De «De viko à ngal. La transparence créative» à «Pour une sémiotique des formes : Introduction à la critique sémiotique de la littérature africaine», Georice Berthin Madebe a sans doute fait du chemin et ses pairs le lui reconnaissent. Dans ce dernier ouvrage au centre d’un vernissage ce mercredi 10 mai, l’homme interroge la pertinence des réalités africaines et leur rapport aux sciences. Dans un contexte où les textes africains sont souvent analysés sous le prisme des expériences occidentales, il propose à l’Afrique de s’en détacher. À travers ce livre riche de 313 pages et vendu au prix de 25 000 FCFA, il estime en outre que l’Afrique doit poursuivre sa propre voie même si c’est difficile parce qu’étant la seule à faire l’expérience de son sens. C’est d’ailleurs tout le sens de la sémiotique des formes qui réinterroge les concepts et les méthodes qui se sont intéressés aux corpus africains.

Georice Berthin Madebe s’exprimant après le vernissage. © Gabonreview

 

La couverture recto-verso du livre. © Gabobreview

La rencontre de l’Afrique avec l’occident, dit-on, a produit des changements culturels dans les systèmes de pensée des Africains, leurs représentations sociales et même leur façon de produire et lire la littérature. Fort de ce constat, Georice Berthin Madebe a entrepris de réinterroger les concepts et méthodes qui se sont interrogés aux corpus africains à travers son dernier ouvrage publié, «Pour une sémiotique des formes : Introduction à la critique sémiotique de la littérature africaine». Le livre publié aux éditions L’Harmattan était au centre d’un vernissage ce mercredi 10 mai à Libreville. Riche de 313 pages et mis sur le marché au prix de 25 000 francs CFA, il invite à se réapproprier différemment le projet critique africain. Pour l’auteur, il répond à une problématique pas souvent formulée, sur la pertinence des réalités africaines et leur rapport aux sciences.

Invite à une lecture à partir des lunettes que constituent les valeurs culturelles africaines

«La façon dont on nous a enseigné nous incline à penser que la science est typiquement occidentale. Et cette façon-là crée des conflits entre les réalités que nous avons apprises à l’école qui sont des réalités d’ordre intellectuel et nos réalités sociales quotidiennes qui sont des réalités d’ordre culturel», explique l’auteur. Il attire l’attention sur un déficit de la pensée qui viendrait du fait que «ceux qui pensent pour nous le pensent à partir de leurs expériences». «On nous a dit que la rationalité était occidentale, l’émotion était nègre. Le livre contredit cela parce que c’est dans nos réalités que j’ai puisé des matériaux pour proposer une théorie universelle», a déclaré Georice Berthin Madebe. Les récepteurs critiques du livre parlent d’une œuvre ouverte à tout le monde et recommandable à un public assez élargi.

«Lorsqu’on lit cette œuvre, il y a de la suite dans les idées. Il y a quelque chose qui mérite d’être enseigné dans les universités», a commenté le Dr Jean Aimé Pambou selon qui Georice Berthin Madebe fait l’offre d’une recherche du sens dans la production littéraire à partir des éléments culturels. Rappelant que la littérature est porteuse du sens de la société, de ce que la société a été par le passé, comment elle s’est transformée et comment les valeurs sociales ou les valeurs culturelles ont connu des mutations dans le temps et dans l’espace, il assure «donc les valeurs culturelles sont une porte d’entrée pertinente, mais encore plus pertinente parce que la théorie de Georice Berthin Madebe nous invite à inviter davantage les valeurs culturelles africaines dans la restitution ou dans la compréhension de la production littéraire».

Vue de l’assistance lors du vernissage. © Gabonreview

Georice Berthin Madebe à l’honneur l’année prochaine

Ce d’autant plus que, souligne l’auteur, dans les corpus africains, il ne s’est pas encore élevé une théorie suffisamment forte pour mettre en ordre la science avec la réalité de manière à construire les sociétés africaines de façon cohérente et leur donner une rationalité totalement locale. La préface du livre est de Jacques Fontanille l’un des garants de la sémiotique française et Georice Berthin Madebe assure, «le livre a été très bien reçu en France par ceux qui ont fondé la discipline, qui pensent même que l’avenir de la sémiotique se situe en Afrique». En outre, son message est que les universitaires africains renoncent à reprendre les théories occidentales et les appliquer de façon mécanique aux corpus africains.

Cela, dit-il, provoque deux phénomènes «l’incompréhension de la réalité qu’on analyse, le prolongement de la cécité épistémologique des outils que nous utilisons». «C’est ce problème que j’ai voulu résoudre et je me réjouis qu’en France et ici les collègues m’aient entendu de façon claire et pertinente et c’est quand même un motif de satisfaction», a-t-il déclaré. «Georice est un grand sémioticien», a déclaré le directeur de l’Institut de recherche en sciences humaines (IRSH). «Nous avons prévu d’honorer les agents à l’IRSH. Je vous annonce que l’année prochaine, nous allons consacrer une journée au Pr Georice Berthin Madebe», a fait savoir le Pr Ludovic Obiang Emane face à l’auteur du livre qui en toute modestie, a exprimé sa reconnaissance à ceux qui croient en lui. «Ce sont ces gens-là qui en me donnant des opportunités m’ont construit et c’est à eux que je retourne les remerciements plutôt que d’en tirer quelques gloires», a-t-il dit en toute modestie», a déclaré Georice Berthin Madebe.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Abaga dit :

    A quoi sert un livre sur la sémiotique dans un pays où le peuple n a mm pas le minimum vital? On a besoin de choses concrètes dans de vrais domaines. Les Gabonais sont toujours dans des domaines inutiles. C est vraiment triste

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