Fermée depuis des années pour des raisons non officialisées, une usine de produits pharmaceutiques située à Owendo, est devenue un danger, pour la santé publique et pour l’environnement.

Œuvre du laboratoire pharmaceutique belge Propharex, entièrement financée par l’État gabonais à hauteur de 3,2 milliards de francs CFA, l’usine pharmaceutique de la Société gabonaise de fabrication de médicaments (Sogafam), a mystérieusement disparu des voyants. Portant sur la dangerosité des stocks de médicaments toujours entassés dans ses entrepôts, un reportage du quotidien L’union, à la mi-février dernier, a tout de même ramené cet éléphant blanc au bon souvenir de la conscience collective du pays.

N’ayant pas été démantelée, l’usine contient toujours des potions chimiques et des milliers de produits pharmaceutiques. Ces produits chimiques pourraient entrer en putréfaction,  menaçant ainsi l’environnement, et le paracétamol se retrouver sur le marché illicite des médicaments.

Aucune communication n’a été effectuée pour expliquer l’arrêt de la production de la Sogafam après une inauguration en grandes pompes, le 12 février 2005, et un fonctionnement de quelques années à produire du paracétamol. Destinée à la fabrication de médicaments génériques antipaludéens et antirétroviraux, cette usine était censée fabriquer jusqu’à 40 000 tablettes et 200 000 comprimés de médicaments génériques par heure. De quoi alimenter toute la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cémac), un marché alors estimé à 30 millions de personnes.

L’entreprise a surtout souffert du manque de cohérence politique. Celle-ci concernait notamment la formation du personnel local, les mesures fiscales pour la détaxation des matières premières importées, et les rythmes de fabrication imposés par les dirigeants. De plus, sa production a eu du mal à franchir les frontières, au sein même de la Cémac. Chaque pays imposant l’obtention d’une autorisation de mise en vente sur le marché (AMM). A ce jour, la Communauté n’a toujours pas réussi à unifier ses procédures pour l’ensemble des États membres. Le projet est donc venu s’ajouter à la longue liste des éléphants blancs du Gabon.

Le quotidien L’union a lancé un appel pour que l’important stock de médicaments abandonné au sein de l’usine soit détruit, au risque de le voir alimenter les officines informelles dites «pharmacies par terre». Un scénario terrible auquel les gabonais ont déjà eu droit avec les médicaments de l’Institut pharmaceutique du Gabon. Mais les ministères en charge de la Santé et de l’Environnement, interpellés par le quotidien, n’ont vraisemblablement entamé aucune action envers cet éléphant blanc devenu dangereux, aussi bien pour l’environnement que pour les hommes.

 
GR
 

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