L‘adoption d’un bulletin unique, inspiré à l’origine par l’opposition, mais bien différente de sa mise en application actuelle, suscite l’étonnement. Dans un contexte politique où l’assurance affichée par le pouvoir contraste avec des actions pour le moins surprenantes, Abslow, le chroniqueur de GabonReview, interroge les déterminismes de ce choix, la mise en œuvre du scrutin, et l’avenir politique du Gabon face aux enjeux entourant cette décision qui pourrait redéfinir le paysage politique du Gabon.

© GabonReview (Montage)

 

Selon le gouvernement, le bulletin unique leur a été inspiré par l’opposition. Quelle ironie de voir que c’est désormais l’opposition qui les inspire ! Si l’opposition a bien suggéré un bulletin unique, son idée était aux antipodes du bulletin inique tel que façonné par le CGE. Que s’est-il passé au sein de ce gouvernement si serein d’habitude, pour qu’il fasse un virage à 180° et nous engage subitement sur les sentiers de l’incertitude ?

La panique, il n’y a pas de doute ! Ce gouvernement et tous ses obligés paniquent grandement à l’idée d’être vomis dans les urnes. La peur a changé de camp. Voici des gens qui ont passé 7 années à affirmer que tout est sous contrôle. À proclamer que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes et que le Gabon ne s’est jamais aussi mieux porté que maintenant, qui montrent à la face du monde que rien n’est acquis.

On avait pourtant beau attirer leur attention sur la conduite hasardeuse des affaires publiques sous l’égide du Gabon émergent, qui a pris, depuis de longues dates, une tournure qui ne respecte plus les standards de bonne gouvernance. Mais rien n’y fit. Ils étaient sûrs de leur bon droit et ils s’autocongratulaient en faisant la sourde oreille quand fusaient partout et de tous les critiques.

Les voilà maintenant qui essaient de passer en force en organisant les élections les plus improbables de notre histoire récente. Que s’est-il passé dans leur univers de bisounours pour qu’ils veuillent organiser des élections générales qui viennent ajouter du flou à leur gouvernance floutée ? Et que s’est-il passé pour qu’ils optent pour ce mode de scrutin expérimental qui n’a aucun équivalent dans le monde ?

Le principe d’organisation des élections générales a pour objectif de désigner, en un seul scrutin, ceux qui présideront aux destinées d’une nation durant le prochain quinquennat. Si le principe est louable parce qu’il harmonise les mandats et mutualise les coûts, il devient cependant un problème quand il attente à la liberté de choix des votants en induisant un vote orienté. Et il devient une honte quand la loi électorale n’est pas calibrée pour ce dispositif.

Que s’est il passé pour que de la bonne idée de bulletin unique, on en vienne à façonner finalement, toute honte bue, un bulletin inique ? Un gouvernement de gens responsables, soucieux du sort de son peuple, peut-il laisser le CGE, un simple organe qui dépend de son autorité, jouer à la roulette russe avec l’avenir de tout un pays en menaçant gravement la paix sociale ? Je ne pense pas !

Et la Cour constitutionnelle qu’on aurait pu croire plus responsable pour ne pas aller jusqu’à donner un blanc seing à toutes ces manigances, n’a pas fait moins que de prendre parti pour ce gouvernement de magouilleurs et tripatouilleurs, en donnant à leur bulletin inique, un quitus légal. C’était la dernière pièce du puzzle qui vient démontrer la machination orchestrée par toutes ces institutions qui sont en intelligence et de connivence à l’évidence.

Quoi qu’il en soit, pour légal qu’il soit devenu, le bulletin inique sera létal pour ce pouvoir en dépit de ce que 14 années d’arrogance ont produit une telle assurance chez eux, qu’ils ne sont plus capables de réaliser les conséquences de leur inconséquence. La misère produite par cette oligarchie tropicale formée par ces incompétents plus que notoires, risque fort certainement de se retourner contre eux-mêmes et leur champion qui a décidé de ne pas mourir seul.

Ils gagneront ensemble, oups, ils tricheront ensemble où ils mourront ensemble. Ils triompheront ensemble ou ils sombreront ensemble. Le destin de l’un sera lié à l’autre et celui de l’autre fatalement à l’un. Aucun député ne devrait survivre à Ali Bongo et Ali Bongo ne devrait survivre à aucun député. Tel semble être la ligne directrice qui a guidé l’esprit tortueux et vicieux de ceux qui ont imaginé le bulletin inique.

Alors, puisqu’ils ont choisi de survivre ou de périr ensemble, pourquoi devrait-on se priver de leur obéir ? Il appartient désormais aux Gabonais de décider de leur sort. Jamais auparavant le peuple gabonais n’avait été en situation idéale de choisir son avenir : 1) continuer à subir les affres de ces gouvernants incompétents en votant le ticket PDG, ou 2) lui donner le coup de grâce en votant tout sauf le ticket PDG. La bête est vacillante, il faut l’achever.

ABSLOWMENT VRAI !

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Zeppelin dit :

    La bête est vacillante, il faut l’achever.

  2. Ogoula dit :

    Très belle analyse Bravo!

  3. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour Monsieur Abslow,

    Votre article est remarquable. Comme d’ailleurs la majorité de ceux que vous produisez dans cette tribune.

    14 ans c’est long! Le PDG et son « führer » (au sens de « guide ») ont apporté à notre pays des méthodes de voyou. Une bande de louves et loups affamées qui chassent en « bande organisée » et qui détruisent tout sur leur passage en laissant derrière eux « la misère », le désarroi le plus total. La désolation. L’incompréhension.

    Cette « misère » (lato sensu) est perceptible sur tout le territoire du pays. En sont-ils conscients? Le Gabon est en « urgence absolue ». Sa mort cérébrale est proche. Nous subissons une « loi de Murphy »(1). Ne devrions-nous pas sauver notre patrie dans une transition politique? Nous sommes, dès aujourd’hui, tous comptables devant notre (H)istoire. Le compte à rebours est lancé. Nous le rappelez si bien. Soit on tue « l’Hydre de Lerne » (le PDG et son guide), soit on continue avec cette « oligarchie tropicale » qui reste glaciale face aux préoccupations exponentielles des gabonaises et des gabonais (réduit(e)s à la mendicité).

    Devant l’urne, tout gabonais électeur a une responsabilité « létal » (je vous l’emprunte car il sonne fort) en vue de conduire le PDG et son führer dans un CERCUEIL A DEUX PLACES PREVU POUR L’OCCASION. Il s’agit bien d’une « opération spéciale »: détruire le PDG et son chef pour SAUVER LE PAYS. « Ils veulent mourir » en même temps. Parti(r) uni(que)!

    W. Churchill disait « Place à la guerre des voyous »: SABOTER! Ce banditisme institutionnel, cette « ignorance en bande organisée » des règles élémentaires de la Démocratie deviennent insupportables, à mes yeux. Nous sommes toutes et tous des gabonais(e)s. Lorsque j’écoute Monsieur Berre comparer l’opposition à la « bête à tuer ». Il montre bien que c’est ce régime dans sa sauvagerie la plus évidente: un fossoyeur de libertés! Une négation des valeurs humanistes!

    De ma vie, je n’ai jamais tenu un propos d’ordre politique. Une règle que je me suis imposé. Mais les circonstances exceptionnelles que traversent le pays m’oblige à le faire. Me taire serait me montrer complice. Car, nous aimons notre pays. Le voir dans cet état de déconstruction est un déchirement. Il n’est pas trop tard une transition. Si, il y a élections, alors comme le dit Okemvelé, PAS UNE VOIX POUR LE PDG!

    Cordialement.

    (1) Loi empirique énonçant que si quelque chose peut mal tourner, alors cette chose finira infailliblement par mal tourner. De manière précise, « s’il existe au moins deux façons de faire quelque chose et qu’au moins l’une de ces façons peut entraîner une catastrophe, il se trouvera forcément quelqu’un quelque part pour emprunter cette voie ».

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