La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) en cessation de paiements ? Une éventuelle mort du mécanisme de redistribution aurait des répercussions sur la qualité des liens sociaux et l’adhésion à l’idéal national. 

Même en incluant les prestations au bénéfice des Gabonais économiquement faibles (Gef), la protection sociale ne saurait être assimilée à de l’assistanat. © Gabonreview

 

Le processus de construction de la nation vient-il de connaitre un coup d’arrêt ? Est-il plutôt en péril ? Du fait de l’incapacité de l’Etat à garantir le maintien du mécanisme de redistribution, la nation gabonaise semble à la croisée des chemins. Si l’idée n’est pas encore morte, elle court le risque de devenir une chimère. C’est, en tout cas, le principal enseignement à tirer du risque de faillite de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). Si des réformes structurelles ne sont pas mises en œuvre dans les meilleurs délais, le Gabon pourrait se retrouver dans l’incapacité d’assurer la couverture sociale des travailleurs et de leurs ayants droit. C’est dire si la cohésion, la paix sociale et la solidarité sont menacées. C’est surtout dire si la nation est en danger.

Compenser les inégalités

Inévitablement, la mort du mécanisme de redistribution aurait des répercussions sur la qualité des liens sociaux. Dans l’entendement des victimes, le sentiment d’appartenance à la communauté s’en trouverait écorné. Au-delà, leur adhésion à l’idéal national en sortirait ébranlée, réduite à néant. Certes, la nation repose d’abord sur la conjonction entre une population et un territoire. Certes, le territoire national reste et restera un et indivisible. Certes, la nation se fonde sur l’histoire et la culture. Mais, la cohésion d’une société dépend aussi de la solidarité collective. Or, celle-ci passe par le mécanisme de redistribution de la richesse nationale. Autrement dit, les prestations sociales jouent un rôle déterminant dans l’avènement de sociétés plus justes et plus harmonieuses.

On peut, certes, circonscrire le débat aux aspects techniques. On peut disserter sur les causes, entre autres l’inefficacité du mécanisme de recouvrement, la nature de certaines dépenses, le niveau des frais de fonctionnement ou les taux de cotisation. On peut aussi gloser sur d’éventuelles solutions, notamment le retour au paiement trimestriel des pensions, le recul de l’âge de départ à la retraite, le réduction des effectifs ou l’apurement de la dette de certaines entités publiques ou privées. Mais, on ne peut éluder la dimension sociétale. On ne peut faire comme si tout ceci n’avait pas d’incidence sur la société et, par voie de conséquence, sur le processus de construction d’un véritable Etat-nation. Après tout, la protection sociale est une traduction concrète de deux principes constitutifs de la justice sociale : l’égalité des droits et l’équité des situations. Censées compenser les inégalités apparues dans le fonctionnement de la société, les branches de la sécurité sociale permettent à l’ensemble des composantes de se développer sur tous les plans.

Éviter la faillite

Même en incluant les prestations au bénéfice des Gabonais économiquement faibles (Gef), la protection sociale ne saurait être assimilée à de l’assistanat. Elle ne peut non plus être tenue pour secondaire ou facultative. Dans une société caractérisée par un chômage élevé et en constante augmentation, elle peut contribuer à la réduction de la pauvreté. Face aux incertitudes de la conjoncture, elle peut permettre de faire face aux facteurs de vulnérabilités. En favorisant une meilleure intégration sociale, elle peut aider au renforcement du lien entre les citoyens et l’Etat. Dans la quête de cohésion sociale ou la mise en place d’une assise nécessaire à la stabilité politique, elle peut être d’un apport inestimable. De même, elle peut être un formidable catalyseur de croissance, d’inclusion sociale et de développement économique. On l’a vu à l’Ile Maurice, la protection sociale ayant facilité le passage d’une économie à monoculture à une économie diversifiée à forte croissance, avec une pauvreté en recul constant. On l’a aussi relevé au Bostwana, les pensions sociales ayant aidé à créer un climat apaisé et incitatif.

La CNSS en cessation de paiements ? Il faut absolument éviter la faillite. Quid du plan d’urgence ? Faut-il revoir les taux de cotisation à la hausse ? Faut-il rechercher de nouveaux cotisants, quitte à s’attaquer à l’économie populaire ? Faut-il autonomiser le mécanisme de recouvrement ?  Faut-il lancer des avis à tiers détenteurs contre les débiteurs, au risque de les conduire à la faillite ? Faut-il dégraisser le mammouth, au risque de grossir les rangs des chômeurs ? Peu importent les options choisies, toute réforme structurelle devra tenir compte de certains éléments : la situation économique, la structure du marché du travail, les caractéristiques de la population, la dynamique de pauvreté et, le degré d’urbanisation. Pour ainsi dire, toute réflexion de fond devra s’inscrire dans un processus à la fois transparent, participatif et inclusif. Dans l’immédiat, il faut éviter ce naufrage tant annoncé.

 
GR
 

11 Commentaires

  1. okao dit :

    Franchement, de 2009 à 2022, cest le déclin du gabon, toutes les entreprises nationales ferment?
    Qui a mis la CNNSS dans cet état?
    Qui a pris l’argent de la CNSS pour faire les campagnes électorales?
    Où est l’opération scorpion et Mamba? Pourquoi aucun responsable de la CNSS n’est arrêté?

    Mon Dieu vient sauver le Gabon, tob pays meurt……

  2. Bolingo dit :

    On parle d’un audit et il n’est nulle part mentionné le cadavre du bâtiment abandonné pourtant bien visible à côté du siège. Qui a ordonné sa construction ?était-ce vraiment nécessaire de le construire ? Qui a mené les études ? Combien a-t-il coûté ? Pourquoi reste t’il abandonné ? Autant de questions qui interpellent et que le soit disant audit n’évoque pas.
    Le même audit conclut à renflouer la trésorerie (500 Mfcfa), nous sommes sûrs que c’est pour poursuivre la gabegie que nous connaissons déjà avec les mêmes individus. Pauvres de nous!

  3. Onguila dit :

    La protection sociale est un doit fondamental de l’humain. Au Gabon, elle est également une politique. L’État a concédé la gestion de cette politique à la CNSS, la CNAMGS et la CPPF. Outre les cotisations des employeurs, l’État y compris, et des salariés, les de l’État, puissance publique, est une source des ressources des organismes gestion de la politique publique de protection sociale. Dans cet esprit, l’État doit sallouer des ressources financières à ces organismes.

  4. Ange17 dit :

    GABON donné au Gabonais leurs force .

  5. Prince dit :

    Ne soyez pas hypocrite il faut appeler le chien par son nom les responsables de la faillite de la CNSS en partant du Gabon d’une manière générale c’est Ali bongo et son clan mafieux c’est tout ya pas débat la solution et l’unique solution c’est de mettre tous ses voleurs de la république hors d’état de nuire et les remplacer par de vrais patriotes compétents et intègres soucieux de l’avenir du pays.

    • MOI MEME dit :

      Franchement les agents de la CNSS qui raquettent les pauvres retraité pour faire aboutir leurs dossiers c’est les Bongo ? lorsqu’on veut faire des reformes à la CNSS les agents rentrent en greve pour que leurs avantages ne soit pas touché c’est les Bongo ?
      Tu sais combien il faut debourser apres des agents de la CNSS pour faire avancé un dossier de retraite ?

      • Man Mickh' dit :

        Donc c’est le maquettage des agents CNSS qui est à l’origine de la faillite de la CNSS.
        Avez-vous été témoin ou avez-vous été raquetté par un agent de la CNSS pour faire aboutir un dossier.
        Comment la CNSS s’est retrouvé dans cet état au point où il y a 0FCFA de réserves financières? Où est passé l’argent où sont les différents DG qui se sont succédés? Pourquoi personne n’est inquiété?
        Lorsqu’on n’a rien à dire il est mieux de lire et de passer.

  6. Otamba dit :

    Cher Gabonreview, je vous informe que les salires de la CNSS ne sont pas toujours payés malgré les instructions fermes du chef de l’état son excellence Ali Bongo.
    Gabonreview ne nous a abandonné pas, faite votre enquete, la CNSS est en train de couler, demain c’est le 01 juin, on ne sait pas si on serra payé.

    Le directeur général a affecté une dizaine de syndicaliste lundi au motif qu’ils sont en complicité avec la presse pour le faire sauter de son poste. Mais DG ou sont nos salaires?

  7. Aze dit :

    Le problème c’est ce DG. Il n’est pas conciliant et compétent.

  8. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. La vérité grande comme l’OGOOUE consiste à dire que ce sont d’abord les Hommes. tant que ce problème n’est pas réglé les mêmes causes produiront les mêmes effets. De façon claire ceux qui sont là ont échoué. c’es vrai on dira les maux ne datent pas d’aujourd’hui. Alors on a trop cautionné la gestion approximative d’une boite aussi stratégique. si les cautionneurs ne veulent pas être complice d’une seconde tragédie après la faillite de la poste qu’ils prennent la bonne décision. Amen.

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