Au Gabon où le raïs de la communauté musulmane a été déchu de sa fonction de président de la République, le Conseil supérieur des affaires islamiques (CSAIG) pense à se réorganiser. Absent des rencontres officielles organisées dans le pays par le Comité de transition depuis sa prise du pouvoir, l’imam Ismaël Oceni Ossa pourrait perdre son poste de président du CSAIG.

L’imam Rachid Mbadinga, lors de la déclaration. © D.R.

 

La communauté musulmane du Gabon pense à se refaire. Gangrenée par des conflits internes depuis plusieurs mois, elle a, le 30 août, assisté à la déchéance de son raïs par ailleurs président de la République, Ali Bongo. Déchéance qu’un collectif des imams autour de l’imam Rachid Mbadinga, le vice-président 2 du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon (CSAIG), a semblé approuver à travers une courte déclaration le 10 septembre. «Au nom d’Allah le tout miséricordieux, la communauté musulmane du Gabon par la voix des imams, salue l’action salvatrice du CTRI», a déclaré l’imam.

À l’aune de la nomination des membres du Sénat de la transition parmi lesquels devraient se compter cinq personnes désignées par les confessions religieuses, d’aucuns soupçonnent ce groupe d’imams de faire un appel du pied au général de brigade Brice Clotaire Oligui Nguéma qui a le pouvoir de nomination. Par la voix du vice-président 2 du CSAIG, cette communauté a dit rassurer le président de la transition et sa suite, «de son soutien sincère et exprime son entière disponibilité à l’accompagner dans cette transition». «C’est légitime», a commenté un musulman qui estime que dans le pays, «l’islam a souvent voire toujours été dans le champ politique». «N’en déplaise», a-t-il ajouté estimant que «tout est à refaire au sein de cette communauté».

Ali Bongo honni par ses frères musulmans ?

Sans dire un mot sur le raïs autrefois adulé voire invoqué à chaque sortie, ces imams ont dit saisir cette occasion pour remercier les autorités de la transition qui, a estimé l’imam Rachid Mbadinga, «ont su ouvrir une nouvelle page de l’histoire dans notre pays tout en préservant la paix et la cohésion sociale». Façon de honnir Ali Bongo ? Au milieu de la situation actuelle du pays perdure le malaise au sein de la communauté musulmane au point que certains musulmans appellent plus que jamais, à la réorganisation de ce milieu. «Nous n’allons pas attendre une réunion spéciale pour le constat de la situation. Le collectif des imams gabonais doit se réunir pour nommer un nouveau représentant», a commenté un autre musulman.

«Les imams appellent toute la communauté musulmane au calme et à la sérénité. La réorganisation du Conseil supérieur des affaires islamiques du Gabon fera l’objet d’un communiqué ultérieur dans les meilleurs délais», a informé le vice-président 2 du CSAIG. C’est d’ailleurs lui, l’imam Rachid Mbadinga, qui représente cette communauté lors des rencontres officielles organisées dans le pays par le Comité de transition depuis sa prise du pouvoir. Président du CSAIG et alors que ses fils sur qui pèsent de graves accusations sont accablés par les militaires au pouvoir, Ismaël Oceni Ossa se fait plutôt discret. Avec la réorganisation du CSAIG, il pourrait finalement passer le flambeau tant, des musulmans appellent à sa démission depuis plusieurs mois. «Il faut retenir que nous n’avons plus à accepter n’importe qui à la tête de notre communauté. Plusieurs Gabonais sortent des universités islamiques. Donc stop à la médiocrité. Place à l’excellence», disent ces musulmans.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Il ne faut pas avoir peur mes frères musulmans. Le Gabon est un pays de tolérance. Ali Bongo n’est plus président du Gabon. Ça ne veut pas dire que l’Islam aura des problèmes chez nous. Nous sommes tous frères. A Ntare Nzame. Le président de la Transition Brice Clotaire Oligui Nguema, même s’il est chrétien, il ne vous oublie pas. Que la paix soit avec vous mes frères musulmans. A Ntare Nzame.

  2. Gayo dit :

    L’Islam étant une idéologie politique, pas surprenant qu’elle ait été celle qui a fait plus de copinage avec le régime déchu d’Ali Bongo. Il faut reconnaitre que la séparation de la religion et de l’état est en inadéquation avec les textes fondateurs de l’Islam. En effet, on verra mal l’église catholique ou l’église protestante faire du président d’un état laïc son chef. Et comme la politique est jeu d’intérêts, le CSAIG retourne la veste comme tous les alliés et proches d’Ali Bongo y compris ses parents.

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