Au-delà de la suspension de Joseph Vivien Okouyi, la rixe entre le secrétaire exécutif et le directeur financier de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) relance le débat sur la gestion de cet établissement public pendant une décennie.

 

Il faut questionner le bilan de Lee White à l’ANPN. Sans passion ni préjugé, il faut chercher à savoir si l’homme s’est donné les moyens de structurer cette entité ou s’il a plutôt essayé de satisfaire ses propres caprices. © modernghana

 

Si elle survient un peu trop tôt, cette issue était courue d’avance : accusé d’avoir agressé son directeur financier, le secrétaire exécutif de l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) a été suspendu, le 13 du mois courant. Au-delà de la personnalité de Joseph Vivien Okouyi, cet incident relance le débat sur la gestion de cet établissement public. Sur le choix des hommes comme sur leur déploiement, sur le respect de la loi et des procédures comme sur les orientations stratégiques, tant de choses prêtent à controverse. N’en déplaise aux bien-pensants, il faut questionner le bilan de Lee White. Sans passion ni préjugé, il faut chercher à savoir si l’homme s’est donné les moyens de structurer cette entité ou s’il a plutôt essayé de satisfaire ses propres caprices.

Esprit de cour

En une décennie de présence à la tête de l’ANPN, Lee White n’a manifestement jamais été à l’aise avec le profil de cette entité. Dans le silence coupable des différents ministres en charge des Forêts, il a entretenu un flou artistique sur la tutelle technique, se réclamant de la présidence de la République hors de toute base légale. Sous le regard bienveillant des bailleurs de fonds, il a essayé de modifier le mandat de la structure, se livrant à des manipulations juridiques hasardeuses, au risque de créer des situations de non-droit. Surfant sur la couardise des institutions de recherche, il s’est aventuré sur tous les terrains, quitte à s’envaser dans la finance carbone. Dans le même temps, il s’est lancé dans des recrutements massifs, sans pour autant concevoir d’organigramme ni établir les profils de poste. Naturellement, tout cela a favorisé l’enracinement d’un esprit de cour.

Ainsi, bien avant son entrée au gouvernement, Lee White avait fait du positionnement de Joseph Vivien Okouyi une affaire personnelle. Par lettre datée du 13 mai 2019 et adressée au porte-parole de la présidence de la République, il constatait l’échec de sa tentative de transformer l’Agence nationale des parcs nationaux en Agence nationale de la préservation de la nature. Curieusement, il demandait la nomination de son protégé comme directeur général adjoint de la seconde entité, recommandant la signature «d’une convention de partenariat (…) qui permettrait à la nouvelle agence d’œuvrer de façon efficiente» (lire «Le nouveau maître des nominations»). A en perdre son latin… Devenu ministre, il s’empressa de reconsidérer son discours, consacrant la dénomination originelle tout en revendiquant la tutelle. Dans la foulée, il initia la nomination de son successeur sans convoquer de conseil d’administration ni lancer d’appel à candidatures, au mépris de la loi sur les parcs nationaux. C’est dire si sa responsabilité est pleinement engagée dans la situation actuelle. Après tout, les leaders se distinguent aussi par leur capacité à bien s’entourer.

Sans locaux ni capitaine incontesté

Peu importent les savoirs accumulés par les uns ou la technicité supposée des autres, rien de durable ne se bâtit en prenant toutes les libertés avec la loi, en l’interprétant au gré des intérêts personnels ou en cherchant à faire sa cour. Garante de la légalité des actions, la loi n’est ni une contrainte ni une camisole de force. Bien au contraire, c’est un outil au service des objectifs stratégiques. Son application est une condition sine qua non de la construction d’institutions fortes comme de la réussite de tout programme. Se livrer à d’incessants bricolages juridiques pour ne point appliquer la loi équivaut à construire sur des sables mouvants. Dans le meilleur des cas, cela revient à travailler à sa propre gloire et non à l’accomplissement d’une mission d’intérêt général. Était-ce le dessein secret de Lee White ? Si de nombreux indices le laissent croire, rien ne permet de l’affirmer définitivement. Pour l’heure, une seule réalité vaut : moins d’un an après le changement de secrétaire exécutif, l’ANPN navigue en eaux troubles, sans locaux ni capitaine incontesté.

Au vu de la situation actuelle, il est peut-être temps de renvoyer l’ANPN à ses fondamentaux et à sa mission originelle. Dans l’immédiat, il faut procéder à une coupure de gestion en bonne et due forme, quitte à commanditer un audit. Ensuite, il faut procéder à la sélection puis à la nomination du secrétaire exécutif, conformément à l’article 33 de la loi n° 003/2007 relative aux parcs nationaux. Enfin, il faut s’atteler à compléter les organes et instruments de gouvernance : Haut conseil des parcs nationaux, Comité scientifique, contrats de fiducie, structures infranationales de concertation locale, statut des personnels… Autrement, tout deviendra envisageable, y compris la liquidation de cette entité emblématique des engagements du Gabon en matière de protection de la biodiversité.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. le parc dit :

    oui mais quand le conservateur de l’arboretum de sibang kevin lekogo kiana se permait de spolier des terrains de malibet avec ses equipes quest ce quon fait

  2. Milangmissi dit :

    Un compatriote avait déjà publié une tribune sur cet quidam, on sait tous que son parcours est douteux et ses compétences inexistantes arrêtons de tourner autour du pot lee white est quelqu’un qui vit grâce au dicton à « beau mentir qui vient de loin »

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