Comme si la vaccination était devenue obligatoire. A compter du 15 décembre prochain, l’accès aux lieux publics sera conditionné par la présentation d’un test PCR ou d’un carnet de vaccination.

Devra-t-on vivre dans un Gabon scindé en deux : d’une part les vaccinés jouissant d’un traitement de faveur, d’autre part les non-vaccinés condamnés à ruser au quotidien ? © Gabonreview

 

En conditionnant l’accès aux lieux publics à la présentation d’un test PCR ou d’un carnet de vaccination, le gouvernement a semé doute et émoi au sein de l’opinion. Tout s’est passé comme si la vaccination était devenue obligatoire. Comme si le carnet de vaccination était devenu une pièce d’identité. Comme si la lutte contre la covid-19 relevait de formalités administratives. N’en déplaise au ministre de la Santé, ces mesures ne sont nullement proportionnées. Ne correspondant ni à notre réalité ni à notre taux de prévalence, elles rappellent celles en vigueur en France. De façon insidieuse, le Gabon va entrer dans l’ère du pass sanitaire. Après tout, la reprise ou le maintien de certaines activités dépend de l’adhésion à ce dispositif.

Régime d’exception

A compter du 15 décembre prochain, nul ne pourra entrer dans une administration, une entreprise, un restaurant ou un snack-bar s’il n’est vacciné. Pourtant, le président de la République s’est longtemps défendu de vouloir en arriver là. «Je tiens à rappeler à tous que le vaccin n’est pas obligatoire mais fortement recommandé par les autorités sanitaires nationales et internationales», affirmait Ali Bongo le 22 mars dernier. S’est-il ravisé ? Sur quels fondements scientifiques ? S’est-il préalablement assuré de la constitutionnalité d’une telle mesure ? A-t-il cherché à vérifier si elle porte atteinte aux droits fondamentaux et libertés individuelles ? Même si elle n’attend pas grand-chose du Comité scientifique, l’opinion s’interroge. Quand bien même elle ne se fait guère d’illusion quant à une éventuelle réponse de la Cour constitutionnelle, elle aimerait être fixée. Déjà, l’on relève un détail : ces mesures ne sont pas limitées dans le temps. Comme si l’état de catastrophe sanitaire n’était pas un régime d’exception, le gouvernement a évité de se prononcer sur la question.

Par ailleurs, deux points suscitent les réserves les plus vives. D’abord, la généralisation du pass sanitaire à l’ensemble du monde professionnel. Partout dans le monde, cette disposition s’adresse à certains salariés, notamment ceux exerçant dans les lieux de loisirs, de convivialité, de santé, les transports publics ou les centres commerciaux. Le Gabon sera-t-il le premier pays à l’étendre à tous les secteurs d’activité voire à toute la population ? Si on peine à le croire, on aimerait comprendre. Ensuite, la conformité au droit du travail. Le pass sanitaire ne viole-t-il pas l’esprit du Code du travail et du statut général des fonctionnaires ? Quel rôle pour les employeurs ? Devront-ils procéder à des contrôles ? Auront-ils le droit de suspendre les contrats de travail en cas de non-présentation du pass sanitaire ? Qu’encourent-ils au cas de refus de se plier à cette exigence ?

Un Gabon scindé en deux 

Sauf à vouloir transposer les dispositions de la loi française, le gouvernement doit approfondir sa réflexion. En tout cas, il doit revoir sa copie. Ce dispositif vise-t-il à limiter la propagation du virus ou à promouvoir la vaccination ? Si on aurait pu croire en la première hypothèse, la suppression de la gratuité valide plutôt la seconde. Comment ne pas y voir une légalisation déguisée de l’obligation vaccinale quand les prix des tests sont revus à la hausse ? Le vaccin sera-t-il gratuit ou payant ? Où l’on se demande si tout cela n’est pas attentatoire aux libertés syndicales, politiques ou de conscience. A la fin des fins, l’on se demande si tout cela ne facilite pas une immixtion de la puissance publique dans la vie privée ou si on n’assiste pas à la naissance de deux catégories de citoyens. Devra-t-on vivre dans un Gabon scindé en deux : d’une part les vaccinés jouissant d’un traitement de faveur, d’autre part les non-vaccinés condamnés à ruser au quotidien ?

Le gouvernement pourra se défendre en prenant exemple sur la France et, plus largement l’Union européenne. Il subsistera toujours des doutes. Si le pass sanitaire a été imposé dans d’authentiques démocraties, le débat sur la préservation des libertés n’y a guère été occulté. En particulier, ces Etats ont cherché à protéger la liberté d’aller et venir, la liberté d’exercer une activité professionnelle et la liberté d’entreprendre. Eu égard au scepticisme affiché par l’opinion, l’exécutif gagnerait à faire de même, à défaut de se mettre à l’écoute. Autrement, il pourrait très vite être accusé d’instaurer une «dictature sanitaire” voire de poursuivre un dessein inavouable mais déjà pointé : le verrouillage de la vie publique.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Dikando dit :

    De pauvres rigolos qui nous fatiguent sérieusement!
    Quelle malédiction on traine là avec ces fous à la tête du pays!
    le palu tue plus de 500 gabonais chaque année, on ne vous voit pas régler le problème.
    Corona emporte 270 gabonais en deux ça y est! Plus rien n’a d’importance si ce n’est la maladie star CORONA…Virus
    Les gabonais savent que c’est Ali Bongo et ses amis qui sont leur vrai « virus » dont ils doivent se méfier!
    Quelle fatigue depuis tant d’années! Oooh! Dieu est quand même méchant avec le peuple gabonais… quelle souffrance inutile à cause des tocards!

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