié pour les bourreaux, a-t-il affirmé, citant les saintes écritures et particulièrement le livre de Jérémie 22 :13, «la Bible nous déclare : malheur à celui qui bâtit sa maison par l’injustice et ses chambres par l’iniquité ; qui fait travailler son prochain sans le payer, sans lui donner son salaire». L’OCP dénonce également la faiblesse de la Justice gabonaise face à la politique, assurant que cet état de fait engendre plusieurs foyers de frustrations et tension. «Si nous ne regardons pas notre rétroviseur avec vérité et honnêteté, notre pays ira droit contre le mur», soutient l’OCP qui invite les victimes de pédophilie «à se constituer en partie civile et porter plainte devant les tribunaux nationaux et internationaux».