Si l’Internet est essentiel pour entrer dans le « nouveau monde » et que lutter pour y accéder à moindre coût devrait être une priorité, certains Gabonais s’opposent pourtant à l’action, lancée sur les réseaux sociaux, de boycott des maisons de téléphonie mobile, deux heures par jour, pour faire baisser les tarifs. Ils estiment que ce n’est pas une priorité dans un pays où les gens manquent de nourriture, d’eau, de soins de santé et d’éducation. Abslow recadre les oppositions systématiques et les divisions qui empêchent les Gabonais d’être unis et solidaires dans leur lutte contre la vie chère et tous les autres problèmes communs.

© Gabonreview

 

Depuis mon village à Oyem où je me ressourçais le week-end dernier, j’ai pris connaissance du nouveau débat qui passionne les Gabonais. Le fameux boycott proposé par certains compatriotes révoltés par le coût exorbitant des services de téléphonie mobile, et spécifiquement de l’Internet, pour tenter de faire baisser ces tarifs, a suscité l’indignation de certains autres Gabonais.

Comme toujours dans ce doux pays, tout est sujet à polémique, à tiraillements, à affrontements et trop souvent à déraillements. Notre train national, à force de quitter les rails du chemin de fer obsolète, aurait-il fini par nous inspirer à quitter le rail de la raison ? Parce que ce que je vois comme arguments pour désavouer une action de contestation civile utile, est tout simplement hallucinant.

Nous devrions-nous demander pourquoi nous les Gabonais, éprouvons-nous systématiquement le besoin de nous opposer et de nous étriper pour tout et pour rien ? Surtout pourquoi des oppositions systématiques se font jour à chaque initiative portée par un ou quelques-uns de nos compatriotes ? Et surtout pourquoi ces oppositions puent-elles très souvent l’odeur de la manipulation ? En effet, elles renferment toujours cet arrière-goût de revendication partisane et de manipulation politique.

Analysons un moment la démarche de ces oppositions partisanes au révélateur de cette idée de boycott, deux heures par jour, des maisons de téléphonie mobile par le recours au mode avion. Elle serait inspirée d’un mouvement identique venu de Côte d’Ivoire et ne relèverait donc du simple suivisme. C’est le premier argument des contestataires qui boycottent ce boycott. Suivisme disent-ils ? On voudrait bien les croire mais les réalités ivoiriennes sont-elles impossibles au Gabon ?

Les tarifs pratiqués par les maisons de téléphonie mobile ne sont-ils pas prohibitifs au Gabon ? La qualité de ces services est-elle pour autant plus satisfaisante au Gabon ? Au regard des bénéfices réalisés par ces opérateurs, n’est-il pas légitime au Gabon de penser que ces opérateurs nous pressent comme des agrumes ? En quoi et pourquoi le dire serait-il faire preuve de suivisme ?

Ensuite, les contestataires à la démarche opposent à ce boycott destiné à faire baisser les tarifs des forfaits Internet, que cette action ne serait pas une priorité dans le grand océan des besoins du peuple gabonais. Comme si les priorités étaient les mêmes pour chacun. Ils manquent d’ailleurs d’indiquer leur propre échelle des priorités. A ce propos, je reprends ci-dessous la meilleure réponse à cette contradiction prise sur la toile.

«Il n’y a pas de priorité dans le combat pour sortir du sous-développement. Les leaders d’un peuple se doivent d’indiquer les combats, pas de choisir les priorités du peuple. Car les priorités du peuple sont toujours basiques : manger, boire, dormir, se soigner, se scolariser. Mais au-delà de ces besoins primaires, il faut faire rentrer ce peuple dans le nouveau monde

Internet étant la clé de ce nouveau monde, lutter pour y accéder à moindres coûts devient alors une priorité qui n’exonère cependant pas, par ailleurs, d’ouvrir d’autres fronts de contestation. D’où vient donc ce débat sur les priorités d’actions dans un pays où les populations manquent de tout et où tous les contestations ou revendications civiles sont légitimes ?

Ces petites oppositions systématiques qui nous divisent à la moindre initiative portée sur la place publique par des compatriotes engagés, parfois entretenues par des égos surdimensionnés et des guerres de leadership, et qui nous empêchent d’être unanimes, solidaires et forts face à nos problèmes communs, sont le mal profond qui nous maintient dans la servitude mise en place par les ennemis de notre peuple.

Le peuple gabonais a plus que besoin de solidarité, de discipline, de cohésion et de cohérence dans la conduite des luttes contre la vie chère incarnée par la SEEG, Airtel, Moov Gabon Télécom, San Gel, Mbolo, Carrefour, Fauberd, Toyota, Sodim TP,  BatiPlus, Bricorama… Comme l’hydre aux cent têtes, la bête qu’il nous faut combattre et tuer est immonde et se régénère de mille façons.

Abslowment vrai !

 
GR
 

1 Commentaire

  1. CYR Moundounga dit :

    Bjr. Morceau au choix « Il faut faire rentrer ce peuple dans le nouveau monde « . Là est toute la problématique, car cela s’accompagne toujours d’hésitations, de malentendus comme le relève cet article. Nulle besoin de rattaché cela à des oppositions made in Gabao parce que nous savons tous l’origine de nos discordances. Sauf à vouloir nous le faire savoir autrement. Amen.

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