À la mairie de Libreville, les syndicalistes sont remontés au créneau le 29 juin. S’ils avaient mis de l’eau dans leur vin en reprenant les négociations avec les responsables de leur administration, ils estiment aujourd’hui avoir été floués. Exaspérés, ils ont reconduit leur mouvement de grève et promettent des actions fortes comme l’absence de service minimum et la fermeture de tous les services allant de l’état civil aux cimetières.

Joe-Fred Madouta s’exprimant le 29 juin. 2023 à Libreville © Gabonreview

 

Bien qu’ayant suspendu leur mouvement de grève et repris les négociations avec leur administration après une médiation du ministère de l’Intérieur, les agents municipaux réunis au sein d’un collectif fédérant 6 syndicats de la mairie de Libreville n’ont toujours pas obtenu gain de cause. «En 15 jours, il a été difficile qu’on s’accorde», a fait savoir leur porte-parole au cours d’une assemblée générale dite de décision le 29 juin. Sur la table des négociations, une nouvelle grille salariale dont l’entrée en vigueur dès le mois de juillet 2023 semble incertaine tant cela nécessitait un coût de 8 milliards. «Nous leur avons dit que 8 milliards ce n’est pas une question pour la mairie. La mairie a tellement d’argent. Le problème c’est que les maires viennent siphonner les caisses de la mairie», a déclaré Joe-Fred Madouta.

Selon lui, les partenaires sociaux ont proposé la mise en place d’une cellule technique qui a travaillé jusqu’au 29 mai pour trouver des niches de financement. «Nous avons fait des concessions», a-t-il dit indiquant qu’il fallait désormais trouver 3,7 milliards de francs CFA. Cet argent, ils espéraient le recouvrer via l’abrogation d’arrêtés jugés discriminatoires, sur le retour des fonctionnaires dans leurs administrations d’origine, les avantages indus du secrétaire général de la mairie de Libreville, de certains directeurs généraux, du receveur municipal. «Nous avons demandé qu’on abroge les deux arrêtés pour nous permettre d’avoir des financements. La suppression des IFS. Ça nous fait au moins 1,6 milliard. Nous avons fermé les yeux sur les agents des cabinets des maires où il y a 184 personnes», a-t-il déclaré indiquant que ces pistes de financement n’ont pas été validées.

Les agents municipaux lors de l’AG. © D.R.

«Ceux qui occupent des fonctions stratégiques à la mairie reviennent de l’extérieur»

Dans sa démarche, Joe-Fred Madouta a d’ailleurs accusé le secrétaire général de la mairie de Libreville d’être le mal de cette institution autant que les quatrième et cinquième maires adjoints ainsi que l’Agence nationale de vérification de l’action publique (Anavea) qui n’aurait pas mené sa mission correctement. «Il y a un jeu entre la tutelle et madame la maire. Nous comprenons simplement que nous sommes floués. L’Anavea est venue simplement pour nous distraire. Elle était complice de l’administration», a-t-il lâché invitant les agents municipaux à prendre leurs responsabilités pour «faire dégager» ces personnes qui les embêtent. «Nous avons travaillé sur la grille indiciaire, c’est acté parce qu’ils ont signé sur le protocole d’accord, le procès-verbal de médiation, le dernier rapport. Nous avons joué notre partition pour que cette grille soit exutoire au niveau de la mairie, mais ça bloque encore», a-t-il regretté.

Unanimement, ils ont donc décidé de reconduire leur mouvement de grève. «Nous avons patienté, nous leur avons fait confiance et jusqu’à preuve du contraire, nous ne voyons aucun avancement», a déclaré un agent invitant ses collègues à passer à la vitesse supérieure. Soit, l’absence de service minimum, la fermeture de l’état civil, des cimetières et autres services. «À ce niveau plus de complaisance. Les autorités municipales ne nous prennent pas au sérieux. Nous devons prendre notre destin en main. On ferme tout jusqu’à résolution de nos problèmes», a renchéri un autre. «Le premier ennemi c’est le secrétaire général. Il est venu pour faire du mal à l’agent municipal, il est sans état d’âme. Je le dis parce que j’ai observé, j’ai été dans les commissions et j’ai vu là où les choses bloquaient. Il a fait recruter ses parents», a soutenu Joe-Fred Madouta présentant tout aussi le maire de Libreville comme un pion de la tutelle.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Loozap dit :

    Faut bien prêter une oreille à leur préoccupations et voir comment les résoudre

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