Pour la première fois, Ali Bongo a implicitement répondu aux analyses et certitudes sur son état de santé. Face aux députés et sénateurs, sa sortie avait quelque chose de très personnel.

À travers sa gestuelle, comme de par son élocution ou entre les lignes de son discours, Ali Bongo, ce 25 juin devant le Parlement réuni en Congrès, a voulu envoyer un message : «Tel un phénix, il renaît de ses cendres.» © Facebook/PresidenceGabon

 

Depuis un peu plus de deux ans, en tout cas depuis novembre 2018, l’état de santé d’Ali Bongo alimente la chronique. Recours devant les tribunaux de droit commun, analyses prétendument scientifiques, certitudes sans fondement, tout y est passé. Si le collectif Appel agir a exigé une expertise médicale, certains ont péremptoirement conclu au décès du concerné, d’autres ont simplement parlé d’«intime conviction». Il s’en est aussi trouvé pour gloser sur l’existence d’un «sosie.» A la faveur de la réunion du Congrès du Parlement, le président de la République a, pour la première fois, implicitement répondu aux uns et aux autres. En intervenant en direct, devant les députés et sénateurs, il n’a pas seulement délivré un message. Il a avant tout cherché à apporter la preuve de sa capacité de résilience.

Question de portée juridique et institutionnelle

Certes, au regard du poids et de la sensibilité de sa fonction, il n’a pas rassuré tout le monde. N’empêche, il a au moins coupé court aux thèses les plus folles. De toute évidence, cette sortie publique avait un objectif différent de celui annoncé. Au-delà des développements sur le Programme «Gabon égalité» ou de l’exhortation à ne pas laisser «de petits intérêts particuliers ni des agendas cachés désagréger notre unité, notre solidarité et notre vivre ensemble», elle avait quelque chose de très personnel : permettre à chacun de se faire une idée propre des capacités cognitives du «détenteur suprême du pouvoir exécutif.» Désormais, peu de gens auront l’outrecuidance de déblatérer sur la thèse farfelue d’un supposé complot international visant à cacher le décès du président de la République. Plus grand monde n’accordera du crédit aux tenants de la théorie sur l’existence d’un comédien arborant un masque de silicone pour mieux tromper l’opinion.

Loin de toute mauvaise foi, chacun devra en convenir : Ali Bongo est bien vivant et en phase de récupération. Même si sa capacité à assumer les charges de sa fonction pourra toujours faire débat, il faudra bien l’admettre : l’homme est bel et bien aux commandes. À travers sa gestuelle, comme de par son élocution ou entre les lignes de son discours, il a voulu envoyer un message : «Tel un phénix, il renaît de ses cendres.» Reste maintenant à élucider une question, de portée juridique et institutionnelle celle-là : la validité des actes et décisions enregistrés au plus fort de ses ennuis de santé et tout au long de sa convalescence. Émanaient-ils de lui ? Doivent-ils demeurer opposables ? S’insèrent-ils dans la légalité républicaine ? Là réside le vrai débat.

Œuvrer à la manifestation d’une certaine vérité

Au vu de l’évolution des choses, on est fondé à s’interroger. S’y refuser reviendrait à faire comme si Ali Bongo a toujours été dans la forme affichée le 25 juin courant. En creux, ce serait une manière de nier l’évidente évolution de son état de santé. Or, comme en attestent son admission passée au King Faisal hospital de Riyad en Arabie Saoudite, son transfert à Rabat au Maroc et ses longues absences de la scène politique, le président de la République a traversé des épreuves bien pénibles et personnelles. C’est dire s’il n’a pas toujours été dans des dispositions propices à l’accomplissement de certaines tâches. Pendant ce temps, des changements majeurs s’effectuaient. Partout, y compris à la Cour constitutionnelle, au gouvernement, dans l’administration ou au sein des forces de défense, les nominations pleuvaient. Qui en était l’instigateur ? Mystère et boule de gomme.

Devant le Congrès du Parlement, Ali Bongo a appelé à la mobilisation autour du président de la République. A en croire certains commentaires, il s’est quasiment posé en candidat à la prochaine présidentielle. Mais, on ne peut envisager l’avenir en faisant l’impasse sur le passé. Au-delà de sa famille politique, il lui sera difficile de rassembler s’il ne consent à faire la lumière sur une des périodes les plus troubles de notre histoire récente. Comment nouer des liens de confiance quand de nombreux angles morts sont occultés ? Comment susciter l’adhésion quand le soupçon demeure ? Ou quand d’aucuns ont le sentiment d’avoir été floués récemment ? Eu égard à toutes ces réserves, le président de la République gagnerait à œuvrer à la manifestation d’une certaine vérité. S’il a officiellement annoncé son retour, il lui reste à lever quelques inconnues.

 
GR
 

20 Commentaires

  1. Nelson Mandji dit :

    C’est ça qu’on attend de la presse : l’objectivité et l’absence de parti pris bête et méchant. Madame Bouenguidi pose les bonnes questions. Durant la maladie d’Ali’9 qui a nommé Julien Koghe Bekale ? Qui a viré Issoze Ngondet, Maganga Moussavou, Etienne Massard, etc. Qui a fait rentrer Lee White au gouvernement ? Qui a reconduit 3M ? On ne doit pas seulement juger Laccruche pour l’argent volé ou pour les faux papiers. Il doit expliquer, avec ses complices, qui a chamboulé la nomenclature des forces de défense ? Pourquoi 3M n’a rien contesté ? Qui a envoyé Brice Laccruche en prison ? Ali bongo doit maintenant braquer les projecteurs sur cette parenthèse de n’importe quoi dans l’histoire récente du Gabon. On veut savoir. Les tricheurs et profito-situationnistes, tout ceux qui ont profité de sa maladie, Ali’9 doit les faire payer, même si c’est sa femme ou son fils. Comme ça on vous laissera avancer.

  2. Irène dit :

    Moi je persiste et signe qu’il est mort ou HS. Mais s’il est bien vivant, c’est aussi une bonne chose. Pourquoi ? Pas pour qu’il redevienne président (avec magouille comme dhabitude) en 2023, mais pour qu’il aille en justice pour les vols et les crimes qu’il a eu à commetre, et le reste de son clan: Sylvia Valentin et Nourredine Valentin, les Assele et bien d’autres.

    On ne peut pas balayer d’un revers de la main les assassinats qu’il a eu à commetre en 2009 et 2016. Ne faites pas ça svp. Beaucoup de gabonais SOUFFRENT d’avoir perdus les leurs. Et j’en fais partie. Ali Bongo a ASSASSINÉl’un des mien, qu’il aille en justice rien que pour mon parent et les autres (n’ayez pas peur de le dire). Et moi, je ne réclame pas une mallette pour oublier le crime de mon parent. Que justice soit rendue tout simplement.

    Recevoir une mallette de ce type, c’est recevoir de l’argent du contribuable gabonais qu’il a volé depuis fort longtemps avec son père adoptif Omar Bongo. Là aussi, cette famille à des comptes à rendre à la justice gabonaise. Il faut qu’on les amène en justice tous. En agissant de la sorte c’est au Gabon que nous rendons service. Nous en ferons ainsi un Gabon nouveau, libre et prospère.

    N’oublions pas tous les prisonniers qui croupissent dans les prisons pour le bon plaisir d’Ali Bongo et sa bande. Ce sont eux qui doivent plutôt aller en prison. Et quand ils y seront, nous allons leur montrer comment on traite les prisonniers avec dignité et non de façon brutale.

    Finalement, je me réjouis plutôt de savoir qu’il est vivant (mais je reste toujours un peu dubitative avec ce régime qui nous ment depuis toujours), car c’est l’occasion de l’arrêter et de le juger pour vols, usurpation du pouvoir et assassinats.

    NE RATONS SURTOUT PAS CETTE OCCASION PEUPLE GABONAIS DE METTRE ENFIN UN TERME A PLUS DE 50 ANS DE DICTATURE DES BONGO.

  3. Fiacre dit :

    Un journal CRÉDIBLE aurait plutôt écrit comme titre: »Le président USURPATEUR de la république ». Ali Bongo n’a jamais été élu par le peuple gabonais: ni en 2009, ni en 2016.

    Et ne dites surtout pas qu’on répète sans cesse le même discours. Oui c’est vrai, mais il faut continuer à le dire et le redire. Car ce régime cherche à nous faire oublier leur triste passé qui dure depuis plus de 50 ans. Oui, la France y est aussi pour beaucoup dans cette mal gouvernance. C’est bien elle qui nous a imposée cette famille comme elle vient de le faire encore actuellement au Tchad.

    Il faut arrêter cet Ali Bongo s’il est bien vivant. Qu’il ne vienne pas (ou sa bande) nousraconter encore des mensonges du genre qu’il se bat pour sauver le peuple gabonais. Mon oeil! Arrêtez de croire à ces balivernes svp. Les discours de cet homme (ou sosie) sont tout simplement des somnifères. Ils n’ont rien fait en 55 ans de pouvoir usurpé, ce n’est pas aujourd’hui qu’ils changeront le Gabon avec un coup de baguette magique. Les vols d’élections présidentielles, ce sont eux. Les détournements de fonds publics, ce sont eux. Les crimes perpétrés ce sont eux.

    Liberons nos prisons qui accueillerons toute cette famille Bongo et Valentin.

  4. Nestor dit :

    Si le peuple gabonais aime vraiment leur pays et veut un avenir radieux pour ses enfants, c’est l’occasion (le moment) de tourner définitivement la page du bongoisme et ouvrir une nouvelle page de son histoire. Ali Bongo, même encore vivant, ne changera jamais le Gabon. C’est un flatteur qui vit au dépend de ceux qui l’écoutent. La ruse est sa « qualité » comme elle a été celle de son père adoptif Omar Bongo.

    Un Gabon nouveau ne verra le jour que SANS les Bongo. Ce qu’ils ne sont pas prêts à céder. Pourtant, il faudra bien qu’ils cèdent un fauteuil présidentiel qu’ils détiennent injustement depuis plus de 50 ans. Il ne faut pas avoir PEUR de leur dire de PARTIR. Nousn’en voulons plus. C’est regrettable seulement pour les fils Bongo comme Nourredine ou Junior qui n’ont pas su se démarquer de leurs pères pour se lancer en politique. Ils s’inscrivent aussi dans cette continuité malsaine.

    Je pense qu’il est vraiment venu ke temps de tourner définitivement la sombre page du BONGOISME.

  5. Benoît dit :

    Depuis 2016, nous combattons pour la fin de ce régime usurpateur, voleur et criminel. Ne lachons rien. Allons jusqu’au bout, jusqu’à ce que ce régime tombe définitivement. Nous n’avons rien à gagner en voulant maintenir les Bongo à la tête du Gabon. Ils n’ont rien apporté de bon. Ne comptez pas qu’ils le fassent avec les fils Nourredine ou Junior. Ce sera la même chose. Et celui qui a parlé au parlement n’est pas Ali Bongo. Je vous le dis avec certitude.

  6. MOUNDOUNGA dit :

    Bjr. D’accord avec BOUENGUIDI sur l’aspect personnel de la démarche du PR. « Le phénix » hmmm ! pas mal. Amen.

  7. Nicole dit :

    Ce n’est pas Ali Bongo. Demandez qu’il reçoive de vrais opposants. Vous verrez que ce sera refusé catégoriquement. Ils auront peur qu’on piège le sosie dans certaines questions. Je l’ai croisé au couloir du palais. Une simple bête question concernant notre pays, il n’a pas été capable de répondre.

    • Didier dit :

      Merci Nicole. Le peuple Gabonais, je crois, se sent bien esclave des Bongo. Il se contente des miettes qui tombent de la table de leur Maître que sont les Bongo. C’est un peuple qu’on peut facilement duper, aveugle à un point…

      Quand nous serons en 2023 et qu’ils découvriront qu’Ali Bongo est bien mort, il sera malheureusement trop tard, et définitivement tard. Croyez-moi, le Gabon deviendra un Royaume avec pour roi un Bongo qui ne sera pas Ali, parce que ce dernier est bien MORT.

    • Paul Bismuth dit :

      Il paraît qu’on reconnaît la bêtise à ce qu’elle insiste. Vous êtes tous les deux ridicules à persister dans votre thèse du « sosie ».

  8. Nadine Nguéma dit :

    Pourquoi vous l’appelez « président de la République » ? En tout cas, il ne l’est pas pour ceux qui savent. Ces députés et sénateurs sont TOUS des chèvres qui BROUTENT paisiblement leur herbe, sans lever la tête pour voir la souffrance du peuple. L’essentiel pour EUX, c’est que leurs poches puissent être toujours pleines. Pitié !

  9. Diarra dit :

    Comme disent certains ici, n’oubliez pas les assassinats de cet homme s’il est bien vivant encore. Sans oublier les détournements de fonds publics.
    Sa place est en prison. Et pensez aux prisonniers comme Bertrand Zibi qui croupissent dans les prisons pour avoir seulement tenu tête à cet IDIOT d’Ali Bongo.

    FAITES ÇA POUR L’AVENIR DE VOTRE PAYS ET DE VOS ENFANTS. LIBEREZ VOTRE PAYS DE CES GENS (BONGO ET AUTRES) QUI VOUS FLATTENT OU QUI SE FONT PASSER POUR DES SAUVEURS ET DIRE QUE CE SONT EUX LA CAUSE DE VOS MALHEURS DEPUIS 1967.

    • Ernest dit :

      @Diarra, malheureusement, beaucoup de gabonais ne pensent qu’à leur ventre ou leur clan-ethnie. Le malheur de leurs compatriotes, ils s’en foutent éperdument.

      Ce peuple n’a toujours pas compris que la libération du Gabon PASSERA par leur UNION. Sans cette UNION, les Bongo resteront au pouvoir et continueront à PILLER le Gabon.

      • Yvon dit :

        Jamais la résistance gabonaise n’a été aussi longue que depuis la dernière présidentielle de 2016. J’espère que ceux qui y sont encore tiendront toujours. Car il faut montrer à ce régime tyrannique que la récréation est terminée depuis 2016. Tenons BON.

        • Kilian dit :

          Pour faire tomber ce régime soutenu par la France, il faut une révolte de la population du Haut-Ogooué : altogovéens et Obambas. Les Bongo s’appuient beaucoup sur EUX pour se maintenir au pouvoir.

          Que les habitants du Haut-Ogoouée se mettent en tête que les Bongo qu’ils soutiennent n’ont jamais gagné une élection présidentielle, et qu’ils n’ont rien fait aussi de conséquent pour leur province. Leur province se porterait même MIEUX une fois dégagé de cette famille Bongo.

          Je pense aussi toujours qu’Ali Bongo est bien décédé à Riyad. Ce qu’on nous montre actuellement est de la manipulation pour gagner du temps et nous imposer encore un Bongo en 2023.

  10. Venance Pambou dit :

    La mort d’Ali Bongo devient comme le covid 19 : faut répéter un mensonge à longueur de journée en espérant qu’il devienne une vérité. Vous faites pitié à la fin… Si vous voulez vraiment du départ des Bongo, arrêtez de vous mentir et commencez par reconnaître qu’Ali Bongo est vivant puis combattez le… On ne construit rien sur le mensonge

    • Fille dit :

      @Venance Bambou, bien d’accord avec vous. Les gabonais préfèrent faire d’Ali Bongo un mort qui les terrorise de l’au-delà que d’accepter qu’il est bien vivant pour le combattre concrètement. Le pire c’est le silence de la masse politique dirigeante et opposition qui laisse planer ce doute telle une fumée qui cache la forêt. Comment nous pouvons accepter d’être effectivement des bêtas qu’on peut tromper comme des enfants depuis des mois ? Car en affirmant être aussi trompés, nous reconnaissons d’être plus puériles que des enfants et maléables à merci par ceux que nous accusons de nous raconter des histoires. On veut nous faire aller dans un sens ? eh bien c’est facile et pendant ce temps là, nous n’allons pas à l’essentiel, aveuglés par la fumée qui nous fait tourner en rond. Oui, ma question reste simple, Si Ali Bongo est mort, pourquoi aucun opposant ne le dit ? Parce que si Ali Bongo est mort et que les opposants se taisent là dessus, que c’est à dire ? Un seul doigt ne peut laver la figure n’est-ce pas ? Et Ali Bongo, tout seul ne fait pas le Gabon, sauf si nous lui en donnons les moyens et l’aura. Dans ce cas, est-ce de sa faute ?

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