A deux ans de la prochaine présidentielle, les manigances de l’exécutif ne tiennent nullement compte de la volonté générale. En revanche, elles tendent à défendre des intérêts privés et partisans.

A deux ans de la prochaine présidentielle, est-il judicieux de modifier les critères d’éligibilité ? Pourquoi des sujets d’une telle importance ne peuvent-ils jamais faire l’objet de débats ouverts et inclusifs ? © Reuters

 

Sauf extrême naïveté, chacun peut le constater : l’exécutif multiplie les manigances en vue de conserver le pouvoir. Non content d’avoir initié trois révisions constitutionnelles en dix ans, il prend des ordonnances taillées sur mesure. Au gré de ses seuls intérêts, tout est reconsidéré ou reformulé. Ayant introduit l’obligation de résider «au Gabon depuis 12 mois au moins, en janvier 2011, il s’est curieusement empressé de retirer cette exigence, sept ans plus tard. Lors du conseil des ministres du 13 septembre courant, il s’est engouffré dans le vide ainsi créé pour repréciser les choses. Sont désormais éligibles les personnes «ayant résidé sans discontinuité sur le territoire national au moins six mois chaque année, au cours des deux dernières années précédant l’élection.» Une disposition applicable aux compatriotes «en poste dans les missions diplomatiques et dans les organisations internationales

Intérêt d’un petit groupe

Ces ajustements juridiques n’ont pas seulement pour but de disqualifier la diaspora, les diplomates et fonctionnaires internationaux de la course à la présidence de la République. Ils visent aussi un objectif beaucoup plus politicien voire mesquin : barrer la route à des personnalités déjà identifiées. Au-delà, ils poursuivent un objectif tout aussi clair : ouvrir un boulevard au futur candidat du pouvoir en place. A cette ultime fin, la Constitution peut être triturée, dévoyée. En fonction du contexte politique et institutionnel, la loi organique relative au président de la République peut être repensée. N’en déplaise aux zélotes de tout poil, tout ceci n’augure rien de bon. Bien au contraire. Comme le rappelle le Bureau régional des Nations-unies pour l’Afrique centrale (United nations regional office for central Africa – Unoca), les «élections inclusives et transparentes (sont) la clé de la stabilité et du développement (…)» Autrement dit, pour des «scrutins apaisés» il faut «veiller au respect des droits de l’homme et des citoyens.»

Certes, le critère de résidence «n’est pas une spécificité gabonaise.» Certes, il peut être «difficile de (…) diriger un pays dans lequel on n’est pas (…)» Mais, on ne peut s’accommoder de cette propension à légiférer en opportunité. Partout dans le monde, elle a été à l’origine de crises. A travers les âges, elle a été source de tensions. Pour la démocratie, elle demeure une menace. Pour le vivre ensemble, elle reste un danger. N’ayant pas vocation à régler des cas particuliers, la loi ne doit ni favoriser les uns ni handicaper les autres. Selon la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, elle est «l’expression de la volonté générale.» En d’autres termes, elle résulte de «la somme des différences de la volonté de tous.» C’est dire si elle doit rechercher l’intérêt général et non celui d’un petit groupe.

Main basse sur l’appareil d’Etat

La cohésion de notre société ne tient pas à notre capacité à reproduire les mauvaises pratiques venues d’ailleurs. Elle ne peut se renforcer dans le sectarisme et l’exclusion. En revanche, elle doit se nourrir de l’attachement à l’intérêt général. Or, les incessantes modifications du corpus juridique le suggèrent : à rebours de leurs discours sur l’Etat de droit, les détenteurs de l’autorité publique agissent d’abord par calculs personnels. A deux ans de la prochaine présidentielle, est-il judicieux de modifier les critères d’éligibilité ? Pourquoi des sujets d’une telle importance ne peuvent-ils jamais faire l’objet de débats ouverts et inclusifs ? Le fait majoritaire autorise-t-il la marginalisation d’une partie de la classe politique ? Légitime-t-il le mépris vis-à-vis de l’opinion publique ? Confère-t-il tous les droits ? Prive-t-il les autres du droit à la participation à la prise de décision ?

De toute évidence, les intérêts privés et partisans sont le moteur de la stratégie du pouvoir en place. Comme on a pu le voir à maintes reprises, les représentants de l’autorité étatique se satisfont de cette main basse sur l’appareil d’Etat. Du pouvoir exécutif à la Cour constitutionnelle en passant par l’autorité judiciaire ou le pouvoir législatif, toutes les institutions y trouvent leur compte. Pourtant, sous d’autres cieux, on a vu où peuvent mener de telles pratiques. On a pu mesurer combien elles sont nuisibles à la démocratie et au vivre ensemble. Des errements des autres pays, tirons au moins une leçon : seul l’Etat de droit protège les droits individuels et collectifs. Si le Gabon doit se doter d’institutions fortes, chacun gagnerait à y réfléchir.

 
GR
 

23 Commentaires

  1. ENDUNDU dit :

    Analyse pertinente et objective de gabonreview.com. ça donne à réfléchir.prenons-y garde.

  2. Serge Makaya dit :

    Continuez avec votre langue étrangère française que vous aimez parler et écrire de façon soutenue. Continuez à vouloir lire le droit ou la constitution. Continuez à vouloir vous présenter à la présidentielle malgré la non transparence qui se répète. Continuez à croire que le défunt Ali Bongo vit encore. Continuez à croire que les français sont des anges. Continuez tout simplement à rêver.

    Faites de beaux rêves. Mais attention au RÉVEIL.

    • Roger dit :

      D’accord avec vous Mr Serge Makaya. Il est malheureusement comme ça, le gabonais: il vit que dans les rêves. Et quand il se réveille, il est bien sonné. Malheureusement, c’est souvent trop tard. Et rebelote 7 ans plus tard pour le même scénario. Et ça, il n’en est jamais fatigué, puisqu’il continue à rêver d’une alternance qui ne viendra jamais. Quand prendra t’il conscience que son rêve doit être une révolution pour changer définitivement ce pays ? Et pourtant ce rêve est même possible, effectivement,sans effusion de sang. C’est comme vous le faites souvent savoir ici: se mettre TOUS D’ACCORD pour dire enfin: ÇA SUFFIT CETTE MASCARADE QUI DURE DEPUIS NOTRE PSEUDO INDÉPENDANCE!!

    • UDFR dit :

      Vous voulez parler quelle langue désormais…..le language des signes ????
      Rassurez vous bientôt vous parlerez l’anglais lorsque vous serez admis au Commonwealth…..

      • Fiacre dit :

        Le Commonwealth, c’était juste de la poudre aux yeux. Et les français le savent Mr ou Mme « UDFR ». C’est vous qui êtes plutôt aveugles. Ouvrez bien les yeux sur la nouvelle stratégie de la francafrique. Si nous devons parler anglais, alors l’armée d’occupation (l’armée française) devrait aussi s’en aller. Ce qui ne sera jamais le cas. Les français sont MAÎTRES dans le montage de scénarios. Ce qui n’est pas le cas des anglais et des américains quisont beaucoup plus tère à terre, direct. Eux ne tergiverser jamais: quand ils disent OUI, c’est OUI,et quand ils disent NON,c’est NON.

  3. Milangmissi dit :

    ali bongo et ses amis savent que les gens comme Bruno Ella, Daniel Mengara, Laurence Ndong ou Franck Ditengou… sont difficiles à manœuvrer plutôt que de s’encombrer à les gérer, ils les ont exclu.
    Au moins la dictature gabonaise est cohérente et pragmatique
    Quoi qu’il en coute ils garderont le pouvoir

  4. Teddy dit :

    Je finirai par croire que le Gabonais préfère demeurer l’esclave des Bongo (Valentin)…

  5. Lavue dit :

    Le poste de Roxanne est très édifiant. Si les opportunistes au sein du pouvoir peuvent le lire ils comprendront au moins que dans ce pays il y a des personnes plus intelligentes qu’eux et que les petits jeux auxquels ils s’adonnent sont clairement visibles et compréhensibles. Vous me direz comme le vieux Serge MAKAYA que ça n’y change rien. Si ça change, ça ne change certes pas immédiatement dans dans les faits, mais dans les têtes et les esprits ça se bouscule. Que ces gens comprennent au moins qu’ils sont en train de jouer à un très vilain jeu et que personne ne maîtrise l’avenir. Même les dictatures les plus sanguinaires ont fini un jour par tomber et les auteurs d’abus et de crimes sont passés devant la justice. Pourquoi est-ce que cela serait différent pour le Gabon? Ici bas, rien n’est acquis éternellement acquis.
    Si le tenants du pouvoir peuvent comprendre ce qui est dit dans le poste de Roxanne on pourrait s’épargner des lendemains douloureux dans l’avenir.

    Quant à ceux qui pensent qu’ils ne faut pas aller aux élections, ils sont simplement complices du pouvoir, ils jouent à un double jeu. Visiblement opposants et réellement membres à part entière du système. Un résistant combat toujours, si MANDELA avait abandonné le combat contre l’appartheid l’Afrique serait toujours sous le joug du pouvoir blanc.

    Il faut aller à chaque élection et se battre pour prouver les tricheries et le faux incarné par les institutions mis en place par le système et partant le système pervers dans lequel on vit. Un jour jaillira la lumière des ténèbres. On ne renonce à rien, même en local on trouvera un empêcheur de tourner en rond, un porteur d’espoir. Le Gabon glisse dans une médiocrité croissante et on doit pouvoir le faire savoir aux populations même si les conditions d’une alternance pacifique ne sont pas encore réunies.

  6. Irène dit :

    Donc, depuis l’arrivée des Bongo en 1967, ceux qui voient que ça ne sert absolument à rien d’aller à la présidentielle ont toujours torts ? N’empêche que depuis 1967, les mascarade ou tricheries se poursuivent avec la complicité de la même francafrique. Non, mais tu es dans quelle planète « Lavue » ? L’expérience du Burkina Faso ne te parle pas ? Ça changé quoi dans ce pays, malgré la révolution ?

  7. Victor dit :

    Ce qui est triste dans ces commentaires, c’est de savoir que certains sont payés ici pour jouer le jeu du pouvoir usurpateur. Après tout, c’est leur boulot, leur gagne pain. Bon travail.

  8. IPANDY dit :

    Bonjour!
    Demandé à candidat à la prochaine présidentielle à passer du temps dans le pays qu’il veut diriger est un drame.
    C’est mal perçu par plus d’une personne.
    On peut reprocher au pouvoir de modifier la constitution à son profit, mais en ce qui concerne la modification qui veut que les futurs candidats soient présents au Gabon je ne vois le mal à ça.

    Roxane, vous êtes partisans dans votre analyse.

    • Fille dit :

      @IPANDY, tout à fait d’accord avec vous. Comment est-ce possible d’arriver comme un cheveu dans la soupe pour prétendre diriger un pays dont on ne perçoit plus très bien les souhaits de la population ? C’est vraiment la preuve que tout ce beau monde s’amuse aux dépends du peuple gabonais tout en sachant l’issue inchangeable de ces prétendus scrutins. Tant qu’on y est le vrai changement serait que ceux qui veulent diriger le Gabon au nom des gabonais non seulement vivent au Gabon, mais aussi qu’il ne possèdent que la nationalité gabonaise afin de répondre GABON et défendre réellement les intérêts du Gabon si tel est que ce pays existe bien souverainement. Mais il est clair qu’il ne faut pas rêver à l’heure actuelle. Merci Roxanne mais vous semblez depuis quelques temps seulement découvrir les maux profonds que les gabonais dénoncent depuis belles lurettes. Prise de conscience ou le vent me mène ?

  9. Lavue dit :

    Ma chère Irène on ne fait pas la révolution dans les médias. Faut commencer par prendre part aux manifestations, aux actions de révolution à mener par des acteurs qu’il te revient de nous préciser STP. A travers ce média, on fait aussi de la pédagogie, on explique les choses, c’est ce que j’essaie de faire. Je ne suis pas naïf. Maintenant si tu veux un soulèvement faut nous dire comment tu envisages qu’il s’opère. C’est pas tout de regarder le passé et de formuler des critiques à répétition, il faut aussi dire comment on envisage l’avenir.

    Je maintiens ce que j’ai dit dans mon précédent message, seul la persévérance dans la lutte conduit au changement. Y renoncer c’est mourir sans combattre. Ceux qui ne vont pas aux élections ont bien tort.

    La révolution est certainement une piste, mais faut nous dire comment tu imagines l’organiser. On est ici pour échanger, toute idée qui nous conduirait au changement est bonne à retenir.

    Merci

  10. Paul Bismuth dit :

    Ali Bongo et ses caudataires n’ont de cesse de sacrifier le but de leur fonction aux mesures qu’ils prennent pour s’y maintenir. Ce sont de piètres hommes d’Etat qui n’ont aucun sens de l’intérêt collectif.

    En revanche ils ont le caractère pour être de bons capitalistes. Il leur manque juste une certaine appétence pour la création de la richesse : Ali et sa bande de voleurs préfèrent en réalité prendre la richesse qui ne leur appartient pas au lieu de créer la leur.

    En fait Ali et ses flagorneurs nous sont aussi utiles que les rats qui cohabitent avec nous dans nos taudis. Pardonnez moi la véhémence de mon propos, mais j’en ai vraiment plus qu’assez d’eux.

  11. Paul Bismuth dit :

    Ali croit, comme nombre des ses homologues sur le sol africain, que présidence rime avec bail emphytéotique.

    Excellence Monsieur le président de la République, vous qui êtes juste après Dieu dans l’ordre protocolaire, si je puis me permettre quelque conseil, modifiez définitivement notre constitution et faites de notre cher pays une monarchie. Un tel acte vous donnerait de la cohérence, à défaut de refléter le bon sens.

    Quant à nous, cela nous éviterait de faire fonctionner le chewing-gum mâché qui nous sert de cerveau pour essayer de comprendre la direction que vous voulez nous faire prendre. On pourrait ainsi réfléchir par exemole à vous donner quelque « fatigue sévère » sans possibilité de retour aux affaires.

  12. diogene dit :

    une dictature gouverne par dictats.

    l’obligation de résider au pays lorsque l’on brigue la magistrature tenait aux temps révolus où les moyens de communication était très réduit (antiquité) mais nous savons en temps réel ce qui se passe sur la lune, alors à quoi bon être aussi réactionnaire ?

  13. LES GABONAIS SAIT D’ABORD FAIRE QUOI?
    LE COMMERCE COMME LE NIGERIEN ET LES CAMEROUNAIS RIEN?NUL?
    POLITIQUE CRITIQUER ALI DERRIERE LES CASIERS DE LA REGAB OUI!!!!
    QUAND KELI ONDO A DONNE LE TON AVEC LE COUP D’ETAT LES GABONAIS COURAIENT POUR FAIRE LE MARCHER AU LIEU D’ALLER DANS LA RUE OU EN FORET COMME LES BOKO HARAM OU BIEN LE NOSO AU CAMEROUN
    ALORS VIVONS DANS LES REVES-NOUS SERONT GOUVERNES A VIE PAR LES BONGO ET JE FIER D’ETRE GOUVERNE PAR EUX PARCEQUE NOUS DES PARLEURS REVEURS.

  14. LE GABONAIS SAIT D’ABORD FAIRE QUOI?
    LE COMMERCE COMME LE NIGERIEN ET LES CAMEROUNAIS RIEN?NUL?
    POLITIQUE CRITIQUER ALI DERRIERE LES CASIERS DE LA REGAB OUI!!!!
    QUAND KELI ONDO A DONNE LE TON AVEC LE COUP D’ETAT LES GABONAIS COURAIENT POUR FAIRE LE MARCHER AU LIEU D’ALLER DANS LA RUE OU EN FORET COMME LES BOKO HARAM OU BIEN LE NOSO AU CAMEROUN
    ALORS VIVONS DANS LES REVES-NOUS SERONT GOUVERNES A VIE PAR LES BONGO ET JE SUIS FIER D’ETRE GOUVERNE PAR EUX PARCEQUE NOUS SOMMES DES PARLEURS REVEURS.

Poster un commentaire