Ajustements de dernière minute, connivence institutionnelle, procès d’intention… Les institutions laissent le sentiment de vouloir distiller la peur et non garantir la paix.

Le Code de procédure pénale ne donne nulle part aux procureurs de la République une mission de sensibilisation juridique. Qui donc peut les contraindre à s’exprimer le même jour, en des termes identiques, laissant le sentiment de bander les muscles ou de se dresser face au peuple ? Une inédite coordination faisant penser à une action censée distiller la peur et pas garantir la paix. © GabonReview

 

À un mois des élections générales, le climat politique se crispe davantage. En plein processus électoral, le gouvernement s’est attaqué aux verrous censés garantir l’intégrité du vote. Sans rien trouver à redire et avec célérité, le Parlement a voté ces ajustements de dernière minute. Dans la confusion générale, le président de la République a promulgué la loi ainsi modifiée. Saisie par de nombreuses forces sociales, la Cour constitutionnelle n’a rendu sa décision que très tardivement. Pendant ce temps, le Centre gabonais des élections (CGE) se livre à des interprétations spécieuses des textes soit pour disqualifier des candidats soit pour imposer de nouvelles règles. Si le meeting d’Alexandre Barro Chambrier a été émaillé de violences, le Parti démocratique gabonais (PDG) y est allé à reculons pour condamner ces actes, s’y prêtant sous la pression de l’opinion, un peu plus de 48 heures après leur commission.

Micmac destiné à impressionner

Comme si cette lenteur n’était pas suffisamment éloquente, les procureurs de la République ont synchroniquement rappelé les peines encourues en cas de troubles. Comme l’enchaînement des événements, la concomitance de ces déclarations en rajoute à l’émoi et au trouble. Pourquoi ces rappels subits ? Pour mettre en garde les populations d’autres contrées du pays ? Mais le parquet de Franceville a déjà ordonné une enquête. Ne valait-il pas mieux la laisser aller à son terme dans le calme et la sérénité ? Qui a assez d’autorité pour contraindre les procureurs à s’exprimer le même jour, en des termes identiques ? Où l’on en vient à interroger le rôle du ministre de la Justice et, pourquoi pas, du président de la République, par ailleurs président du Conseil supérieur de la magistrature. Or, Ali Bongo est candidat à sa propre succession.

Sans tomber dans la suspicion gratuite, la connivence institutionnelle parait évidente. Autrement dit, cette inédite coordination laisse croire en un micmac destiné à impressionner et non à préserver l’ordre public. Il fait penser à une action concertée, censée distiller la peur et pas garantir la paix. A la fin des fins, cela renvoie l’image d’institutions aux ordres, ayant pris fait et cause pour une chapelle politique. Pourtant, le Code de procédure pénale énonce les attributions du procureur de la République. Pêle-mêle, cette loi lui confère la capacité à recevoir les plaintes et dénonciations, apprécier la suite à leur donner, procéder ou faire procéder «à tous les actes nécessaires à la recherche et à la poursuite des infractions». Nulle part, elle ne lui donne une mission de sensibilisation juridique, cette tâche étant dévolue à la société civile voire aux partis politiques. Le parquet ne le sait-il pas ? Pourquoi est-il sorti de son rôle ?

Manœuvre d’intimidation

Depuis le début du processus électoral, les institutions s’illustrent par le mélange des genres, une connivence à peine masquée et une volonté d’entretenir la tension. L’annulation du décret relatif aux délégations spéciales chargées de recevoir les déclarations des biens des candidats aux élections politiques ? Elle n’a guère ému le CGE. Au vu et au su de la Cour constitutionnelle, l’instance électorale a continué d’en appliquer les dispositions. Les interrogations sur les conditions de promulgation de la loi supprimant l’usage de l’enveloppe accolée ? Elles n’ont pas donné lieu à des clarifications, le gouvernement et la juridiction constitutionnelle s’étant murés dans un mutisme aux confins du mépris. Quand on se remémore du dénouement des présidentielles de 2009 et 2016, ces silences font craindre le pire. Des «élections aux lendemains apaisés» peuvent-elles être organisées dans un tel capharnaüm ? Sont-elles envisageables quand les pouvoirs ne se contrebalancent plus, mais laissent le sentiment de bander les muscles ou de se dresser face au peuple ?

Ne s’étant guère posé ces questions, le ministère public a choisi d’y aller de sa transgression, brandissant le bâton. Même si on peut lui savoir gré d’avoir appelé les parties à la «retenue» et à la «responsabilité», sa dernière sortie avait des allures de manœuvre d’intimidation. Est-ce un hasard si notre confrère, le pro-gouvernemental quotidien L’Union, s’est empressé de titrer : «Avertissement du parquet» ? Des violences ont certes eu lieu à Franceville, mais la justice ne peut soupçonner d’autres populations d’en préméditer. Sauf à faire dans le procès d’intention, elle ne peut menacer des gens sur le fondement de délits commis par d’autres. Préjudiciable à son image et à sa crédibilité, ce mode de faire ne contribue nullement à l’apaisement. Bien au contraire. Jour après jour, des «élections aux lendemains apaisés» s’apparentent à un vœu pieux.

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GR
 

3 Commentaires

  1. messowomekewo dit :

    Vous pensez sincèrement que ces gens sont prêts à perdre le pouvoir?M.PING le dit si bien, « les élections au gabon, c’est pourquoi faire?
    Ils sont en collusion avec l’ensemble des institutions du pays et vous vous imaginez qu’un candidat de l’opposition puisse un temps soit peu , être déclaré élu. Il appartient au peuple gabonais de se libérer, pas par les urnes en tout cas….
    Il y a des signes qui ne trompent pas, le code électorale qu’on révise en catimini, l’âge de la retraite qui est modifié pour contenter les agents des forces de l’ordre et comme ces gens comprennent que dalle, pour si peu ils seront prêts pour exécuter les ordres les plus sordides, sans le moindre esprit critique…

  2. Désiré NGUEMA NZONG dit :

    Bonjour à toutes et tous,

    Aujourd’hui, j’ai envi de faire un exercice mathématique. Supposons 1.5 millions de votants répartis équitablement sur 19 candidats à l’élection présidentielle, alors chaque candidat obtient 78947 voix (1500000/19), soit 5.26% des voix.

    Selon un journal français, le candidat sortant aurait gagné l’élection de 2016 avec un avantage 5500 voix (???).

    Sur une population de 1500000 votants, 5500 voix correspond à un pourcentage de 0.36%. Donc, il suffit au candidat sortant d’obtenir 5.26% + 0.36% = 5.62% pour remporter l’élection présidentielle.

    Imaginez-vous un Président de la république élu avec 5.62% des voix (moins de 10%). Il apparaitrait aux yeux du monde comme non crédible, insignifiant, etc. Comme messowomekewo, il est prêt à s’accrocher à n’importe quelle branche pour sauver son pouvoir de la noyade, même si cette branche est « un serpent » venimeux.

    So long!

  3. Serge Makaya dit :

    JE VOUS LE RÉPÈTE : A LA MANŒUVRE DE NOTRE PAYS, CE N’EST PLUS ALI CACAS 💩 BONGO (IL SE POURRAIT QU’IL SOIT ENCORE EN VIE, MAIS MÊME SI C’EST LE DOIT ÊTRE ALORS EN PITEUX ÉTAT, AUTREMENT DIT HS).CELUI QUI DIRIGE VRAIMENT LE GABON ACTUELLEMENT, C’EST LE ROITELET DU MAROC. AVEC BIEN SUR L’ACTUEL ÉPOUSE D’ALI CACAS 💩 BONGO. MAIS AUSSI L’ÉTERNEL FRANCAFRIQUE.

    LA PRÉSIDENTIELLE QUI SE PRÉPARE EST JOUÉE D’AVANCE. LE GAGNANT SERA BEL ET BIEN ALI CACAS 💩 BONGO. MAIS CELUI-CI NE FERA AU PLUS QU’UN AN AU POUVOIR. ENTRE TEMPS, OLS VONT PRÉPARER LE RIDICULE NOURREDINE BONGO ( MAROCAIN) QUI DEVIENDRA D’ABORD VICE PRÉSIDENT PENDANT UNE ANNÉE. LE TEMPS DE DE VENIR ENFIN PRÉSIDENT, APRÈS AVOIR ENCORE RAFISTOLE LA CONSTITUTION POUR FAIRE EN SORTE QUE LE VICE PRÉSIDENT SUCCEDE AU PRÉSIDENT EN CAS D’INCAPACITÉ DE CE DERNIER.

    JE VOUS LE DIS AVEC CERTITUDE : C’EST EXACTEMENT CE QU’IL VA SE PASSER. LE ROITELET A SÉJOURNÉ RÉCEMMENT CHEZ NOUS PENDANT QUELQUES MOIS POUR PRÉPARER SURTOUT CETTE ÉNIÈME MASCARADE ÉLECTORALE PRÉSIDENTIELLE. CQFD.

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