Le Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) réaffirme avec persistance, dans le communiqué ici publié in extenso, les doutes exprimés par son président, Alexandre Barro Chambrier, quant à l’efficacité et la matérialisation de la plupart des mesures socioéconomiques annoncées par le gouvernement pour atténuer les conséquences du Covid-19 sur la population.

Le RPM, par la voix d’Alain Michel Mombo, son porte-parole, met en garde les autorités gabonaises sur le risque, par sa méthodologie, de laisser de côté les personnes qui en ont le plus besoin. © Gabonreview

 

Communiqué :

Après avoir pris connaissance du détail des mesures rendues publiques par le Premier Ministre Julien Nkoghé Bekale, le 10 avril 2020, en application de celles annoncées par le Président Ali Bongo dans son message à la nation, du 3 avril dernier, dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et ses conséquences, économiques et sociales, le RPM réaffirme les doutes exprimés par son Président, Alexandre Barro Chambrier, sur l’efficacité de la plupart d’entre elles.

En effet, l’annonce faite par Ali Bongo portait sur un dépistage de masse, autrement dit des tests systématiques de la population pour connaitre la situation épidémiologique du plus grand nombre. Or en nous orientant vers un confinement total du grand Libreville, on retarde d’autant ce dépistage tel qu’annoncé qui ne peut se réaliser que dans un cadre plus ou moins ouvert. Dans le même temps, le Gouvernement dresse une liste des cas ciblés par le dépistage. A quel moment interviendra donc le dépistage de masse ? Pour le RPM la solution réside dans le port généralisé du masque, dans la mise en place et l’accélération d’un véritable plan de dépistage dont les modalités devraient être mieux précisées et des moyens conséquents de mise en œuvre dégagés.

Par ailleurs, faut-il rappeler qu’une frange importante de la population est confrontée à la pauvreté et vie dans la promiscuité.  Cette frange vulnérable de la population devrait être protégée au plan sanitaire et accompagnée pour sa survie. Cela passe aussi par l’accès à l’eau potable que les déficits actuels constatés dans les quartiers sous intégrés et les coupures intempestives ne permettent pas de palier, malgré la mise en place de containers d’eau à certains endroits de la capitale.

Il est clair que les conditions du confinement total ne sont pas réunies, toute chose qui rend cette mesure aléatoire.

Il convient en outre, dès à présent, de préparer de manière rationnelle le déconfinement avenir du grand Libreville si l’on veut capitaliser les bénéfices à engendrer par les actions engagées.

Concernant la prise en charge par l’Etat, des loyers des personnes privées de revenus. Force est de constater que l’application de cette mesure fait fi du caractère non écrit de nombreux baux et de l’appréhension de petits propriétaires, dont les loyers constituent la principale source de revenus, à se soumettre aux formalités bureaucratiques exigées par le Gouvernement. Sans un sérieux réexamen de ses modalités d’application, il est à craindre que l’objectif de cette mesure ne soit pas atteint et que plusieurs compatriotes se retrouvent avec leurs familles dans la rue.

S’agissant de l’aide alimentaire aux personnes en détresse, le spectacle donné à Libreville par les bousculades observées chez les chefs de quartier est ahurissant. D’abord par la présence massive des demandeurs d’aide et par la non-observation des mesures barrières et de distanciation sociale, mais aussi parce qu’on semble écarter de cette opération, les services sociaux normalement habilités à intervenir. Le RPM met donc en en garde les autorités sur le risque, par cette méthodologie, de laisser de côté les personnes qui en ont le plus besoin.

En ce qui concerne les besoins urgents de trésorerie des entreprises, le Gouvernement indique qu’il ne s’agit nullement d’un financement budgétaire mais de prêts que les entreprises concernées devraient souscrire auprès de leurs banques à des conditions avantageuses (au taux d’intérêt bonifié de 5.5%). Le RPM s’interroge sur un certain nombre de zone d’ombre de cette mesure en rapport avec la nature réelle de la garantie de l’Etat et du rôle du comité technique mise en place à cet effet.

Au vu de tout ce qui précède, le RPM souligne une fois de plus la mauvaise préparation de certaines mesures de riposte contre le coronavirus et leur dévoiement. Il regrette que beaucoup de temps ait été perdu avant que les autorités ne songent à leur élaboration et que leur conception n’ait pas tenu compte des observations faites par diverses forces vives de la nation, conscientes des énormes difficultés à venir.

Enfin le RPM exprime son inquiétude face au blanc-seing donné aux forces de sécurité, sous le couvert de l’état d’urgence sanitaire, pour s’introduire dans les domiciles de paisibles citoyens et met en garde le Gouvernement contre les abus et dérapages qui en découleraient. En effet, l’état d’urgence ne doit avoir pour seul but que la lutte contre le coronavirus et son éradication dans notre pays et ne saurait servir de prétexte pour procéder à des violations massives des droits de l’homme.

Fait à Libreville le 11 avril 2020

Le Porte-parole du Parti

Alain Michel Mombo

 

 

 
GR
 

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