Les “activistes” Consty Ondo et Gérald Agaya, en garde à vue à la DGR, à Libreville, sont soupçonnés de l’incendie en avril du stade d’Oyem, de source judiciaire. Merlain Ella, jeune homme se définissant comme un “résistant” – il a notamment participé aux manifestations pro-Ping en août 2016 – est recherché par DGR pour les mêmes soupçons. Consty Ondo devrait être présenté au tribunal ce mercredi. Des proches de ces trois “activistes” expliquent à Gabonreview qu’ils n’auraient pas pu être en avril au stade d’Oyem.

La « Cellule du Grand Nord » (CGN) revendiquant, fin-avril 2020, la destruction par le feu du salon présidentiel de l’Engong Stadium. © Capture d’écran/Gabonreview

 

«Une enquête a été ouverte sur l’incendie du stade Engong d’Oyem» ayant vraisemblablement eu lieu mi-avril dernier, la vidéo de revendication de l’acte n’ayant commencé à circuler qu’à partir du 30 avril (lire «Les vandales de l’Engong Stadium»). Consty Ondo et Gérald Agaya «ont été pris par la Direction Générale des Recherches (DGR) de Libreville», car soupçonnés d’être «à l’origine de cet acte», tout comme Merlain Ella, recherché par la DGR d’Oyem, révèle une source judiciaire à Gabonreview. Ce sont des actes de «vandalisme», souligne la source.

Consty Ondo devrait être déféré au tribunal ce mercredi matin, tandis que Merlain Ella vient d’être arrêté ce mardi par la brigade de recherche d’Oyem, a appris Gabonreview de proches. Tout comme Consty Ondo, Gérald Agaya pourrait logiquement être présent ce mercredi avec Consty au Palais de Justice de Libreville.

Fin-avril, en effet, les Gabonais découvraient sur les réseaux sociaux trois hommes aux visages cachés, se présentant comme la “Cellule du Grand Nord” (CGN). «On ne mange pas vos stades», «on ne boit pas vos stades», «vos stades ne soignent pas le Covid-19», «vos stades c’est pas l’école», «vos stades c’est pas la route», clamaient-ils dans la vidéo. La loge présidentielle avait été particulièrement visée dans ce stade construit pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) de 2017, et resté inexploité depuis lors.

Consty Ondo et Gérald Agaya ont été pris par des agents alors qu’ils rentraient chez eux, respectivement les 12 et 13 août, à Libreville. Leurs proches n’ont pas été tenus informés du lieu où ils avaient été gardés, ni du motif de ces arrestations. La société civile n’a pas hésité à parler d’»enlèvements».

 Merlain Ella, quant à lui, se définit comme un “résistant.” Il est connu pour dénoncer régulièrement le pouvoir en place et pour avoir appartenu à plusieurs mouvements se disant anti-régime. Il avait notamment participé aux manifestations du QG de Jean Ping en août 2016, où il avait reçu une balle.

Accusations démenties par les proches

Des connaissances de Consty Ondo, Gérald Agaya et Merlain Ella, contactées par Gabonreview, expliquent que les trois activistes ne pouvaient pas être au stade d’Oyem mi-avril. «Depuis mars, le coronavirus avait déjà éclaté. En avril on était déjà dans le couvre-feu. Consty était à Libreville», témoigne à Gabonreview un proche de Consty Ondo, qui dit le voir tous les jours, et n’aurait de ce fait pas manqué de remarquer son absence.

Gérald Agaya serait juriste, employé dans un cabinet de conseil tout en étant étudiant en Master 2 de droit à l’Université Omar Bongo (UOB).  «Il était sur Libreville. Il ne s’est jamais déplacé !», lance un proche. Agaya vivait avec sa grand-mère et s’était mis en télétravail au moment du confinement. Sa grand-mère, Germaine Kandjo «est la seule personne avec qui il vit dans la cité Likouala, et il ne pouvait pas la laisser seule», renchérit-il.

Merlain Ella, quant à lui, résidait déjà à la périphérie d’Oyem, mais «pendant l’incendie du stade, Merlain était vraiment mal à cause de la balle reçue dans son ventre, et il ne pouvait pas marcher avec sa hernie», pour laquelle il a été opéré il y a quelques semaines, témoigne une personne proche, contactée par Gabonreview. Dans un audio partagé sur les réseaux sociaux et reçu mardi 18 août par Gabonreview, Merlain Ella se disait en fuite vers Oyem, car se sentant recherché. «Un véhicule avec des agents armés est arrivé au domicile de mes parents pour les menacer que je vienne me rendre, sans quoi ils seront arrêtés. Le motif c’est que je serais mêlé à une affaire de braquage à main armée», dit-il dans l’audio, dénonçant le fait qu’on voudrait lui coller un motif, parce qu’il est “activiste”.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Cathy dit :

    Faites tout ce que vous voulez. Mais ce régime doit quand même tomber. Au Mali, j’ai bien peur que l’armée (ou du moins les quelques officiers responsables du coup d’État) soit manipulée par la France. Si c’est le cas, ça voudrait dire que les maliens ne sont toujours pas libres.

    Notez que la France peut facilement corrompre quelques imbéciles de se mettre à son côté. Et c’est bien regrettable. Moi aussi je finis par croire que Ali Bongo est bien mort, que le pays est géré par Sylvia Valentin, elle même soutenue par le Quai d’Orsay. CQFD.

    • Tellier Yvon dit :

      Effectivement, la France se cache derrière le faux coup d’État au Mali. Et elle n’est pas à son premier coup d’État joués par des militaires marionnettes. Et c’est dommage pour le Mali qui ne s’en sortira toujours pas.

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