La Première ministre peut-elle se reprendre ? On peine à le croire.  Sans retour à la vie normale, les choses pourraient tomber de Charybde en Scylla.

Si elle veut se donner des chances de redresser la barre, Ossouka Raponda doit s’intéresser aux problèmes des populations et non aux réalités vécues sous d’autres cieux. © Gabonreview/Shutterstock

 

Le 04 septembre 2020, du haut de la tribune de l’Assemblée nationale, la Première ministre énonçait cinq priorités : la maîtrise du risque sanitaire, la relance de l’économie, l’amélioration de la gouvernance, la préservation de notre modèle social et, la consolidation du vivre ensemble. Un an plus tard, on est loin du compte. C’est une loi d’airain : plus les espoirs suscités sont grands, plus l’échec sera durement ressenti. Abusivement présentée comme une «économiste de métier», Rose Christiane Ossouka Raponda était attendue sur ce terrain. A l’épreuve des faits, elle s’est révélée peu inventive. Dépassée par les défis, elle n’a guère étalé sa technicité supposée. Soumise à des officines réputées puissantes, elle n’a pas fait montre de courage politique. Au final, elle n’a pas pu porter des réformes structurelles adaptées à la situation.

Déficit d’autorité

Censée ouvrir une «nouvelle page» de notre histoire, la Première ministre a plutôt cédé au prêt-à-penser. Comme le rappellent Mays Mouissi et Harold Leckat, son objectif économique est d’«améliorer le positionnement du Gabon dans le classement Doing business.» Conséquence d’un déficit d’autorité, ce suivisme l’a perdue. Jamais, elle n’a songé à opérationnaliser le Conseil interministériel pour l’investissement (CII), pourtant défini comme «le baromètre du suivi, de l’harmonie et de la cohésion des politiques (publiques) (…) liées à l’investissement et à la croissance.»  Elle n’a pas non plus été à mesure d’optimiser le travail de l’Agence nationale de promotion des investissements (ANPI), s’agissant notamment des politiques relatives à la promotion des investissements et aux exportations. De même, elle n’a pas envisagé la réforme de la gouvernance du port d’Owendo et des régies financières, Douanes et Impôts particulièrement. Comme on peut le constater, elle n’a guère réfléchi aux moyens de mieux intégrer l’Internet et la téléphonie mobile, singulièrement le mobile banking, devenu le principal outil d’inclusion financière, loin devant la microfinance.

Par contre, elle s’est attaquée au permis de construire, au transfert de propriété et à la justice commerciale. Pourtant, dans le contexte politique actuel, aucun tribunal national n’offrira des garanties d’indépendance supérieures à celles de la Cour commune de justice et d’arbitrage de l’Organisation pour l’harmonisation du droit des affaires en Afrique (Ohada). Du coup, elle a laissé le sentiment de faire dans l’affichage. A ces erreurs de diagnostic se sont greffées des maladresses liées à un manque de méthode. A ces choix erronés se sont ajoutées des insuffisances nées d’une inexpérience politique. Il n’en fallait pas plus pour galvaniser ses ennemis de l’intérieur, trop heureux d’instruire un procès en incompétence puis de sonner l’hallali. La Première ministre peut-elle se reprendre ? On peine à le croire. Trop acquise à la bien-pensance, elle ne peut s’affranchir d’une gestion précautionneuse.

Répondre à la demande populaire

S’étant condamnée à fonctionner au rythme des restrictions imposées sous prétexte de lutte contre la covid-19, Rose Christiane Ossouka Raponda ne peut aller au-delà. Censé «préparer l’après-pétrole», son Plan d’accélération de la transformation (PAT) parait condamné par avance. Comment maximiser le rendement dans un pays soumis à un interminable couvre-feu ? Comment tirer le meilleur parti d’une administration contrainte de fonctionner par intermittence ? Au train où vont les choses, la récolte ne sera pas au rendez-vous de 2023. A l’inverse, le chantage au vaccin le sera. «La maîtrise du risque sanitaire lié à la Covid-19» ? Sur le chemin de la «transformation», elle s’avère être une contrainte dressée par le régime lui-même : sans retour à la vie normale, les choses pourraient tomber de Charybde en Scylla.

Dans le traitement de la crise sanitaire, le gouvernement affiche un biais cognitif. Se posant en relais des télévisions par satellite, cherchant à coller au président français, il donne l’impression de faire dans la dramatisation, se coupant toujours plus de la réalité. Affirme-t-il agir en application du principe de précaution ? On lui oppose les chiffres communiqués par ses services. Dit-il vouloir «mettre l’accent sur la prévention et les soins de santé primaire» ? On lui rappelle les problèmes d’accès à l’eau potable, reconnu comme un déterminant de santé publique. Si elle veut se donner des chances de redresser la barre, Rose Christiane Ossouka Raponda doit s’intéresser aux problèmes des populations. Autrement dit, ses options doivent répondre à la demande populaire et non aux réalités vécues sous d’autres cieux. «Les vrais besoins n’ont jamais d’excès», écrivait Jean-Jacques Rousseau. Or, du point de vue du petit peuple, l’exécutif tire trop sur la corde de la covid-19.

 
GR
 

30 Commentaires

  1. Serge Makaya dit :

    Je vais continuer à défendre ma fille. Elle n’est pour rien dans la souffrance du peuple gabonais. Cessez de jeter la pierre aux innocents. Elle n’est, certes, pas à la hauteur de certains 1ers Ministres qu’on a eu, mais ce n’est pas de sa faute si le pays n’avance pas.

    Et si Gabonreview est payé par le régime totalitaire des Bongo-francafrique, prenez votre valise de millions d’euros ou de francs CFA. Et foutez la paix à ma fille.

    Vous êtes sans ignorer la célèbre phrase d’un tout premier ministre d’Omar Bongo, Léon Mébaume,qui disait, je cite: »Je n’ai jamais gouverné ».Et tous les 1ers Ministres qui ont défilés sous ce régime tyrannique des Bongo peuvent en dire autant. Le seul reproche que je peux faire à ma fille OsdoukOsdouOssouka Raponda, c’est d’avoir accepté ce ridicule poste de première ministre du Gabon.

    LE MAL DU GABON S’APPELLE: LA FAMILLE BONGO ET LA FRANCAFRIQUE.

    C’EST CE MAL QUE NOUS DEVONS TOUS COMBATTRE. ET IL N’EST PAS ENCORE TROP TARD D’ARRÊTER L’HÉMORRAGIE OCCASIONNÉ PAR LES BONGO-FRANCAFRIQUE DEPUIS PLUS DE 50 ANS.

    LAL’UNE DES SOLUTIONS SERAIT DE NE PAS ALLER À LA MASCARADE PRÉSIDENTIELLE DE 2023. CES FRANÇAIS ONT DÉJÀ TOUT FICELÉ. CE SERA ENCORE UN BONGO. NON PLUS ALI, PUISQUE JE VOUS LE RÉPÈTE QU’IL EST BIEN MORT À RIYAD. CE SERA OU JUNIOR OU NOURREDINE QUI,TOUT DEUX, SONT PRETS À DEVENIR DES CLOWNS, PARDON, DES MARIONNETTES AU SERVICE DE LA FRANCE, PARDON, DU QUAI D’ORSAY.

    LEVONS NOUS POUR LIBÉRER NOTRE PAYS SVP.

    • Didier dit :

      @Serge Makaya, les Gabonais préfèrent rester les esclaves des Bongo et de la françafrique. Ou alors, ils sont complètement aveugles. Ce qui s’est passé au Tchad, récemment, ils ne le voient toujours pas.

      Je souscris totalement à cette phrase de Sékou Touré: « Il n’y a pas de dignité sans liberté, nous préférons la pauvreté dans la liberté à la richesse dans l’esclavage », déclarait Sekou Touré le 25 Août 1958 lorsqu’il dit non à l’administration coloniale devant le Général De Gaulle à Conakry.

  2. Serge Makaya dit :

    N’oubliez jamais la ruse du démon: c’est de se faire passer pour un ange de lumière. Les Bongo sont des démons déguisés justement en Ange de lumiere. Tout le clan Bongo et ses suppôts (Assele et autres) ont des COMPTES à rendre à la justice gabonaise pour: VOLS – ASSASSINATS – USURPATION DU POUVOI – ETC…

    IL FAUT TRADUIRE CES BONGO ET AUTRES EN JUSTICE SVP.

  3. Tall dit :

    Non mais GabonReview, arrêtez de vous acharner sur une dame que vous ne connaissez pas et qui fait son travail avec beaucoup de sérieux. Ce n’est pas en étant populiste qu’on a raison. Si vous essayez d’adopter une attitude d’observateur (pas sous influence) vous produirez de meilleurs articles sur elle. Vous êtes un journal avec un bon potentiel mais trop orienté et c’est dommage. Soyez objectifs et plus réfléchis s’il vous plaît. Les résultats d’une stratégie ne se jugent pas en quelques mois et rendez les gabonais intelligents. Merci.

    • Fiona Fiona dit :

      @Tall. Pour mettre fin au couvre-feu, il faut 10 ans ? Pour réorganiser le port d’overdose il faut 100 ans ? Pour réorganiser la Douane il faut 200 ans ? Reconnaissez qu’elle a peur des petits incompétents qui sont à la présidence…. Reconnaissez qu’elle n’est pas à la hauteur.

      • Denis dit :

        Quel Premier Ministre Gabonais a été à la hauteur depuis l’arrivé ds Bongo ? Il y a eu plus compétent qu’elle, c’est vrai. Mais le véritable frein de l’économie Gabonaise demeure la même famille au pouvoir depuis plus de 50 ans. c’est du jamais VU.

        Je ne crois pas que Serge Makaya ou Tall soutiennent Rose Raponda Ossouka. C’est juste pour nous dire que le même scénario se met en place. On a souvent changé de 1er ministre, même parmi les meilleurs, en leur faisant porter le crise politique ou économique de notre pays. En réalité, c’est le régime des Bongo qui est à l’origine de tous nos malheurs. ne dites pas que vous l’ignorez ?

      • Hugo dit :

        « …Reconnaissez qu’elle a peur des petits incompétents qui sont à la présidence… » Certainement. Donc c’est la preuve qu’elle ne gouverne même pas. Comme disait Léon Mebiame: « Je n’ai jamais gouverne… »

        Les prédécesseurs n’ont pas fait grand chose aussi. Aucib

  4. Serge Makaya dit :

    J’invite tous les Premiers Ministres encore en vie à SOUTENIR Ossouka Raponda, 1er femme Première Ministre au Gabon. Pour une fois, soyez SOLIDAIRES avec cette femme. Ne la laissez pas être ridiculisé par ces Bongo. C’est leur stratégie. Faire porter le CHAPEAU aux autres (innocents).QUE CE SALE JEU DES BONGO S’ARRÊTE. ILS SONT TOUJOURS LÀ À DIVISER POUR MIEUX RÉGNER. LEUR PUISSANCE DE POUVOIR SE TROUVE DANS LA DIVISION DES GABONAIS. UNE FOIS QU’ILS ONT ABOUTIS À CETTE DIVISION, ILS VIENNENT MAINTENANT JOUER AUX « RECONCILIATRECONCILIATEURS DES GABONAIS », A CEUX QUI APPORTENT UN PSEUDO PAIX, JUSTE POUR SE MAINTENIR AU POUVOIR.

    QU’ILS AILLENT SE FAIRE FOUTRE AVEC LES FRANÇAIS QUI LES SOUTIENNENT.

  5. Giap EFFAYONG dit :

    @Tall
    C’est plutôt vous qui n’êtes ni réfléchi ni objectif.Après tout,les cons ça osent tout c’est en cela qu’on les reconnait.(Pierre DESPROGES).

  6. Gaston dit :

    «Les vrais besoins n’ont jamais d’excès», écrivait Jean-Jacques Rousseau.
    Vous n’avez que des auteurs français pour vos CITATIONS ? Les besoins ne sont pas aussi les mêmes d’un Continent à un autre.

  7. Hugo dit :

    Suite: aucun premier ministre n’avait, n’a, n’aura les mains libres avec ces Bongo à la tête du Gabon.

  8. Boubada dit :

    Pour le Gabon faites nommé même bil gate vous verez zéro résultats ne soyez pas naïf le PB est que il y’a une multitude de chef d’État au Gabon suivez mon regard

  9. MONSIEUR A dit :

    Ne soyons pas hypocrites, cette femme travaille avec les prérogatives qui lui sont attribuées en ce temps de COVID-19. Que voulez-vous qu’elle fasse?

    a) Levez le couvre-feu? impossible, cella dépend de la Présidence de la République (via la France).

    b) Relancer l’économie? impossible avec ce temps de COVID-19. On attend que la France donne son feu vert.

    c) Opérationnaliser les AGENCES: impossible, toutes dépendent de la Présidence de la République.

    d) Etc…: impossible.

    Alors que faire?

    Je crois qu’elle travaille en Professionnelle avec le peu d’elle a pour produire le maximum qu’elle peu.

    En conclusion: Les Problèmes du GABON ne peuvent pas être solutionnés par Les Premiers Ministres; mais avec COURAGE par les Députés, les Sénateurs et bien sûre le Président de la République lui même.

    • Yvette Ndong dit :

      « En conclusion: Les Problèmes du GABON ne peuvent pas être solutionnés par Les Premiers Ministres; mais avec COURAGE par les Députés, les Sénateurs et bien sûre le Président de la République lui même. »

      « et bien sûre le Président de la République lui même. » C’EST VOTRE FIN QUI ME DÉRANGE. CAR NOS PROBLÈMES NE PEUVENT PAS ETRE RÉSOLUS AVEC UN USURPATEUR A LA TÈTE DU PAYS. CA FAIT PLUS DE 50 ANS QU’ON A DES USURPATEURS A LA TÈTE DU GABON. L’USURPATION EST UN MAL. ET QUI SÈME LE MAL RÉCOLTE LE MAL.

  10. Victorine dit :

    Au fond, est-ce même utile ce poste de 1er ministre au Gabon ? Du moment ou cette famille Bongo concentre la totalité du pouvoir, que le président voleur assume ce rôle aussi. Nous ferons au moins des économies.

  11. Julien dit :

    Beaucoup d’entre nous faisons toujours semblant de ne pas comprendre la réalité de la crise gabonaise. Même si cette femme (Ossouka Raponda) n’arrive pas à la cheville de beaucoup d’autres 1ers ministres que notre pays à déjà eu,elle n’est en rien responsable de nos malheurs. Ossouka Raponda est une marionnette des Bongo qui sont eux mêmes des marionnettes de la francafrique. Est-ce si difficile à comprendre ça ?

    Notre pays ne va pas mal à cause de nos premiers ministres à qui on voudrait faire porter le chapeau. Nous avons depuis 5 décennies à la tête du Gabon un président illégitime, et de plus voleur et assassin. Les choses iront bien au Gabon quand on sera enfin débarrassé de cette illégitimité au pouvoir depuis plus de 50 ans.

  12. cyrtiburce moundounga dit :

    Bjr. « Charybde en Scylla ». En français facile cela signifie aller de mal en pis, aller d’un danger à un autre encore plus grand. La PM est elle à ce point sur cette trajectoire ?

  13. Lavue dit :

    C’est difficile d’attendre grand chose des personnes minables. Cette dame n’est pas aussi idiote que ça, elle joue au jeu qu’on lui a confié: reste là, prend tes sous et la ferme. Quand on veut conserver le pouvoir sur des décennies, il faut se donner les moyens humains intellectuels et moraux pour y parvenir. Mais là le disque des BONGO et acolytes est le même, on ne fait rien pour former normalement la progéniture, on se complait dans nos limites et on tient les gens par le ventre et la terreur (la tueuse GR qui décide du sort des élections). On arrose avec un peu d’argent, on corrompt la masse. Ces pratiques ne pourront perdurer dans le temps. Comme les BONGO ont décidé de conserver le pouvoir, qu’ils envoient leurs enfants faire de vraies études, que leurs enfants se confrontent aux personnes plus intelligentes qu’eux. S’ils gardent la même attitude avec des parachutages comme celui d’ALI (personne ne sait de quelle université il est diplômé), des fabrications à l’emporte pièce comme celle de NOURREDINE , JUNIOR ou autres inconnus actuellement ça ne fera jamais avancer le pays. Et puis il faut qu’ils apprennent à avoir un peu honte. On ne peut pas être de familles financièrement nanties et ne pas pouvoir en sortir des gens intellectuellement bien formés, capables de mettre sur les rails du développement économique et social un tout petit Etat comme le Gabon. C’est vrai que les cancres et les médiocres ne connaissent pas la honte, mais il est temps que ceux qui tiennent le pouvoir au Gabon depuis des décennies commencent par en avoir un peu, car qu’ils le veuillent ou pas ils sont les tous premiers responsables de la situation dégradante du pays. Avoir un peu honte sera déjà un signe de prise de conscience et les autres « moutons » du PDG pourront emboîter le pas .
    C’est aussi la réalité des choses.
    Mimer le France en changeant les premiers ministres c’est du piètre spectacle. En France ça apporté quoi. C’est pas une question d’un seul individu. S’il s’agit d’un déficit du premier ministre, le Gabon peut en mettre 3 en même temps, pourquoi pas? Et le Président qui est sensé avoir été élu par le peuple, il sert quoi honnêtement. Si faire la politique ça se résume à ce jeu, c’est vraiment triste.

  14. Fille dit :

    « La Première ministre peut-elle se reprendre ? On peine à le croire » et suite …

    Notre Roxanne en mission commandée !

    Avec ça on comprend aisément que la Première Ministre va être sur un siège éjectable dans quelques temps. Etes-vous en train de préparer l’opinion ? Sinon, si vous connaissez l’histoire politique du Gabon, vous savez certainement qu’aucun Premier Ministre, ni personne d’ailleurs en haut lieu n’a eu les mains libres pour bouger quoique ce soit. En effet, il est bon de rappeler les paroles de l’ancien Premier Ministre Léon Mebiame : « je n’ai jamais gouverné ».
    Peut-être même qu’en réalité Madame Ossouka tente de faire pour le mieux, mais l’écran de fumée noire que vous jetez sur elle est franchement suspect. On en a vu d’autres vous savez. Gabonais ne rime pas toujours avec « niais ».

Poster un commentaire