Capacité litière insuffisante, absence de médicaments, carence en personnel… autant de maux qui empêchent l’hôpital psychiatrique de Melen de remplir convenablement ses missions. Une situation due en partie, à croire le directeur général de cet établissement, à la faiblesse du budget estimé à peine à 200 millions de francs CFA. Dans cette interview accordée à Gabonreview, Thierry Bayito Mokoko espère  que la situation va s’améliorer.

Avec des moyens peu conséquents, l’hôpital psychiatrique de Melen fonctionne au ralenti. © D.R.

 

Gabonreview : Quelles sont vos difficultés les plus marquantes ?

Thierry Bayito Mokoko : Actuellement, nous avons un problème de places. C’est la raison pour laquelle beaucoup de malades mentaux trainent dans les rues. En effet, la capacité litière n’est pas assez importante : nous tournons autour de 100 lits. Et là encore, seuls 80% de ces lits sont fonctionnels. Il faut doubler, voire tripler, la capacité litière. Cela passe également par la construction au sein du centre, de nouveaux bâtiments. Cela va peut-être inciter les parents ayant des malades chez eux, à venir nous confier ces derniers.

Quid de l’opération de ramassage des malades mentaux ?

Ce sont des opérations ponctuelles que nous menons. Lorsque nous constatons qu’il y a des places qui se sont libérées au sein de l’hôpital, tout de suite on met en place deux équipes pour transférer les malades mentaux vers l’hôpital et ces derniers sont pris en charge. C’est ainsi que nous procédons. En fait, ce n’est vraiment pas le rôle de l’hôpital d’aller ‘’ramasser’’ les malades mentaux dans les rues. Mais lorsque le gouvernement nous le demande et sur notre propre initiative, nous le faisons.

Bénéficiez-vous de l’appui de la tutelle ?

Notre budget est toujours stagnant, il n’évolue pas. Jadis, il y a peut-être dix ans, il oscillait entre 400 et 500 millions de francs CFA. Or, aujourd’hui, cette enveloppe est de près de 200 millions de francs CFA. Avec ce budget, nous ne pouvons pas nous en sortir, surtout pour l’achat des médicaments. Heureusement, il y a une lueur d’espoir avec les médicaments injectables, que nous achetons par l’entremise de l’Office pharmaceutique national (OPN) qui à un partenaire en Europe. Nous sommes déjà à 25-30 millions de francs CFA d’achats en médicaments. Ce n’est pas encore suffisant car nous ne sommes qu’à la moitié du chemin. Et nous espérons atteindre notre objectif de 50 millions d’achats en médicaments, si l’Etat nous verse régulièrement notre budget.

Êtes-vous bien pourvu en personnel ?

Le personnel est insuffisant. Au Gabon, dans les structures publiques comme la nôtre, nous n’avons que deux médecins psychiatre : ce qui est vraiment insuffisant. Nous avons actuellement près de huit techniciens supérieurs, c’est déjà ça. Mais, il faut qu’on ouvre au sein de l’Institut national de formation d’action sanitaire et sociale (Infass), une filière santé mentale pour former non seulement les personnels qui vont servir ici, mais également à l’intérieur du pays. Nous avons neufs centres hospitaliers régionaux dans le pays, et dans ces structures, c’est une des missions qui m’avait été assignée, il fallait ouvrir une unité de psychiatrie devant être gérée par un technicien supérieur. Il fallait également voir dans quelle mesure le médecin pouvait passer dans chaque province, au moins une fois par an, faire l’état des lieux et le suivi de la prise en charge des malades mentaux. En résumé, il y a donc un problème de formation.

Pensez-vous que la situation va s’améliorer au sein de l’hôpital psychiatrique de Melen ?

Bien sûr ! C’est d’ailleurs l’un des chevaux de bataille du ministre de la Santé. Lors de sa prise de fonctions, sa première visite officielle était l’hôpital psychiatrique de Melen. On a bon espoir que la situation va s’améliorer avec l’implication de tous. La nôtre, comme celle des entreprises qui souhaitent savoir comment elles peuvent nous aider. Nous y travaillons et avons bon espoir que ces projets vont aboutir.

 
GR
 

0 commentaire

Soyez le premier à commenter.

Poster un commentaire