En affirmant avoir «entendu (les) appels» de ses coreligionnaires «concernant l’élection présidentielle», le président de la République botte en touche, refusant d’entendre les doutes sur son état de santé et de décliner son bilan.

Ali Bongo ne sent manifestement pas concerné par les doutes et critiques de la population. Les définissant comme des «incantations», il en fait l’apanage de l’opposition pour mieux en réfuter la pertinence. © Jeune Afrique

 

Depuis son accession à la présidence de la République, Ali Bongo se montre rétif à toute reddition des comptes. A la veille de la présidentielle de 2016, il avait refusé de faire la lumière sur son état-civil, refilant la patate chaude aux institutions. Durant le 12ème congrès ordinaire du Parti démocratique gabonais (PDG), il a usé du même procédé, affirmant avoir «entendu (les) appels» de ses coreligionnaires «concernant l’élection présidentielle» au lieu d’apporter des réponses aux interrogations de la population. C’est dire si l’homme se pose avant tout en défenseur de ses intérêts et de ceux de son parti. C’est aussi dire s’il n’a cure de l’opinion publique. C’est enfin dire s’il n’est guère disposé à se prêter à une quelconque explication.

Un réquisitoire implacable

Même s’il feint le contraire, le président de la République le sait : son état de santé suscite la controverse. Y compris entre sectateurs de son parti, ses capacités physiques et cognitives font débat. Certains se demandent s’il est toujours aux commandes du pays, s’il est à l’origine de toutes les décisions prises depuis plus de quatre ans. D’autres défendent une curieuse thèse : l’existence d’un «sosie».  Malgré les mises en scène, personne n’est rassuré. En dépit d’un zèle intéressé, nul n’a le cœur net. Pourtant, Ali Bongo continue de botter en touche, faisant mine de se porter candidat par devoir militant. En proclamant être «en forme olympique», il a cru couper court à toutes les supputations. En affirmant ne pas être «sourd», il a paradoxalement fait montre de surdité feinte, refusant de se mettre à l’écoute d’un peuple marqué par l’incident du 12 novembre 2021 : n’eut-été la promptitude d’Emmanuel Macron, il se serait certainement écroulé sur le perron de l’Élysée.

Se projetant dans le futur, le président de la République a affirmé sa volonté de «continuer de renforcer notre système éducatif, viser le quasi plein emploi pour nos jeunes, intensifier l’industrialisation de notre pays, la diversification de notre économie, consolider notre modèle social.» On peut y voir l’énoncé d’«ambitions encore plus grandes.» Mais on ne saurait occulter la réalité : au primaire comme au secondaire, l’école publique est en faillite, les parents étant contraints de scolariser leurs enfants dans le privé ; au supérieur, plus aucun bachelier ne veut poursuivre ses études au Gabon ; chez les jeunes, le taux de chômage est de 36%, l’un des plus élevés d’Afrique ; en 2021, les exportations se résumaient aux secteurs traditionnels comme le pétrole, le bois et le manganèse, respectivement à hauteur de 67%, 15% et 10% ; quant au système de protection sociale, nul besoin de revenir sur les déboires de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), désormais au bord de la banqueroute. Sectarisme partisan à part, ces données dressent contre Ali Bongo un réquisitoire implacable. En refusant d’en tenir compte, il fait montre de cécité voulue.

Le résultat de l’enfermement

Depuis 2009, nombre d’observateurs contestent les méthodes et options d’Ali Bongo, les jugeant cosmétiques et pas du tout adaptées. Depuis 2019, beaucoup cherchent à savoir s’il est encore en capacité de diriger le pays. Récemment invité à justifier le vote en faveur de son camp, le porte-parole du gouvernement a convoqué «l’espérance», se gardant de décliner un bilan. A la stupéfaction générale, le président de la République se montre moins prudent. Pour lui, «le chemin déjà parcouru est grand.» Malheureusement, cet auto satisfecit ne fait pas écho aux complaintes des populations, condamnées à payer l’électricité la plus chère de la zone Cemac (Communauté économique des Etats d’Afrique centrale) ou à parcourir la ville pour se procurer de l’eau. De même, il ne met pas fin au débat sur l’authenticité des décisions et actes administratifs pris au plus fort de la magnificence du cartel de Brice Laccruche-Alihanga.

Ali Bongo ne sent manifestement pas concerné par les doutes et critiques de la population. Les définissant comme des «incantations», il en fait l’apanage de l’opposition pour mieux en réfuter la pertinence. Or, en se contentant du confort de l’entre-soi, il élargit les lignes de fracture entre la société et lui. Entre les risques inhérents à son état de santé et un bilan introuvable, sa candidature serait le résultat de l’enfermement. Il y a 14 ans, il promettait de n’être «heureux que lorsque chaque Gabonais sera heureux». A l’épreuve des faits, il renonce à cet engagement solennel. Comment s’étonner ensuite de la défiance populaire vis-à-vis des institutions ? Comment garantir le vivre-ensemble dans un tel contexte ?  La balle est dans le camp du PDG…

 
GR
 

3 Commentaires

  1. messowomekewo dit :

    Ces gens n’ont plus rien à proposer au pays. Ils ne font plus rêver les jeunes; là c’est très grave. aussi longtemps qu’ils seront aux commandes de notre pays, il n’en sortira rien de bon, leur ambition est rester là et profiter le plus longtemps possible, aidés en cela par une armée clanique.
    ceux qui pensent qu’ils cèderont un jour le pouvoir se trompent lourdement, toutes les dispositions sont prises pour confisquer le pouvoir avec notamment le concours de l’armée clanique . Seule la pression de la communauté internationale peut nous aider, il faut pour cela que celle ci participe aux processus électoraux, sinon les mêmes pratiques vont engendrer les mêmes résultats…

  2. Malho dit :

    Il faut buter tous les pédé-gistes écervelés à la con. Il faut que les gabonais arrêtent d’être naïfs. Tout le monde sait que pour se débarrasser de cette merde du pdg, il faut faire couler le sang et donc les envoyer ad patres. Ce pays a déjà trop souffert à cause de ces cons du pdg. Un parti qui n’a aucune idéologie. des gens qui pensent que pour réussir au gabon, tout le monde doit donner ses fesses, même pour entreprendre il faut donner ses fesses,pour travailler il faut donner ses fesses; c’est quoi ces dirigeants ? Il est temps que la population lynchent ces cons du pdg.

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