Au Gabon, au bonheur d’une grande partie de la population qui les a déjà jugé «coupables», l’épouse et le fils aîné d’Ali Bongo ont été incarcérés à la prison centrale de Libreville dans la foulée du coup d’État. Alors que leurs procès sont attendus et que, à en croire Brice Laccruche Alihanga, Sylvia Bongo jouit d’un traitement de faveur, leur avocat français assure qu’ils subissent des traitements cruels et dégradants. François Zimeray soupçonne une vengeance exercée par les nouvelles autorités.

François Zimeray. © Jeune Afrique

 

«Oui, ils sont en prison et j’affirme qu’ils ont subi des traitements inhumains, cruels et dégradants», a déclaré à Jeune Afrique, François Zimeray, l’avocat français de Sylvia, Noureddin et Ali Bongo Ondimba. Il s’est rendu à Libreville à la mi-janvier et n’a pu rencontrer aucun de ses clients, mais assure que «les informations qui filtrent sont alarmantes». L’homme qui n’a pas pu s’assurer des conditions qu’il réprouve, Sylvia et Noureddin Bongo étant, selon lui, privés de visite, note que cette privation «ouvre la voie à toutes les inquiétudes». Ils sont entre autres incarcérés pour «haute trahison contre les institutions de l’État, détournements massifs des derniers publics, malversations financières internationales en bande organisée».

«Boucs émissaires d’un système»

Si dans le pays une bonne partie de la population a déjà jugé la mère et le fils «coupables», François Zimeray dit avoir parlé avec plusieurs Gabonais qui jugent tout aussi «indignes» leurs conditions de détention. «Beaucoup de gens, à tous les niveaux, le reconnaissent en privé, mais craignent de s’exprimer publiquement», a déclaré l’avocat qui parle plutôt d’une «vengeance» contre ses clients. Mieux, dit-il, «mon sentiment, c’est qu’à travers ces poursuites contre madame Bongo et son fils, c’est le procès d’un système et d’une époque». Il les présente comme les boucs émissaires d’un système qu’ils n’ont pas créé, qui les dépasse et qui s’enracine plus de 50 ans en arrière dans l’histoire du pays.

«C’est toute la différence entre accusation et diabolisation», a déclaré François Zimeray selon qui, dans la foulée des opérations de confiscation de certains des biens et fonds de la famille Bongo, des biens qui appartenaient avant 2018 à la famille de Sylvia Bongo, ont été pris. «Il y a une différence entre justice et vengeance, il y a un monde entre contribution et spoliation», croit savoir l’avocat selon qui ses clients sont prêts à consentir à des sacrifices nécessaires pour aider le Gabon et recouvrer une liberté. Disant comprendre le ressentiment, il appelle les autorités gabonaises à «mettre de côté les querelles personnelles et de tracer cette ligne de partage qui sépare la justice de la vengeance».

Aucun intérêt à maltraiter les Bongo

Celles qui d’ailleurs disent n’avoir aucun intérêt à maltraiter les Bongo et dénoncent de «pures allégations pour créer un choc médiatique». Selon RFI, Sylvia Bongo étant franco-gabonaise, le ministère de la Justice a autorisé les visites consulaires. «Elle a donc pu rencontrer des représentants de l’ambassade de France. Des soins lui sont également apportés». Incarcérée depuis octobre, elle serait dans un «bâtiment moderne», réhabilité il y a 2 ans par sa fondation. «Son lit et son matelas sont neufs. Les peintures ont été refaites. Elle n’a jamais été mise dans une situation dégradante», relaie RFI qui ajouté qu’une aile de l’infrastructure a même été spécialement aménagée.

Que sa sœur préparerait régulièrement à manger et un militaire viendrait récupérer la nourriture pour l’apporter dans la cellule de Sylvia Bongo. «Elle passe son temps à nettoyer son espace, ça l’occupe». Noureddin Bongo quant à lui, serait «au régime sec». Le même que Brice Laccruche Alihanga ? Selon des confidences à RFI, le dossier Sylvia et Noureddin Bongo est sensible et leur profil spécial. Ce qui implique qu’ils soient «protégés des autres». «Je ne demande pas qu’on les plaigne, mais que leurs droits élémentaires soient respectés», a déclaré François Zimeray qui rappelle qu’une demande de liberté provisoire a été rejetée. Notamment, en première instance et en appel. «La procédure est maintenant au niveau de la Cour de cassation. Déjà, un avocat promet qu’en cas de nouvel échec, le dossier sera porté devant la Cour africaine des droits de l’Homme», indique RFI.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Desiré dit :

    Entre deux coups de plumeau Sylvia pourrait mettre un peu d ordre dans sa vie et nous faire l honneur de prendre la plume pour une version personnelle de « grandeur et décadence ».

  2. Akoma Mba dit :

    Et pourquoi Ali Bongo n’est pas en prison? Deux poids, deux mesures ou question de couleur de peau?

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